Une visite surprise de Sophie Grégoire, c’est oui, MERCI!
Dans le cadre de la Journée internationale des femmes, Léa Clermont-Dion, Québec contre les violences sexuelles et Je suis indestructible ont décidé d’unir leurs forces afin de créer un spectacle-bénéfice en appui aux organisations qui luttent contre les violences sexuelles et qui célèbrent les personnes survivantes.
«C’est une soirée remarquable parce qu’on rassemble plus de 800 personnes pour célébrer les survivantes, les victimes d’agressions sexuelles, qu’elles aient dénoncé ou pas. On le fait parce qu’on trouve qu’on a beaucoup axé sur le négatif dans les dernières semaines, à l’automne particulièrement, donc on veut que ça soit positif ce soir! Non seulement ça, mais on veut également remettre tous les fonds à des organismes de Montréal qui travaillent afin d’éliminer le problème des violences sexuelles. Le but est de se rencontrer et de dire «Et maintenant? ça continue…», on continue les initiatives aujourd’hui! On continue à en parler. Mais aujourd’hui, il y a une campagne nationale qui a été lancée avec les associations étudiantes, les regroupements de femmes. Il va y avoir une consultation citoyenne à travers le Québec sur les violences sexuelles, mais aussi une campagne du coeur jaune, qui va s’appeler Consensus. Parce qu’on pense que ça fait consensus qu’aujourd’hui les violences sexuelles, c’est assez. On veut aller de l’avant tous ensemble pour la suite des choses. Donc, c’est vraiment le but de la soirée», me confiait Léa Clermont-Dion quelques minutes avant le début de la soirée.
Sortir la sexualité des zones grises
La soirée Consensus, qui s’est déroulée mercredi soir au Club Soda, a été ponctuée de prestations de Dear Criminals, Elisapie, Karim Ouellet, La Bronze, Ines Talbi, Dear Denizen, Natasha Kanapé Fontaine, Catherine Éthier, Safia Nolin et Frannie Holder de Random Recipe : «On était contents d’avoir Safia Nolin avec nous ce soir, parce que c’est une femme qui se tient debout malgré l’adversité. J’étais vraiment heureuse aussi d’avoir des gars, c’est important d’en inclure dans tout ça… des gars alliés, c’est nécessaire!», ajoutait Léa.
Dans la foulée de #moiaussi et de #etmaintenant, la campagne Consensus souhaite montrer que ces mouvements ne sont pas que des feux de paille, qu’il faut continuer de se mobiliser pour les générations futures.
«Je tiens à ce qu’on prenne une soirée pour se regarder et se dire «Wow, on est beaux! C’est magnifique ce qui est en train de se passer présentement!» Parce qu’enfin, on va être capables de dissocier la sexualité de la fucking violence, qui n’a rien à voir! On est capables de dire à toutes ces stars françaises qu’elles peuvent aller se faire voir! On est ici pour finalement vous dire que la sexualité, ça va au-delà de «As-tu juste dit oui ou t’as dit non?». Ça doit sortir des zones grises! Et c’est pour ça que maintenant, on élève le débat et on se dit «Regardez, on va créer un consensus social pour que maintenant le désir soit au centre de tout». Parce que les femmes, nous sommes toutes autant «désirantes» que n’importe qui, mais on a été reléguées. On a été mises de côté. On a besoin de reconnaître que notre sexualité est libre, que la sexualité de tout le monde, peu importe la forme, que ce soit l’orientation sexuelle, l’expression de genre, l’identité de sexe, tout ça est essentiel. Et ça fait partie de la palette de couleurs qu’on représente dans le monde. Et tout ça, ça va permettre d’enfin influencer et générer une libération sexuelle sur plein d’enjeux tabous. Continuons d’être le changement, soyons indestructibles!», affirmait Mélanie Lemay, co-fondatrice de Québec contre les violences sexuelles.
Plus tard dans la soirée, Mitsou a eu le plaisir de développer sur le sujet avec Sophie Grégoire-Trudeau qui avait spontanément demandé à prendre part à la soirée. Voici leur entretien dans les loges du Club Soda tout de suite après son discours.
«C’est magnifique comme message. Je pense que dans une société libérée comme la nôtre, on a beaucoup de pudeur. Je pense qu’on ancre trop l’éducation sexuelle par rapport aux garçons, en oubliant à quel point la femme est aussi ancrée dans ses désirs et ses besoins, et je pense que plus les hommes vont en apprendre sur cette condition de la femme, plus ils vont être satisfaits, et plus ils vont découvrir un univers tellement plus large que celui dans lequel ils sont trop souvent confinés, comme la pornographie excessive avant d’avoir une première relation sexuelle! Les experts et les psychologues le disent. Ça a un impact important sur la psychologie d’un jeune. Il va falloir qu’on ouvre les fenêtres, qu’on ouvre les portes, qu’on ouvre le chemin pour plus d’épanouissement pour les gars et les filles», Sophie Grégoire.
