Je ne sais pas pour vous, mais la caresse d’un vent frais chargé d’embruns iodés, ça me parle plus que les effluves de transpiration non sollicités en pleine canicule montréalaise… Trève de mauvaise foi, c’est une tradition transmise par ma regrettée mère: chaque année, il faut que j’aille me déposer devant le fleuve, là où il devient si large qu’on distingue à peine l’autre rive.
Et comme je suis trèèès gourmande, je planifie toujours les arrêts sur mon itinéraire en fonction de ce je DOIS manger. Oui, certains de mes amis me qualifient d’obsédée de la bouffe. Voici quelques-unes de mes adresses préférées, et de nouvelles que j’ai découvertes cette année.
Les meilleurs pitas
Je triche un peu, car la bien-nommée Saint-Jean-Port-Joli ne fait pas partie de la région du Bas-du-Fleuve, mais d’une autre que je chéris aussi, Chaudière-Appalaches. C’est que mon premier arrêt est invariablement à La Libellule resto convivial. Je dois cette tradition à un de mes ex, qui m’a fait découvrir ses pitas farcis et grillés, juste assez craquants, garnis de laitue Iceberg, cheddar fondant et mayo maison. Il faudrait que j’élargisse ma palette, mais je prends toujours le même: le Végé tofu mariné au gingembre et à l’érable. Comme il est indiqué sur le menu, leurs pitas sont vraiment «inégalables». Tout comme leur limonade aux fraises.
Du bêêêêê bon fromage
Comme je séjournais à la charmante Auberge du Grand Fleuve, à Métis-sur-Mer, et que les chambres y sont pourvues d’un petit frigo, j’avais prévu d’acheter quelques victuailles pour mes apéros en tête-à-tête avec monsieur le fleuve. J’ai repéré sur ma route la fromagerie Le Mouton Blanc, établie depuis 2004 à La Pocatière. J’ai jeté mon dévolu sur la Tomme du peuple réserve, à base de lait de brebis cru et vieillie un an, et la Tomme du Kamouraska, à base de lait de vache cru. Meuh-iam!
La nouvelle table de Marie-Fleur
Quand j’arrive dans les environs de Kamouraska, il me faut toujours faire des choix, car c’est un petit paradis pour les foodies. Ce ne sera visiblement pas cette année que j’essayerai Côté Est et sa buvette, car après moult hésitations, j’ai opté pour l’Hôtel Victoria, de la cheffe Marie-Fleur St-Pierre, à Saint-Pascal-de-Kamouraska. Elle y concocte une cuisine bistro en formule plats à partager. J’y ai partagé avec moi-même un excellent tartare de côte de bœuf agrémenté de chips, généreux en câpres et surmonté d’un jaune d’œuf si beau qu’il m’a presque fait de la peine de le crever, accompagné d’une foccacia croustillante à souhait.
Saucissons fous
Il fallait quand même que j’aille à Kamouraska pour faire le plein de victuailles à une de mes adresses préférées, Le Jardin du Bedeau, dont Marie-Fleur et Christian Curieux Bégin sont copropriétaires. En tant que grande fan de cretons, les leurs me faisaient de l’œil (rien qu’à voir, on voyait bien qu’ils étaient parfaits), mais comme le petit déjeuner est fourni à ma super auberge, je me suis ramenée à la raison, c’est-à-dire à mes apéros sur la rive. Je savais qu’ils tenaient les fameux saucissons biologiques lactofermentés avec pas de nitrites de Fou du cochon, qui va d’ailleurs ouvrir une boutique à l’automne 2025 à Saint-Pascal-de-Kamouraska (décidément, ce village fera partie de mes nouveaux trajets). Et qui dit apéro dit saucisson, non? Eh bien allo, leur Grelot des battures est monté directement au sommet de mes cochonnailles favorites! Avec ses notes de gingembre et de persil de mer, récolté sur les rives du fleuve par les Jardins de la mer, il est à se pitcher par terre – et a d’ailleurs été récompensé en France, pays de la charcuterie! Avec un petit sac de croustilles sel et sumac signées Miett, j’avais tout ce qu’il me fallait pour être heureuse.
Gin-tu la vie comme moi?
