Je suis revenue de Vienne les yeux remplis d’or… et les poches pleines de Kleenex.
C’est qu’il est impossible de rester de marbre devant l’exposition Klimt: Pigment & Pixel, présentée au sublime Belvédère, ce palais baroque du 18e siècle ayant appartenu au héros militaire et mécène Eugène de Savoie. Il a fait construire deux bâtiments — le palais d’été, en haut de la colline, pour accommoder ses nombreux invités, et le principal en bas — séparés par un jardin à la française orné de sculptures, de fontaines… et d’émotion pure.

Dans ces deux palais, on retrouve des œuvres de Gustav Klimt, de ses premiers croquis jusqu’à ses toiles inachevées à sa mort en 1918. C’est un véritable voyage dans l’univers de ce peintre que j’admire profondément.

Klimt, figure centrale de l’Art nouveau, peignait les femmes comme personne. Ses portraits sont sensuels, mythiques, éthérés. Dans ses œuvres, les visages sont réalistes, mais tout autour devient ornement, mosaïque, abstraction brillante. Il utilisait d’ailleurs beaucoup les feuilles d’or pour créer ses tableaux chatoyants.
Et puis, LE choc. J’entre dans une salle et je me retrouve face à Le Baiser. Le vrai. Pas la version en mélamine que j’avais dans mon premier appart! Il est immense, lumineux, vivant. Un couple enlacé, dans un champ de fleurs étoilé. La tendresse d’un doigt sur une joue. Une caresse. Une émotion si forte que j’ai eu le souffle coupé.
Juste à côté, un autre tableau me frappe: Jardin paysan, un champ de fleurs multicolores. Je l’avais fait imprimer sur des draps pour mon père, aujourd’hui décédé. Et, quelques jours avant Vienne, j’étais au chalet… et j’ai retrouvé ces draps.
Les larmes sont montées. Et ma fille, du haut de sa sagesse artistique, m’a simplement dit:
«Tu vois, maman, il a réussi son but d’artiste: te faire vivre une émotion.»
Elle avait tellement raison.

UN AIR DE REVENEZ-Y
À l’arrière du musée, on découvre un jardin secret constellé de fleurs que Klimt aimait peindre, dont 400 tournesols. C’est impressionnant d’en voir autant, tous tournés vers l’astre du jour! Plus jamais je ne regarderai les hydrangées ou les dahlias de la même manière.

En passant, voici ma chronique à ce sujet à L’heure d’été sur Ici Première.
J’y suis retournée le lendemain. Cette fois, avec mes mouchoirs.
Et bien sûr, j’ai été marcher au bord du Danube, qui m’a mis en tête Le beau Danube bleu. Cette valse de Strauss, chère à ma maman, a bercé mon enfance. À Vienne, la musique classique flotte partout, jusque dans les haut-parleurs de l’avion.

J’en suis repartie avec un air en tête, une ritournelle devenue souhait: valser à nouveau un jour dans ce pays qui m’a complètement renversée — entre art, souvenirs… et beauté.