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Lili Blues: La psychologie des triangles amoureux selon Florence K

J’ai croisé tellement de fois Florence K sur des tapis rouges, mais je n’ai jamais vraiment eu l’occasion de lui jaser… Vous savez quoi? Cette femme est vraiment inspirante!

Après Buena vida, un premier livre autobiographique où elle s’est confiée sur sa descente aux enfers et sa renaissance à la suite d’une grave dépression, Florence nous revient deux ans plus tard avec son tout premier roman. Dans Lili Blues, l’auteure explore les relations et motivations qui mènent à l’adultère dans un triangle amoureux formé d’un mari manipulateur et accro au travail (Samir), d’une ancienne comédienne déchue et aigrie (Vanessa) et d’une star en pleine ascension, en amour avec l’amour (Lili)! Mais attention, Florence préfère qu’on ne colle pas d’étiquettes à son joli trio… Oops!

Après ton autobiographie Buena vida, où tu nous as partagé un récit très intime de ta vie, tu nous reviens avec un premier roman: une première fiction, Lili Blues! Qu’est-ce qui t’a décidé à franchir le pas entre les deux?

J’ai adoré le fait d’écrire un livre! Quand j’ai terminé Buena vida, il y a eu un petit vide par la suite et je m’ennuyais de ça, d’écrire. Je voulais raconter autre chose… Je venais de raconter ma vie et je ne voulais pas la raconter encore. Je me suis tournée vers la fiction parce que je ne voulais pas écrire des livres de psycho-pop ou des trucs sur le bonheur, parce que j’aime raconter des histoires. J’avais une histoire à raconter dans mon premier livre, la mienne, et dans Lili Blues, j’ai raconté celle de trois personnages (Lili, Vanessa et Samir): un triangle amoureux on ne peut plus classique, où j’ai cherché à comprendre le «pourquoi du comment» qui motivait leurs choix, d’abord et avant tout.

Vanessa, Samir et Lili forment un beau triangle amoureux complexe. Avec eux, tu voulais explorer les émotions et les raisons qui poussent une personne à commettre l’adultère! Peux-tu m’en parler?

Ce qui est intéressant avec ce livre-là, c’est d’explorer ce qui pousse les gens à agir comme ils le font. Quand on pose un jugement sur quelqu’un, on voit juste la pointe de l’iceberg, mais on ne voit pas ce qu’il y a en-dessous: toutes les raisons, tout le bagage que la personne traîne, tout comme l’héritage de ses parents qu’il se trouve à traîner également avec lui. Avec Lili Blues, on suit ces personnages-là et il n’y a pas de jugement, car on n’a pas de «salaud», de «bitch» ou de «niaiseuse». Les trois personnages agissent comme ils le font parce que ce sont des êtres humains complexes comme nous tous. J’adore la psychologie, c’est ma passion. Je viens de terminer mon certificat en psycho, je veux faire ma maîtrise éventuellement et je voulais montrer dans ce livre-là à quel point tous nos gestes, décisions, actions, choix et paroles sont motivés par quelque chose de beaucoup plus complexe que seulement le simple fait d’agir. Et c’est important de comprendre ça, dans la société d’aujourd’hui, de comprendre pourquoi il y a autant de gens qui souffrent de problèmes de santé mentale, pourquoi il y a autant de divorces, de guerres, de résultats de l’impulsivité de tous les jours! Ce sont des bagages énormes que nous traînons avec nous et avant de pouvoir continuer à évoluer dans la vie sans traîner ces bagages-là, il faut être capable de les regarder et de les comprendre pour s’en dissocier après.

«Il avait réfléchi. Il avait pris des décisions.
Il ne l’aimait plus.
En réalité, il n’était plus amoureux d’elle depuis des années, mais il était resté pour le bien de la petite, pour essayer, pour laisser peut-être la chance à un miracle de se produire.

Il l’avait ensuite implorée de réaliser qu’elle non plus n’était plus heureuse depuis longtemps et qu’il lui rendait sûrement le plus grand service de sa vie en lui enlevant le poids d’avoir à prendre une décision quant à leur avenir. Il lui avait répété sans arrêt, en la soûlant par son excessive positivité par rapport à leur séparation, que son choix en était un pour leur bien commun à eux trois, à lui, à elle et à Emma. Qu’une fois la tempête du divorce passée, une fois la poussière retombée, les émotions se calmeraient et qu’elle verrait bien, lorsqu’elle rencontrerait de nouveau quelqu’un, qu’ils avaient pris la bonne décision. Bref, qu’elle aurait six mois douloureux à traverser, mais qu’après la pluie le beau temps, les arcs-en-ciel, la renaissance, les fleurs de printemps et tout le tralala reviendraient illuminer ses glorieux matins… «Bullshit» avait été le seul mot qui venait à l’esprit de Vanessa durant toute la tirade de Sam.

