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Cleo Vermij/Unsplash

Chic, vulgaire ou quétaine: qui est la femme léopard?

Dans les magazines, on suggère comment l’intégrer, on le case éperdument comme in ou comme out, mais il part et revient avec les décennies sans jamais vraiment changer dans la façon dont on le perçoit, sur les autres ou sur soi…

Que cache le motif léopard, et que nous dit-il sur celles qui le portent ?

Dans l’histoire de la mode

Autrefois, les peaux d’animaux se faisaient réelles et étaient portées en étoles sur les dignitaires des hautes sphères, démontrant leur statut, leurs moyens financiers permettant une expédition en safari là où les peaux de zèbres, tigres, guépards et autres foisonnaient. Est arrivée ensuite autour des années 1930 la commercialisation des tissus synthétiques et là, les tissus à motifs sont devenus à la portée de n’importe qui, même les moins nobles. Le léopard devint, pour sa première des nombreuses fois, vulgaire, au sens de commun.

Entre glamour et tape-à-l’œil

Les années 1930 coïncident aussi avec l’âge d’or d’Hollywood, l’expansion des premiers journaux à potins, de photographies distribuées de stars aussi énigmatiques que sophistiquées. Myrna Loy et Jean Harlow, les actrices au top à ce moment-là, apparaissent à des premières de film et sur photos en manteau, robe, et hauts avec le célèbre motif, leur conférant une allure féline, féminine, risquée.

Jean Harlow

La femme de mauvaise vie

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, on subit une «austérité mode», les femmes se joignent à la main-d’œuvre industrielle, les vêtements se font fonctionnels, simples, rigides. Le léopard, sinon mis de côté, est tranquillement relayé aux artistes de cabaret, à celles qui vivent la nuit. L’actrice et première Catwoman Eartha Kitt et la pin up Bettie Page sont deux des égéries léopard les plus connues des années 1950. Puis en 1967, le film The Graduate met en scène la fameuse Mrs. Robinson, une femme adultère qui séduit un étudiant de l’âge de sa fille, campée par Anne Bancroft, qui porte presque exclusivement des motifs animaliers, connotation à son appétit de féroce prédatrice. Non seulement le léopard continue de «perdre des plumes», mais il est maintenant associé à une féminité désespérée, à une femme mature ne sachant pas reconnaître son propre chant du cygne.

Eartha Kitt. Photo: Etsy.

La révolution tachetée

Moins de dix ans plus tard, toutefois, le motif renaît en patchs recousus sur les manteaux de cuir des punks du Royaume-Uni. Gars comme filles l’agencent avec un mohawk et des épingles à couches. Le léopard est maintenant vu comme alternatif, excentrique, excitant, et se voit sur scène sur Sid Vicious et Debbie Harry.

Sid Vicious. Photo: Peter Gravelle.

À la télévision

Avec l’arrivée de MTV dans les années 1980, les artistes sont plus que jamais dans l’œil du public. Les rockers l’arborent encore, comme Mötley Crüe, et la comédie télé Married With Children présente Peg Bundy, la «mauvaise mère typique» arborant souvent un style léopard. Dans les années 1990, un nombre élevé de séries policières ont maintenant réflexe de toujours montrer les figurantes travailleuses du sexe arrêtées au poste de police avec un éternel manteau léopard. Pour couronner le tout, les deux plus grandes bad girls du showbiz, Courtney Love et Kate Moss, en font l’un de leur uniforme fétiche. Le léopard est là pour être vu, pour sortir du moule.

Kate Moss en 1999. Photo: Shutterstock.

En mouvance continue

Les années 2000 marquent le début de l’accélération des cycles de mode tels qu’on les connaît aujourd’hui. Un jour, le léopard est out et quétaine quand c’est Snooki de Jersey Shore qui le porte, mais le lendemain fancy à nouveau quand c’est Dita Von Teese qui pose en lingerie tachetée. D’ailleurs, l’artiste burlesque et autrice Jo Weldon a consacré un livre complet à l’histoire du motif léopard, Fierce: A History of Leopard Print, dans lequel elle retrace avec beaucoup plus de détails la signification et le regard qu’on porte sur les femmes «léopardées».

Dita von Teese et sa robe seconde peau en dentelle façon léopard, 1990. Photo: Shutterstock.

Au Québec, tachetées aussi…

Au Québec, le léopard habille ses femmes et personnages aussi. Samantha, la barmaid délurée aux pantalons léopard dans Veille sur moi, campée par Karine Gonthier-Hyndman, une femme libre et décomplexée qui dit tout haut ce qu’elle pense. Catherine, la jeune héroïne, adolescente rebelle du film La déesse des mouches à feu, interprétée par Kelly Depault, agence ses Doc Martens avec un manteau léopard. Et j’ajouterais, quasi timidement, la couverture de mon livre, S’aimer ben paquetée, où j’ai suggéré à la maison d’édition L’instant même que pour illustrer mon récit personnel de l’alcoolisme à la sobriété, le manteau léopard que j’ai longtemps arboré serait parfait pour illustrer cette femme comme tant d’autres racontées que je suis, qui a osé sortir des lignes un peu, et voulu du moins, affronter de pleine face toutes les épreuves de la féminité… sans perdre une once de style!

En somme, le léopard est là pour rester, mais restera toujours polarisé. Et c’est surtout là l’essence, je crois, de son importance dans nos garde-robes. À vos manteaux et accessoires!

 

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