Nom de code: Capitaine Aime-ton-Mou! Sa mission? Dédramatiser le mou! Ses armes secrètes? Sa supervoiture auto-dérision, son costume de superhéroïne totalement kick-ass et bien sûr, son grand coeur!
Dans un monde où la beauté, la minceur et la jeunesse sont des attributs nécessaires à une vie presque heureuse, il est bon de savoir que quelqu’un est là pour défendre nos imperfections et nous protéger contre le doute et l’anxiété. Comment? Par la thérapie du rire, voyons! Pour sa première oeuvre de fiction, Guylaine Guay nous propose d’entrer dans sa nouvelle «révolution adipeuse» avec sa toute nouvelle bande dessinée plus que colorée Capitaine Aime-ton-Mou contre les ténèbres du suif, illustrée magistralement par l’artiste Boum. Parce qu’après tout… Mou is the new sexy!
Guylaine, d’où t’est venu l’idée de créer le personnage de Capitaine Aime-ton-Mou?
Dès l’adolescence, je rêvais un jour d’être une super-héroïne. Puis, il y a quelques années, je voulais mettre un blogue au monde, mais je me suis vite rendu compte que c’était beaucoup trop de travail et que ça ne fitait pas avec mon planning occupé! Avec le temps, en combinant ce désir de vouloir être une héroïne et celui d’aborder «Aime ton mou» sous un nouvel angle, eh bien le Capitaine Aime-ton-Mou a vu le jour! Il y a environ trois ans de ça, j’ai commencé à mettre des idées sur papier, puis j’ai rencontré mon éditeur, Martin Balthazar, chez les Éditions La Bagnole, qui a adoré le projet… Il ne restait qu’à trouver quelqu’un pour l’illustrer, qui est quand même une partie très importante d’une bande dessinée (rires)! On a fait des recherches, j’ai rencontré des gens, puis j’ai vraiment cliqué sur Boum, mon illustratrice, qui comprenait bien, qui cernait bien le propos. C’est là qu’a commencé l’aventure complète, c’est-à-dire l’idéation, le texte et l’illustration. On a commencé ça il y a un an et demi environ. Puis là, la bande dessinée a enfin vu le jour!
Dans le fond, tu as créé la BD pour nous faire rire et nous faire apprécier notre mou, qu’il soit petit, gros ou extra gros!
Exact! On en connaît toutes, des filles qui ont peut-être 10-15 livres de trop… et je ne veux pas faire une hiérarchie du mou, tu comprends. Le mou, c’est le mou! Le mou nous fait vivre des choses, à chacun et à chacune d’entre nous. C’est sûr que le personnage principal, c’est moi, et il a beaucoup de mou! Je suis sur la page couverture du livre et j’ai le costume de Capitaine Aime-ton-Mou dans la vraie vie… et ça ne cache pas grand-chose, hein! Je peux te le dire, ça fait très révélateur (rires)! Elle est en collant or! Mais oui, c’est vraiment pour tout le monde. Il n’y a pas de discrimination de mou!

Avec tes histoires dans le livre, on comprend que tu défais certains préjugés ou idées préconçues sur les personnes plus grosses. Avec l’histoire que le Capitaine lit aux enfants, avec les personnes plus vieilles à la plage, etc.
Je pense que c’est mon histoire préférée, les vieilles à la plage (rires)! Celle-là, quand je l’ai écrite, je riais toute seule! Il y a le fait d’être vieille, d’être molle, et tout ça… On dirait que dans notre société, en 2018, c’est encore mal vu d’être mou et d’être vieux, alors j’avais envie d’inclure tout ça, toutes les catégories d’âge. Boum a fait un beau travail aussi à incorporer toutes sortes de diversités de personnages, de différentes nationalités, etc. Donc, on voulait ça bien open! Puis, c’est sûr que toutes les histoires racontées dans la bande dessinée ont de petites… je ne veux pas dire morales, mais dans chaque histoire, il y a un fond de vérité: je les ai toutes vécues à un moment ou un autre de ma vie, parce que j’ai 50 ans et parce que j’ai pas mal d’expérience de molle (rires)! J’aborde ça avec humour, avec autodérision. En même temps, l’histoire de la madame qui a peur de la banquette, il n’y a pas une grosse qui n’a pas pensé à ça un jour en rentrant dans un restaurant: «Je rentre-tu dans la banquette?». C’était pour illustrer de façon ludique ce quotidien-là qu’on vit quand on est plus grosses!
