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Entre tendances et résistance, la mode parle!

Office siren, quiet luxury, mob wife, cottage core, coastal grandma – les micro-tendances se multiplient en matière de mode, et ce, plus rapidement qu’auparavant, il me semble. Au point où c’est parfois difficile de savoir ce qui est en vogue et ce qui ne l’est pas. 

On peut y voir un objectif consumériste des compagnies voulant nous faire renouveler perpétuellement notre garde-robe, ce qui peut donner envie de tout rejeter en bloc. Mais c’est aussi un fil d’histoire qui est tracé, d’une mouvance à l’autre, illustrant ce que les femmes ont voulu dire, afficher, revendiquer avec leur coiffure ou leur tenue. 

Faisons un petit tour d’horizon des cent dernières années pour voir, derrière les modes les plus marquantes, le message porté par les femmes qui les ont adoptées.

Les années 1920: le bob

On attribue la popularisation de la fameuse coupe au carré au premier «coiffeur des stars», Antoine de Paris, qui se serait inspiré de nulle autre que Jeanne D’Arc en dégageant les nuques. Jusque là, les femmes avaient préféré longtemps le cheveu long, par tradition. Mais la popularité et le côté pratique d’une coupe courte, comparativement à une masse de cheveux qu’il fallait toujours coiffer, enrouler, bien soigner a remporté la faveur d’abord des plus audacieuses. Coco Chanel, Sarah Bernhardt, Greta Garbo, Louise Brooks ont été les étendards célèbres du bob, encore mal vu à ce moment-là en société. 

En effet, porter le cheveu court pour une femme était associé à un rejet des traditions, une ressemblance aux flappers, ou garçonnes, qui elles ne portaient plus le corset, mais des robes lousses dévoilant la jambe pour danser. Surtout, c’était une affirmation choquante de modernité.

On raconte même que les épouses, sachant qu’elles n’auraient pas l’accord de leur mari pour se couper la tignasse hauteur mâchoire, faisaient exprès de passer leur tête aux longues boucles edwardiennes un peu trop près des chandelles de la maison. Hélas, un bête «accident» les «obligeaien » dorénavant à adopter le cheveu court secrètement convoité.

Louise Brooks. Photo : John Springer Collections

Les années 1950: le jean

En Amérique, les femmes dont on avait sollicité l’aide à l’effort de guerre en usine avaient expérimenté le confort du pantalon de travail. Plus confortable que les jupes, robes et autres apparats demandant crinolines et gaines, le jean de denim, ou un pantalon de coton – avec des poches! – était en soi une révolution. Mais comme ce vêtement était jugé trop masculin, on incitait ces dames à conserver leur allure féminine, maternelle et docile en optant pour des tenues… restreignant leur liberté de mouvement. 

C’est grâce en partie à des femmes comme Katharine Hepburn, déjà star du grand écran depuis les années 1930, qu’on s’est habitué à voir des femmes en pantalons. On dit que l’actrice, sommée de se changer en jupe sur un plateau, aurait simplement enlevé son usuel pantalon, en une boutade lancée à son producteur, et poursuivi sa journée en sous-vêtements jusqu’à ce qu’on lui cède le droit de le porter. Tenir tête aura servi les tendances qui allaient suivre…

Photo : Bettmann

Les années 1970-1980: fille ou garçon?

Avec la liberté sexuelle qui flotte sur les années 1960-1970 et l’avancement des droits des femmes, on voyait de nouveaux visages s’épanouir. D’un côté, le retour au naturel, de belles hippies, poils aux aisselles, sans soutien-gorge, cheveux pas peignés, sans maquillage et libres. De l’autre, des hommes chanteurs de rock aux cheveux longs, aux chemises à jabots, pantalons moulants, portant maquillage et bijoux.

Bref, une libération sur fond de disco et d’amour libre. À cette époque, si vous trouviez l’allure des jeunes choquante, c’est que vous étiez un vieux, c’est vous qui n’étiez plus dans le coup! Films expérimentaux, psychédéliques, Jane Birkin, David Bowie sont de ces stars qui ont joué avec l’image androgyne.