Ainsi, elle l’avait silencieusement écouté débiter ses arguments, les uns plus boiteux et lâches que les autres. Elle était assise devant lui, dans le décor convenu du sombre café. De grandes vitres sur lesquelles des lettres peintes annonçaient les spécialités de la maison donnaient sur un stationnement à moitié vide. C’était moche. Gris. Déprimant. La pluie ne cessait de tomber depuis une dizaine de jours. Vanessa n’entendait plus que les grincements des chaises autour d’elle et le bruit de la machine à espresso au loin. Plus les mots s’échappaient de sa bouche, plus Sam gesticulait d’une manière frôlant le ridicule. Et au fil de ses paroles, Vanessa se réfugiait au creux d’elle-même, cherchant à se protéger du flou de sons et de lumières tout autour d’elle qui lui donnaient le vertige. Elle ne percevait plus que les lèvres mobiles de son futur ex-mari. Elle n’avait pas bougé, pas bronché. Ce n’était pas un choc, c’était un mauvais rêve. Il fallait absolument que ce qu’elle venait de vivre fût un cauchemar dont elle n’était que le témoin. Elle ne survivrait pas à un tel échec.» (page 17-18)

«Une fois dehors, Sam s’était senti délesté d’un poids qu’il considérait comme n’étant plus le sien. Il flottait au-dessus de tout, plus jeune que jamais. Il revivait.

Au moment où il s’était saisi des clés de son Lexus, son téléphone avait vibré. À l’écran s’affichait ce nom qui faisait battre son cœur, qui lui procurait des sensations inexplorées depuis si longtemps, qui faisait gonfler son sexe, ce nom qu’il avait envie de crier sur tous les toits : Lili.

Il l’avait rencontrée sur un tournage au mois de février. Un coup de foudre était tout ce qui lui manquait jusqu’alors pour déserter son mariage. Le désir qu’il éprouvait à l’égard de Lili était plus fort que toutes les peurs qui l’avaient toujours empêché de laisser Vanessa. Plus fort que la crainte de perdre sa maison, de devoir verser une pension énorme, d’être confronté à la colère de son père et de connaître l’opinion de sa famille. Il se sentait revivre, du sang neuf coulait dans ses veines, faisait battre ses tempes.» (page 21)

Les femmes sont fragiles dans ton livre; alors que Lili connaît sa fragilité, Vanessa la rejette et met la faute sur les autres!

Et Samir refuse de voir sa fragilité! Ça va encore plus loin. Tout ce qu’il fait, tout simplement, est de dire: laissez-moi tranquille, je travaille et c’est moi qui fais l’argent, c’est entre vous, je suis au-dessus de ça, loin de ça… mais, dans le fond, ce sont seulement des mécanismes de défense pour ne pas affronter la réalité. Il a foutu la merde un peu partout mais pour lui, il n’est pas fragile, il est au-dessus de tout ça. À force de vouloir plaire à son père et de répondre à la tradition familiale, il s’est perdu complètement.

Vanessa, elle, refuse de voir le rôle qu’elle peut jouer là-dedans, car le monde est contre elle dans sa tête. Lili, elle, a plus conscience du rôle qu’elle a à jouer dans ce qui arrive dans sa vie, mais ça l’affecte parce qu’elle se sent coupable et niaiseuse d’agir comme ça. Ils sont tous les trois déséquilibrés, mais c’est à nous, le lecteur, de voir là-dedans comment on s’en sort quand on vit dans le déni, la négativité constante de tout ce qu’on fait. À la fin de la journée, Lili s’en sort. Samir et Vanessa, j’ai décidé que ce n’était pas de mon recours. J’ai choisi un personnage pour l’amener jusqu’au bout… Lili, c’est celle qui me ressemble le plus même si j’ai écrit Vanessa et Samir avec beaucoup d’empathie, d’amour pour eux; ce sont des personnages que je ne voulais pas qu’on juge, ce n’est pas des méchants mais ce sont des personnages qui eux aussi ont à vivre avec des souffrances intérieures qui les empêchent de s’épanouir.

Crédit photo: Karine Paradis

Tu viens de terminer un certificat en psychologie et tu vas bientôt entreprendre une maîtrise dans ce domaine. C’est sûr que ça a teinté tes écrits…

Oui, vraiment! Ça et la thérapie aussi, je ne m’en cacherai pas, il y a des phrases que la psy dit (dans le livre) qui sortent directement de mes sessions personnelles. Je les ai notées après (rires). Petite parenthèse: c’est important pour moi qu’on voit la psy comme une personne à part entière, pas juste dans son rôle de psy. C’est pour ça qu’on va dans l’intimité d’Olivia. Elle guérit les âmes mais elle souffre aussi: sa copine l’a laissée, elle n’a jamais réussi à avoir de bébé et elle est peut-être un peu secrètement attirée par sa patiente… elle est humaine, elle aussi. Souvent, on ne voit que le professionnel (on ne voit que le médecin qui exerce sa profession) mais ce sont des gens aussi, il ne faut pas oublier ça.