Pour Sophie Grégoire, pas question de manquer la soirée! Fervente militante pour les droits de la femme, c’est la première dame du Canada elle-même qui a tenu à prendre part à l’événement. Voici d’ailleurs son allocution:
«De retour chez nous, de retour au bercail! Ça fait tellement du bien d’être ici. Ça me touche profondément, d’être ici. À toutes les filles, à tous les gars, à toutes les femmes, à tous les hommes qui sont ici ce soir, merci de comprendre que le chemin vers plus de justice dans une société, dans une communauté, dans un monde, ça inclut automatiquement le respect envers celle qui donne la vie: la femme. Merci à tous les hommes qui comprennent que ce chemin vers une meilleure justice, ça vous inclut. On a besoin de votre sagesse, de votre intelligence, de votre beauté, de votre ancrage, de votre force et de votre sensibilité parce que dans tout ce traumatisme et cette crise que l’on vit dans une ville comme la nôtre, je pense qu’on est devenus un peu des chercheurs de vérité. C’est comme ça que j’aimerais m’adresser à vous ce soir. Je veux vous remercier de m’accueillir comme chercheuse de vérité, mais je veux vous dire que VOUS êtes des chercheurs de vérité parce que quand un être humain et quand une société se regardent sous une vraie lumière, c’est toute une leçon de vie. Et quand on se rend compte de ce qu’on vit en tant que société et quand on regarde nos vérités, de là on peut commencer à guérir et à devenir meilleur en tant qu’individu et en tant que société et communauté et que pays et que monde. Alors de savoir que nos soeurs, nos cousines, nos amies, nos mères, nos alliées, nos femmes qui souffrent, sont exploitées sexuellement, on souffre toutes et toutes à notre manière. Et si on ne ressent pas la douleur immédiate, on la ressent à un niveau sociétal. Et c’est un grand prix à payer. Je vais me tenir debout, avec vous, je me tiens debout depuis des années parce que je crois foncièrement à cet équilibre entre hommes et femmes. Cette égalité d’humanité est un peu la source d’un avenir avec un peu plus de paix sur cette planète, mais il faut faire face à nos vérités avant que nos vérités nous enterrent. Il faut se rendre compte de ce qu’on vit en tant que société et toutes ces femmes qui souffrent, mais aussi les survivantes, qui sont des leçons de courage, d’humilité, de grâce, de force, des combattantes. Ce sont nos soeurs, nos amies, nos mamans, et j’en connais. Vous n’êtes jamais seules, on est là pour vous écouter. Il n’y a rien qui peut nous choquer. On est prêts à entendre notre vérité. À tellement de points de vue. Dans notre société, dans cette planète, le temps est venu, les gens sont prêts, les gens comprennent. Merci d’être là, merci de comprendre et merci d’être présents, parce que je pense que la vérité, on peut seulement la voir et être prêts à la confronter quand on est présents, avec tout ce qu’on est. Et j’espère que chaque pas qu’on va prendre ensemble… parce que tout ce qui touche la sécurité physique et psychologique de la femme et l’équilibre hommes-femmes sur la planète n’est pas enjeu partisan. C’est un enjeu qui concerne l’humanité, et on est tous unis, peu importe notre parcours religieux, culturel, politique. C’est absolument rien, c’est du vent. Parce que dans ce qui compte, on est unis, et je vous remercie d’être là ce soir, je vous remercie de voir la vérité en pleine face et encore plus, je nous remercie d’être assez courageux de vouloir entendre la vérité, d’y faire face, de vouloir unir nos forces pour trouver des solutions pour aider toutes celles qui souffrent et pour aider toutes celles qui veulent s’en sortir aussi, parce que c’est vraiment difficile. Tous ceux et celles qui causent tout ce mal, c’est important de savoir que l’éducation des garçons dans une société, ça compte tellement! Oui! Tellement! Et on est prêts à avoir des vraies conversations. On ne peut pas commencer à mettre les vrais enjeux de côté. Des fois, ça nous met mal à l’aise, dans nos écoles, dans nos cuisines, mais tu sais quoi? Tant mieux si ça nous met mal à l’aise. Parce que c’est le temps de les avoir, ces vraies conversations-là. Il faut continuer à les avoir, et nos garçons, ils sont faits pour devenir des hommes sages et équilibrés, forts et tendres, et ce n’est pas vrai qu’on va les laisser se déterminer dans une leçon de la masculinité qui est tellement étroite. Mais eux aussi souffrent. Et savez-vous quoi? Si on part de l’éducation (et c’est toujours vraiment par rapport à l’éducation), on va être capables de changer tranquillement à travers les vraies conversations des valeurs et des manières d’être. Il n’y a personne qui naît proxénète. Alors on va essayer de protéger nos filles, nos femmes, en prenant des pas ensemble en tant que société et en tant que gouvernement et on va essayer de mettre tous les outils à notre disponibilité, au corps policier et au système judiciaire. Soyez à l’affût, car il y a des choses qui s’en viennent et qu’on va annoncer!»
Pssst! Les personnes qui porteront le coeur jaune s’engagent à suivre ces cinq principes:
#EtMaintenant, je crois les victimes et j’adopte des attitudes aidantes lorsque je reçois un dévoilement d’agression à caractère sexuel;
#EtMaintenant, j’exprime clairement mon désaccord lorsque j’entends des propos banalisant la violence sexuelle;
#EtMaintenant, j’interviens immédiatement lorsque je suis témoin d’intimidation, de harcèlement ou de tout type d’agression à caractère sexuel;
#EtMaintenant, j’appuie les luttes menées dans ma région contre la violence sexuelle et je soutiens mon CALACS;
#EtMaintenant, je revendique une éducation à la sexualité de qualité, valorisant les rapports égalitaires et la diversité des expériences pour tous les jeunes du Québec.
Voici plus de photos de la soirée. Parmi les têtes connues, on a pu voir Manon Massé, Éliane Gagnon (Féminin/Féminin) et Sarianne Cormier!
Crédits vidéo: Sophie Lambert