Ça m’a vraiment fait rire justement la fameuse «banquettophobie» (la peur de ne pas rentrer dans une banquette), qui découle d’une expérience traumatisante avec une banquette (rires)!
On en vient à les haïr ces fameuses banquettes dans les restos, à les redouter, à en faire une fixation… c’est triste! La dame dans la BD ne sort plus de chez elle tellement elle en a développé une phobie et son mari s’ennuie d’aller manger des bons ribs à la Cage avec elle. Finalement, ma madame liche la banquette… il y a tout un processus de création (rires). C’est ma première fiction, Capitaine Aime-ton-Mou, parce que les livres que j’ai écrits avant, ce sont vraiment des récits autobiographiques. Puis là, je me suis payée la traite! Pour moi, ça a été une révélation, d’écrire de la fiction! Je m’enligne vers ça pour le futur, c’est excitant! J’ai un imaginaire très absurde, très imagé, très coloré. C’est vraiment une chance extraordinaire d’exploiter cette partie-là de mon cerveau, qui est très très effervescente. J’ai déjà une vingtaine d’histoires supplémentaires d’écrites! Je suis prête pour une série. Tout mon vécu, c’est riche (rires)!
On comprend donc que c’est le premier tome d’une série?
J’aimerais ça! La BD interpelle, parce que ce n’est pas tous les jours qu’on parle de nous, les toutounes, avec joie! Je te dis en exclusivité que je suis allée en studio et que j’ai composé une chanson… on va sortir une vidéo un peu dance du Capitaine! À vrai dire, ça va sortir en même temps que le Salon du Livre de Montréal. Hier, j’étais en studio, et je suis allée enregistrer la chanson de Capitaine Aime-ton-Mou et ça me fait capoter de bonheur! Je voulais que ce projet-là soit porteur de joie, qu’il soit porteur de «let’s go, les filles, on l’aime notre mou!». Je ne veux pas vivre tout le temps en me disant que si je perds 30 livres, je vais être heureuse. Parce que je n’ai plus le temps, moi, je suis rendue vieille! Ce projet-là est du gros bonheur en condensé et je pense aussi qu’il va être reçu comme ça… et quand les gens vont me voir en costume au Salon du Livre de Montréal, ils vont bien comprendre que je suis là pour avoir du fun!
Est-ce que tu penses qu’à un certain degré, tu pourrais faire des conférences, si la BD est prise dans des écoles?
Ah, j’aimerais ça, c’est sûr! C’est drôle, parce que j’ai une amie de longue date qui est professeure au secondaire et certains de ses élèves ont lu la bande dessinée et ils ont ADORÉ ça! J’étais surprise… Je pensais vraiment m’adresser à des femmes de mon âge ou entre 30 et 60 ans. Je me rends compte que les plus jeunes aussi aiment ça, parce que ça les touche, ça les fait rire. Des superhéros toutounes, il n’y en a pas des millions quand même. J’espère que ça va ouvrir la porte à plein de beaux projets. Quand on sort un livre, on ne sait jamais ce que ça va donner. Je pense que je peux être la première à dire ça, quand on pense que mon livre Deux garçons à la mère est devenu la mission de la Fondation Véro & Louis et qu’on construit des maisons pour des adultes autistes; ça part d’un livre… On ne connaît jamais la portée de nos écrits. Capitaine, je lui souhaite une belle longue vie heureuse et surtout que les filles et les gars s’enlèvent un peu de poids sur leurs épaules, se donnent le droit d’être heureux même s’ils ont quelques livres en trop. La vie est belle!
On parle beaucoup de diversité corporelle et d’acceptation de soi ces temps-ci et ta BD aborde non seulement ces deux sujets, mais sensibilise aussi à l’estime de soi!
Je n’ai jamais été une fille très à la mode, mais ça a l’air que je sors des livres qui arrivent toujours dans un moment où le sujet est plus tendance. Ce n’était pas voulu, ce n’était pas prévu, mais évidemment qu’en ce moment, il y a eu l’apparition du mot «grossophobie», il y a eu beaucoup de tribunes à propos de ce sujet-là. Alors, écoute, je suis très contente de faire partie du mouvement et de faire ma part pour ça, bien humblement, et de fermer le clapet à ceux qui jugent, à ceux qui nous donnent toujours des conseils, pour qui notre santé est donc importante. Je pense qu’on est les premiers à prendre notre santé au sérieux. Donc, je ne suis pas gênée de faire partir de ce mouvement-là!
