Quand Tzara Maud fait quelque chose, elle ne le fait pas à moitié! Je le sais, je le côtoie toujours sur les tapis rouges!
Son plus récent projet, Skinfaxi, se décline à la fois en recueil de photos et en une exposition de portraits de chevaux qu’on a pu découvrir mardi soir à la galerie Le Livart à Montréal. Après nous avoir présenté les bandes dessinées historiques 1642.Ville-Marie et 1642.Osheaga avec son amoureux François Lapierre, la voici qui se lance en solo dans cette nouvelle aventure!

Ce nouveau projet est né de la passion de Tzara pour l’inconscient, de sa frustration à voir les gens d’aujourd’hui s’éloigner de l’essentiel et d’un élément déclencheur: une rencontre avec un cheval qui lui a éternué dessus! De là a germé l’idée un peu folle de demander à des personnalités publiques qu’elle photographie de choisir une de ses photos de chevaux et de s’en laisser inspirer pour rédiger un texte en écriture automatique.
«J’arrivais de la ville et j’avais 45 hamsters qui tournaient dans ma tête, j’étais nerveuse, excitée, frustrée, il y a tellement de cônes dans la circulation… J’arrive en Estrie, où j’habite, et je décide d’aller faire un tour dans une écurie pour décompresser, calmer mes ardeurs. Lorsque j’ai décidé d’approcher un cheval et que je lui ai tendu la main, il a éternué en me montrant toutes ses dents. En fait, ce n’est pas encore clair s’il m’a craché ou éternué dessus (rires)! Il est ensuite parti à courir comme une flèche, il a fait le tour de l’enclos et il est revenu se planter devant moi: il m’a regardé droit dans les yeux en me soufflant de toutes ses forces dessus avec ses immenses naseaux. J’ai voulu essayer de communiquer avec lui alors je l’ai imité… et on a fait ça pendant quelques minutes! À force de respirer, je me suis calmée, parce que j’étais tellement dans le moment présent avec lui, qui me regardait et m’écoutait. Seulement une fois calmée, j’ai pu le caresser et communiquer pleinement avec lui. C’est à ce moment précis où j’ai décidé de partir une collection de photos de chevaux, pour passer plus de temps avec eux et ainsi mieux les comprendre. À chaque fois, c’était une communion, parce que les chevaux ont cette sensibilité qui fait en sorte qu’on n’est pas obligés de parler parce qu’ils décodent aisément le non-verbal: avant même que tu mettes tes fesses sur leur selle, ils savent comment ils vont être montés, de quelle humeur tu es, si tu vas bien les traiter… et ça on l’a aussi en nous, c’est juste qu’on ne s’écoute pas assez!», me confie Tzara.
«À la base, le projet découle de l’envie que les gens se parlent, se comprennent et s’intéressent réellement les uns aux autres, parce qu’on vit dans une société qui ne s’intéresse plus du tout à rien, parce qu’on n’a pas le temps! On est dans la culture de l’image, on est dans les téléréalités, on adore rire des gens. On aime juger, on aime détester, on est à l’ère des trolls! Cette rencontre avec ce cheval m’a fait prendre conscience que ça fait longtemps que j’observe les gens et j’ai réalisé que plus on les connaît, moins on les juge. Pourquoi on les juge autant? Parce que c’est facile de juger, on est habitués à ça, mais si on recommençait simplement à se poser des questions simples comme «Comment vas-tu?», ça ferait toute la différence. Dans la vie, je pose souvent des questions un peu indiscrètes, personnelles, parce que je veux comprendre, je veux voir comment les gens voient la vie. Je suis très perceptive aux choses, au non-dit… J’aime comprendre, j’aime que les choses soient claires. Avec Skinfaxi, j’ai réalisé que l’inconscient, c’est la seule chose qu’on ne contrôle pas chez soi. On a tous nos masques, on sait tous où l’on s’en va et ce que l’on veut, mais à un moment donné, de revenir à l’essentiel et de revenir à l’inconscient, c’est ce qui se passe réellement en nous, on ne peut pas le contrôler. Ça nous surprend, ça nous fascine, ça explique les colères qu’on peut piquer, les fous rires…», ajoute-elle.
Skinfaxi est un magnifique recueil de photos accompagnées de textes rédigés en écriture automatique par des personnalités comme Guylaine Tremblay, Jean-François Baril, Thomas Beaudoin, Emmanuel Bilodeau, Pierre Bruneau, Alexis Durand-Brault, Ingrid Falaise, Claude Legault, Sophie Lorain, Fred Pellerin, François Pérusse, Luc Picard, Luc Plamondon, Marie-Andrée Poulin, André Robitaille, Patrick Senécal, Mylène St-Sauveur et Kim Thúy.
«Depuis que je suis photographe, ma démarche artistique est de capter un moment où les masques s’effondrent, où les gens oublient de contrôler leur image afin qu’on réussisse à découvrir réellement qui ils sont. À travers tous les photoshoots d’artistes que j’ai faits dans le cadre de mon travail, j’ai choisi une brochette d’artistes qui sont sincèrement et réellement authentiques dans ce qu’ils sont. S’il y avait des Kim Thúy partout dans le monde, mon projet n’aurait même pas lieu d’être (rires), cette femme est une perle! Kim Thúy représente un peu ce que je souhaite qu’on devienne dans l’univers pour que ça soit simple et facile. J’ai choisi ces 25 personnalités parce qu’ils sont foncièrement authentiques, vraies, elles ont une intelligence émotionnelle… et l’intelligence émotionnelle est plus importante que l’intelligence intellectuelle selon moi! Ces artistes ont cette lumière! J’ai choisi des artistes parce que depuis la nuit des temps, les artistes sont le reflet d’une société, ils ont le pouvoir de rayonner et de révéler les âmes. Je leur envoyais trois photos et ils devaient instinctivement en choisir une et à partir de là, ils devaient écrire sans réfléchir les mots qu’ils avaient en tête! Une fois terminé, ils pouvaient retoucher le texte pour y ajouter leur touche personnelle, leur style bien à eux.»


Skinfaxi est un ouvrage qui réunira les amateurs de beaux livres, les amants des chevaux, les curieux des vedettes et de leurs écrits inédits et ceux qui aiment aider une cause, puisque la moitié des droits d’auteurs seront versés à Galahad, une fondation québécoise qui vient en aide aux chevaux maltraités.


Le mot de la fin?
«Pourquoi Skinfaxi? Ça vient de la mythologie nordique. C’est un cheval… en fait, ce sont deux chevaux à l’origine du cycle du jour (Hrimfaxi) et de la nuit (Skinfaxi)! À la base, mes toiles et mon livre parlent de l’inconscient pour se connaître soi-même… J’ai donc décidé d’appeler toute l’exposition et le livre Skinfaxi, en l’honneur de cet inconscient qui se passe la nuit, mais en même temps qui nous rend, quand on comprend, qui nous rend beaucoup plus vulnérable, surtout pour le livre… parce que tu as 25 personnalités qui s’ouvrent au monde, qui se rendent vulnérables à la face du monde, en parlant des prémisses de leurs rêves.»
Skinfaxi de Tzara Maud, qui paraît chez les Éditions Goélette, est disponible dès maintenant en ligne (24,95$) et en librairie.
L’exposition Skinfaxi est présentée officiellement à la galerie Livart située au 3980 rue Saint-Denis à Montréal entre le 6 et le 11 novembre. Après ces dates, vous pourrez voir les toiles à la galerie Arteria de Bromont!