Vous êtes parents? Ça veut dire que vous savez ce qu’est une crise. Je vous le dis avec certitude parce que des parents, j’en ai rencontré des tonnes. Que ce soit une simple crise de quelques secondes parce que vous n’avez pas placé l’assiette à la «bonne» place sur la table ou une méga giga grosse parce que vous avez dit la «mauvaise» réponse au «mauvais» moment, vous savez ce que c’est. Vous avez peut-être même déjà lu des dizaines d’articles ou des livres pour essayer de comprendre quoi faire pour mieux gérer les crises. Certes, vous y retrouverez certaines pistes d’intervention à appliquer chez vous, mais il est peut-être le temps de revenir à la base avant de vous lancer.
- Les crises sont normales
Certains parents sont parfois étonnés, voire fâchés de constater que leurs enfants font des crises. En pensant qu’elles sont anormales, ce type de parent essaie alors d’empêcher l’enfant de faire sa crise. Pourtant, les crises sont tout à fait normales, même si elles vous font grincer des dents. Le cortex préfrontal des enfants n’est pas suffisamment développé pour être en mesure de contrôler leurs émotions. C’est pourquoi leur colère intense (même pour une chose anodine) les mobilise au maximum.
- Les crises ne sont pas des moments d’apprentissage
Une collègue m’a déjà dit: «Lory, un enfant en crise, ce n’est pas intelligent». Elle avait raison! Certains parents essaient de profiter des crises de leurs enfants pour lui donner des trucs, lui faire prendre conscience de la situation ou lui enseigner des valeurs de la vie. Lorsque votre enfant est en crise, il est totalement concentré sur l’émotion de colère qu’il ressent. Il n’est donc pas disponible pour raisonner à l’écoute de vos paroles, aussi sages soient-elles. Toutefois, comme vous l’aurez probablement remarqué, après la colère vient généralement un moment de tristesse. C’est votre signal pour échanger avec votre enfant et surtout, vous reconnecter à lui. C’est le moment de lui montrer que vous êtes là, que votre relation est intacte, même s’il a eu un excès de colère.
- Vous serez jugés pour les crises de votre enfant
Aucun parent n’est à l’abri des gros yeux, des «mots doux» et des sous-entendus sur ses capacités parentales lorsqu’un enfant fait des crises en public. Souvent, le regard des autres vous amènera à ressentir une pression pour que la crise s’arrête rapidement. Pourtant, non seulement cela n’est pas entièrement de votre contrôle, mais ces autres adultes oublient souvent qu’eux-mêmes ont déjà été des enfants! Trop souvent, dans un désir de limiter la crise pour accommoder les autres, le parent devient de plus en plus frustré de voir qu’il échoue dans cette mission… impossible. Rappelez-vous que c’est vous qui connaissez le mieux votre enfant. Si vous savez qu’il a besoin de temps pour que sa colère diminue, faites-vous confiance dans cette façon de faire. Au besoin, quittez le lieu pour quelques moments le temps que tout le monde retrouve son calme!
- Crier après ses enfants, c’est tentant, mais…
Vous n’êtes pas patients? Vous n’êtes pas seuls. Dans les moments de crise, il est fort possible que chaque fibre de votre corps se sente agressée par les cris stridents de votre enfant. Il peut donc arriver que vous vous mettiez à crier après lui dans une tentative qu’il arrête. Toutefois, il est fort probable que lorsque vous perdez le contrôle, vous ressentez plutôt de la culpabilité et que cela ne diminue en rien la crise. C’est souvent même le contraire. Toutefois, comme votre cortex préfrontal est développé, vous êtes en mesure de vous parler et de reconnaître les signes qui vous indiquent qu’il est temps de vous calmer. Vous êtes un exemple pour votre enfant. En gardant votre calme, vous l’encouragez à le redevenir… même si ce n’est vraiment pas évident à faire pour vous!
- Alors, quoi faire?
Il n’y a pas de recette magique. Toutefois, tout en gardant votre calme, vous pouvez nommer les émotions à voix haute pour votre enfant alors que lui n’arrive pas toujours à le faire. Vous pourriez par exemple lui dire: «Je vois que tu es fâché parce que tu n’as pas eu ton tour en premier. On pourra s’en reparler lorsque tu seras à l’écoute.» Reconnaître cette émotion en lui peut non seulement aider à diminuer l’intensité de sa colère, mais cela lui apprend également à utiliser davantage les mots pour exprimer ce qu’il ressent. Ainsi, punir un enfant qui a fait une crise est inutile. Voyez-le plutôt comme une difficulté développementale à s’autoréguler. Cela dit, vous connaissez le mieux votre enfant. Si votre enfant fait des crises pour éviter une tâche (ex.: ranger ses jouets), alors peut-être qu’un autre type d’intervention s’applique. Finalement, ne gardez pas de rancune. Les crises n’ont rien de personnel. C’est une étape formatrice pour votre enfant… et pour les parents!
Sur ce, bonne prochaine crise!