Oui, je suis aussi amatrice de jeux de mots douteux. Et de gin. J’ai donc quitté la 132 pour me diriger non loin, à Mont-Joli, question de faire un saut à la Distillerie Mitis. J’aime le fait que son équipe mette en valeur les ingrédients de la région, comme les baies d’argousier, le poivre des dunes et le pin montagnard dans son Gin Mungo, lequel est récolté directement dans Les Jardins de Métis. Je suis aussi repartie avec du sirop de pin mungo et des sodas tonics Kwe, que la distillerie est la seule à tenir dans la région. Et je me suis concocté un gin tonic boréal que j’ai siroté devant un coucher de soleil. Le. Bonheur.
Gastronomie fleurie
Depuis que j’ai goûté à la divine cuisine du chef Frédérick Boucher au restaurant Villa Estevan Lodge, en plein cœur des Jardins de Métis, l’an dernier, j’en suis devenue une inconditionnelle. Le lieu – qui a été la résidence de villégiature d’Elsie Reford, créatrice des jardins – est aussi magnifique que le sont les assiettes. Lors de mon passage, le menu quatre services selon l’inspiration du chef, qui récolte plusieurs ingrédients sur place, comprenait une exquise tarte au parmesan, concassé de tomates, rhubarbe lactofermentée surmontée d’une émulsion de fromage Rayon d’or et une sublime panna cotta à la livèche et au mélilot. J’ai failli lui demander de m’épouser! Et que dire du service, impeccable?
Je suis allée digérer ce merveilleux dîner en parcourant les jardins et les œuvres du Festival international de jardins, qui fête son 25e anniversaire cette année. Je vous recommande de télécharger le balado Les fabuleux jardins d’Elsie Reford, narré par Marie-Thérèse Fortin, pour en apprendre davantage sur cette femme fascinante, qui a commencé à créer cet endroit à 54 ans et a réussi à y faire pousser lys, azalées, gentianes, érables rouges du Japon et pavot bleu!
GELATOs boréaux
Tout près de mon auberge, l’enseigne Atelier culinaire Pierre-Olivier Ferry m’intriguait. On y trouve pain, viennoiseries, mets préparés (la bisque au homard est délicieuse), gelatos et sorbets aux ingrédients d’ici. Me dévouant pour vous les faire découvrir, j’ai commandé pas moins de trois parfums de boules glacées: lactaire à odeur d’érable (un champignon qui goûte le biscuit à l’érable!), comptonie voyageuse (genre de fougère aux arômes de thym et d’eucalyptus) et miso de pain, fermenté sur place par le chef. Verdict: WOW! La prochaine fois, j’essaie cèdre et miel, rose sauvage et gin citrus (celui-ci est fait avec le gin du même nom de la Distillerie Mitis). Si vous connaissez les superbes produits de la Chasse-Marée, sachez que leur petit nouveau, le sébaste, est mis en conserve suivant une recette de Pierre-Olivier!
Poutines et guédilles de la mer
Bien sûr, une virée dans le Bas-du-Fleuve n’en serait pas une sans un arrêt à Sainte-Flavie, où deux cantines, de même que l’emblématique Capitaine Homard, attirent les foules. Avec ma mère, on s’arrêtait toujours à la Cantine Sainte-Flavie pour déguster une guédille au crabe des neiges. Le rapport quantité de crabe-prix (23 $) est imbattable, et l’endroit reste dans mes incontournables parce que lié à ces escapades mère-fille.
À la Cantine des navigateurs, j’adore le décor constellé de pensées comiques «inspirantes», la poutine et les clubs au homard et la vue sur le fleuve. Il faudrait bien que j’essaie le fish n’chip, car il est chaudement recommandé.
Pour dépenser ces plats typiques, je suis allée parcourir les sentiers du Parc de la rivière Mitis. Dans le Sentier du cap, on croise un banc façonné à même un énorme tronc, duquel on a une vue sur un gros rocher émergeant du fleuve. J’ai appris que les oiseaux qui y nichaient sont des cormorans, qui y font sécher leurs ailes.
Pizza oh la la
Je me devais aussi d’arrêter à la Pizzéria des battures, vantée par beaucoup sur Instagram. Et j’ai compris pourquoi! D’abord, le lieu: un ancien presbytère avec vue imprenable sur le fleuve, une terrasse couverte et une véranda aux vitres anciennes. Et ensuite, les pizzas napolitaines cuites au four à bois: absolument délicieuses! À l’image des autres plats du menu, comme la salade césar et l’affogato. D’ailleurs, il y a une crèmerie attenante. Une excellente façon de conclure mon petit road trip dans le Bas-du-Fleuve.
Et parlant de gourmandise, avez-vous essayé cette recette aux herbes salées du Bas-du-Fleuve?