Dans ta BD, Capitaine Aime-ton-Mou a fondé avec son amie Rollande une compagnie d’aide aux personnes dodues en difficulté. Est-ce que tu penses que c’est un besoin qui devrait exister aussi dans la vraie vie?
Écoute, en l’écrivant, c’était assez loufoque! Mais à bien y penser, je pense notamment aux jeunes… J’ai été monitrice de camp de vacances toute ma jeunesse et j’ai aidé beaucoup d’enfants et d’adolescents dodus à accomplir des activités qu’ils n’avaient jamais faites. Je me rappelle d’une fois où j’avais aidé une fille en ski de fond, une fille dodue qui pensait qu’elle n’était pas capable de se rendre au bout du sentier, et j’étais à côté d’elle, je faisais du ski avec elle… J’ai ça en moi. Ce que vous lisez sur le capitaine dans la BD, c’est moi. J’ai fait ça pas mal toute ma vie! Je trouve que parfois les gens ronds, douillets, sont sous-évalués, sous-estimés. Des fois, on nous attribue des étiquettes comme quoi on est paresseux, on est lâches, on n’a pas de volonté. Ça me choque, parce que ce n’est pas vrai! Je ne comprends pas pourquoi on s’est fait attribuer ça exactement, mais bon. C’est comme ça! Quand ma vidéo dance va sortir et que les gens vont me voir me shaker les bourrelets, je pense que ça va faire la job (rires)! Juste ça, ça va être thérapeutique!
Ton héroïne se promène dans sa voiture auto-dérision! À quel point ça en prend pour sortir cette BD-là?
C’est sûr que… je me donne là! Dans le sens où on ne m’a pas imposé de me promener en costume. C’était une condition! Quand j’ai signé mon contrat, j’ai dit que je voulais un costume et que je voulais l’incarner, ce personnage-là. Oui, ça prend de l’autodérision, mais pas trop… L’autodérision vient alléger le tout, dédramatiser. Je ne suis pas gênée d’utiliser cette arme-là pour mieux faire comprendre mon message. Mais je ne me sous-évalue pas, par exemple! Je ne suis pas en train de me taper sur la tête, ni sur le bourrelet! Je m’aime pour vrai et j’ose espérer que, utopiquement, tout le monde s’aime! Et qu’il n’y ait pas de guerre entre les grosseurs. Un jour, peut-être que ça n’existera plus les tailles fortes! On va peut-être faire partie des tailles de tout le monde! J’ose espérer… en tout cas, je ne serai peut-être pas là pour vivre ça, mais j’aurai participé à ma façon à la révolution adipeuse!
As-tu d’autres projets qui s’en viennent?
J’ai un livre pour enfants qui va sortir au printemps. Ça aussi, c’est nouveau pour moi. Je travaille avec Orbie, qui est une illustratrice chevronnée dans le monde jeunesse. Ça va s’appeler Clovis est toujours tout nu! C’est vraiment bon et évidemment, on parle de la différence, mais sans jamais la nommer. Ça sera un petit bijou de livre, si je peux me le permettre! Ça va parler un peu de mon expérience avec mes enfants. Le personnage principal, c’est Clovis, plus jeune évidemment… vers l’âge de 3-4 ans. Ça aussi, j’espère que ça deviendra une série. Donc, tu vois, je m’enligne vraiment vers la fiction, tranquillement… L’imagination, ce n’est pas ça qui manque (rires)! Je devrais être correcte pour en sortir une couple d’ici quelques années!
Capitaine Aime-ton-Mou, qui paraît aux Éditions de la Bagnole, est disponible dès maintenant sur le web (22,95$) et en librairie!
Guylaine sera au Salon du livre de Montréal cette semaine. Voici son horaire:
- Dédicaces Dame Mature
Jeudi 15 novembre: 17h à 18h et 19h à 20h30
Samedi 17 novembre: 17h à 18h30
Dimanche 18 novembre : 10h à 11h30 et 13h30 à 15h - Dédicaces Capitaine Aime-ton-Mou
Vendredi 16 novembre: 12h30 à 14h et 19h à 20h30
Samedi 17 novembre: 10h à 11h30 et 13h30 à 15h - Autres activités
- Jeudi 15 novembre de 16h à 16h 45: Table ronde Le poids, et si on s’en balançait?, animée par Sophie Bérubé et en compagnie de Catherine Sénécal, Dïana Belice et Julie Artacho.
Scène de la Grande Place - Samedi 17 novembre de 16h30 à 17h: Rencontre croisée Ode à la différence avec Annie Brocoli.
Animée par Marie-Claude Barette sur la scène de la Grande Place.
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