D’où vient le titre Lili Blues?

Au début, quand j’ai proposé le projet, ça devait s’appeler La vie ne doit rien à personne, mais je trouvais ça long comme titre. Buena vida, c’est deux mots. Oui, c’est en espagnol, mais c’est quand même international et on comprend ce que ça veut dire! Pour mon premier roman, je voulais un titre qui soit frappant… et en même temps, Lili a les blues tout le temps et c’est son nom de famille, Blumenthal. Lili Blues est son surnom et je trouvais que ça sonnait bien. C’est court, ça se retient bien, c’est joli et ça cerne le propos du livre. Il y a quelque chose de musical aussi!

Ton livre a été écrit pour ta famille et il a été inspiré par des femmes fortes!

J’ai écrit ce livre-là pour les générations dans ma famille qui sont plus jeunes; mes sœurs, ma fille et les enfants de mes amies qui sont aussi les amies de ma fille et qui sont pour moi presque comme mes enfants. Mes sœurs commencent leur vie d’adulte et elles auront des choses à traverser et je les vois aller, déjà sur leur voie, beaucoup plus que moi je pouvais l’être à l’époque… Ce livre-là, c’est pour qu’elles ne s’oublient jamais, qu’elles ne se jugent jamais! Peut-être qu’à travers leurs amours elles vont reconnaître des choses et j’espère que ça puisse les aider. Pour les petits, qu’ils gardent la tête haute aussi, parce que Lili elle ne garde pas la tête haute et c’est la morale de l’histoire. Elle apprend à la fin à garder la tête haute. Pour mon amoureux aussi, j’ai mis une petite phrase parce que le happy ending de la fin, c’est mon happy ending aussi. C’est directement inspiré de ça (l’épilogue à la fin). Il m’a amené ça mon chum. J’étais une pro des relations toxiques avant et pour la première fois de ma vie, j’ai l’impression de vivre quelque chose qui est beau, sain et équilibré. On se retrouve à regarder dans la même direction ensemble et c’est ça qui est arrivé à Lili. J’ai écrit la fin du livre quand j’ai rencontré mon chum. En fait, je l’ai changé car au début Lili devait mourir: elle avait un accident d’auto et elle mourrait. Je voulais montrer que la violence ne mène à rien et qu’il faut faire attention parce que les émotions, ça peut être dramatique. Mais finalement, elle renaît…. Une partie d’elle est morte à la fin, la partie où elle est dépendante, qu’elle n’est pas bien et qu’elle se cherche. Mon chum est arrivé dans ma vie avant la fin donc j’ai décidé que finalement, elle n’allait pas mourir mais bien tomber en amour…

Ah! Oui, j’ai vu des photos sur Instagram de ton chum et toi, mais je ne vous ai jamais croisés ensemble sur un tapis rouge!

C’est tout nouveau. Ça fait depuis janvier que je suis avec lui seulement… c’est mon batteur. On s’est rencontrés sur scène! Il habitait à Toronto, ça fait juste six mois qu’il est à Montréal et il apprend présentement le français (sourire).

Tes personnages sont un peu comme nous tous; en quête de bonheur. Toi, ton bonheur est fait de quoi?

De l’équilibre. Tu travailles trop, repose-toi. Tu ne manges pas assez, mange équilibré. Juste de rééquilibrer les choses… Il y a des phases quand je travaille beaucoup, je m’arrange pour rééquilibrer après. Trop de tout, ce n’est pas bon et pas assez de tout ce n’est pas bon non plus… Il faut trouver le bon équilibre!

J’ai lu que tu as commencé l’écriture d’un recueil de nouvelles à propos d’artistes en quête de gloire?

Ce sont des artistes qui ont tout fait pour connaître la gloire, qui recherchent la gloire, sont passés à côté ou encore l’ont eu et ne l’ont plus. Encore une fois, il faut explorer pourquoi cette recherche de briller, ce qui est en arrière de ça… c’est de suivre leur parcours dans une société d’image dans laquelle on vit présentement. Une société où tout est tellement rapide et se consomme rapidement. Je vais suivre 7 personnages, 7 histoires différentes, regroupées dans un livre de fiction.

Lili Blues est publié chez Libre Expression et contient 224 pages (24.95$ ici).

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