Il y a un an, Stéphane Laporte signait une chronique dans La Presse intitulée «Noël, c’est ma mère». Cet article m’avait profondément émue. Noël, c’est effectivement ma mère. Noël, c’est 100 % ma mère. C’était sa fête préférée. Tout un cérémonial entourait cette fête.
Faire le sapin, le premier samedi de décembre, devait se passer sur l’album Joyeux Noël, de Ginette Reno, en trame de fond. Il y avait un ordre précis, méthodique, presque militaire, pour le décorer. Faire de la place dans le coin du salon, installer le sapin, sortir les lumières et les brancher pour s’assurer qu’elles fonctionnaient encore, sortir les décos et les suspendre, mais faire attention pour ne pas en mettre deux pareilles une à coté de l’autre, mettre des cheveux d’ange, installer l’étoile tout en haut, le village et la crèche, avec ses personnages de plâtre, tout en bas et, quatre heures plus tard et plusieurs écoutes des chansons de Ginette, le sapin trônait en roi dans le salon.
Gare à celui qui sautait une étape, ma mère le ramenait dans le droit chemin! Tel un chef d’orchestre, elle dictait ce qui devait être fait et dans quel ordre. Les cadeaux apparaissaient sous l’arbre de Noël au compte-goutte, le père Noël ne pouvait techniquement pas donner TOUS les cadeaux le même soir! Selon ma mère, il devait faire plusieurs voyages.

Cuisiner en famille
Vers le 20 décembre, on se rassemblait dans la cuisine, toujours sous le commandement maternel, pour préparer des bonbons aux patates, des pâtés à la viande, une tourtière (la vraie de vraie), un ragoût de boulettes et des beignes, qui serait mangés dans la prochaine semaine. Je me souviens des après-midis à apprendre à éplucher des patates, pétrir une pâte à tarte, faire des boulettes de viande. Il faisait chaud dans la cuisine, on écoutait encore Ginette et sa musique de Noël, on était toute la famille ensemble. On était bien.
Recréer aujourd’hui les traditions de ma mère avec mes enfants, c’est réconfortant. Ce sont des souvenirs qui me sont chers. Ça la fait revivre un peu, elle qui nous a quittés en 2002. Chaque famille a ses traditions quand vient le temps des Fêtes. Perpétuer ces traditions, c’est continuer à faire vivre ceux qui nous les ont montrées avec tant d’amour. C’est avec autant d’amour dans le cœur que je les transmets aux enfants aujourd’hui en espérant que plus tard ils fassent la même chose avec les leurs.
Le 15 décembre dernier, mon sapin dans le coin du salon a été fait avec une précision digne d’une escouade tactique, ma liste d’épicerie pour cuisiner beignes, pâtés et ragoût est faite et ma playlist de Noël joue en boucle depuis quelques jours. Il n’y a rien qui bat le Minuit chrétien de Ginette!