Photo : Brian Duffy

Les années 2000: les tatouages

Autrefois réservés aux prisonniers et marins, les tatouages ont commencé à devenir monnaie courante sur les corps des jeunes alternatifs. S’il s’agissait jusqu’ici d’une ancre de bateau, d’un tribal, une rose ou une tête de mort par-ci par-là, c’est vraiment dans les années 2000 qu’on a popularisé la «manche», soit un bras complètement recouvert de dessins à l’encre. Des tatouages sur la gorge, au visage, au ventre, aux doigts, aucun espace n’est sacré. Kat Von D, tatoueuse populaire ayant eu sa téléréalité, a été une des premières à s’afficher aussi encrée à l’écran. Si au départ son allure était choquante, marginale, aujourd’hui, on ne se retournerait pas deux fois sur une barista affichant le même nombre de dessins sur la peau!

Photo : Jason Merritt

Les années 2020: la libérale aux cheveux bleus

Un terme adopté par des «anti-progressistes» est celui de blue haired liberal, soit une femme qu’on dépeint comme une perpétuelle offusquée, qui souhaite l’inclusion de toutes les minorités ostracisées possible (fou raide, n’est-ce pas?). L’expression vient d’un constat que, chez la plupart des personnes arborant une couleur de cheveux flash, un look différent, des piercings alternatifs, ces marques rejoindraient les valeurs gauchistes anti-traditionnelles. 

Certaines femmes ayant des tribunes d’importance, comme l’artiste Julia Fox, se jouent consciemment des standards, en allant directement à contre-courant de ce qui serait considéré joli ou plaisant pour le male gaze, ce fameux regard masculin. Connue d’abord pour son rôle de «la jolie fille dans le film Uncut Gems», la provocante idole des marginaux n’a pas attendu avant de bleacher ses sourcils, arborer des tenues extrêmes, barbouiller ses yeux de khôl jusqu’au front afin de vraiment créer une discordance entre le «produit» qu’elle sentait être devenu et la personne qu’elle sentait être vraie, en accord avec son identité évolutive. 

Photo : RACHPOOT/BAUER-GRIFFIN

En 2025

Le 4 mars dernier, des politiciennes se sont vêtues de rose lors d’une séance du Congrès pour montrer leur désaccord envers les politiques de l’administration Trump, faisant écho aux milliers de bonnets roses portés lors de la marche des femmes à Washington en 2017, qui coïncidait alors avec le premier mandat du président. Depuis 2020, cette couleur est associée aux protestations dans la sphère politique.

Et le 8 mars dernier, c’est le rouge qu’on a vu dans les rues du monde entier, lors des rassemblements de la Journée internationale des droits des femmes. Incluant celle à Montréal, lancée par Mères au front, qui a interpellé tant citoyennes qu’artistes, militantes et femmes publiques du Québec, qui se sont dites terrifiées face au recul constaté des droits civiques des femmes dans le monde.

Photo : Women’s wear daily

Quoi porter pour la rébellion?

Plus que jamais, sur nos fils d’actualité, nous voyons ce que les autres portent, ce que les boutiques ont à vendre, mais aussi le style de vie qu’ils proclament. Qu’on soit, au fond de notre cœur, une casual girlie ou une biker girl, une pink Pilates princess ou une je-porte-bien-juste-ce-que-j’ai-envie-voyons-donc-mon-style-n’a-pas-de-nom, ou qu’on s’accroche encore à notre éternel léopard comme dans mon cas, l’important est de se rappeler qu’il n’en tient qu’à nous de résister aux mouvements de masse, ou d’y puiser des morceaux d’identité qui nous ressemblent, et de ne danser qu’au rythme qui nous convient, cheveux courts ou longs, en jupe ou en jean, pour continuer d’avancer vers le chemin qui nous semble le bon!





 







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