Ados et armés. Deux mots qui ne vont pas ensemble. Comme parent, comme oncle, tante, comme prof ou comme grand-parent, on ne souhaite jamais que son enfant en arrive là. La criminalité chez les jeunes est un phénomène en croissance et il est grandement temps de se questionner.
À mon école et dans la majorité des écoles primaires de Montréal, à chaque année, un agent sociocommunautaire du SPVM fait la tournée des classes du 3e cycle pour parler de cyberintimidation et de gangs de rue. La prévention, elle doit débuter tôt, dès le primaire. Il ne faut pas se fermer les yeux: qu’on le veuille ou non, certains de nos jeunes ont conscience de cette réalité alarmante et certains ont été témoins d’actes de violence. Pendant ces ateliers, quelques élèves se referment sur eux-mêmes, tandis que d’autres profitent de cette tribune pour parler de leur expérience et de leurs questionnements.
Tout d’abord, les élèves sont fascinés par l’arme que porte le policier. À chaque atelier, les mêmes questions sont posées:
– Est-ce que votre arme est chargée?
– Avez-vous toujours tiré sur quelqu’un?
– Avez-vous déjà tué?
Puis, place aux confidences pour plusieurs:
– L’ami de mon frère en possède un!
– Quoi? Ben non! Ce n’est pas vrai que les ados ont des fusils. Pas au Canada, mais aux États-Unis, c’est facile.
– C’est trop dangereux, moi je ne veux pas avoir un fusil chez moi.
– Mon frère a déjà reçu une balle dans une jambe.
– J’en vois plusieurs sur TikTok, les gars montrent leurs fusils et leurs piles d’argent.
Je parle ici d’élèves de 10-11 ans! Je n’ose pas imaginer les commentaires que l’on entend au secondaire, où cette réalité est encore plus présente.
Au cœur de la question
En visionnant le documentaire Ados et armés, réalisé par Gabriel Lajournade et présenté ce mercredi 18 octobre à Télé-Québec, vous entendrez justement des élèves du primaire raconter leurs peurs. Vous rencontrerez l’avocat et entrepreneur social Fabrice Vil, qui tente de trouver les raisons poussant des jeunes à s’armer. Il veut comprendre leurs motivations et consulte différents intervenants sociaux et judiciaires afin de discuter des origines de cette problématique. Il constate rapidement qu’il s’agit d’abord d’un problème de justice, mais aussi d’un problème sociétal. L’inégalité sociale joue un rôle important dans ce fléau.
Quelques anciens contrevenants brisent le silence en se confiant à cœur ouvert, sous le couvert de l’anonymat, et offrent de francs témoignages sur leur passé criminel. Vous constaterez à quel point il est facile de se procurer des armes, ou encore d’en fabriquer. Quelques clics, de bons conseils… Tout se trouve en ligne. Ces jeunes hommes parlent à plusieurs reprises du sentiment de puissance qu’ils ressentaient une arme dans les mains. L’effet Superman. Ils possédaient des armes pour se protéger ainsi que leurs familles, amis et quartier. C’est une façon se de faire respecter, de se valoriser. Quand on possède une arme, l’adrénaline est dans le fond.
La criminalité chez les jeunes est en hausse. En 5 ans, la Sûreté du Québec a fait pas moins de 500 interventions dans les écoles partout dans la province pour des situations de violence armée.
Des solutions, il y en a? Les enfants ont d’abord besoin qu’on les encourage dans divers domaines, qu’on les valorise et qu’on crée un bon environnement autour d’eux. On joue tous un rôle, prenons ça au sérieux. Il y a d’autres pistes de solutions, comme un projet pilote, PIVOT.
Une chose est certaine: il faut agir et il faut le faire maintenant. Ados et armés présente bien la réalité actuelle et nous force à nous questionner. Je le recommande à tous, ados et adultes.
Ados et armés est produite par Productions Déferlantes et sera diffusée le 18 octobre à 20h sur les ondes de Télé-Québec, sur video.telequebec.tv et sur l’application Télé-Québec en simultané, puis offert gratuitement en rattrapage.
À 21 h, Marie-Louise Arsenault approfondira le sujet et proposera des pistes de réflexion avec ses invités dans Ados et armés: la discussion.