J’ai réalisé récemment – lors d’une conversation avec une amie – à quel point nous prêtons souvent peu d’attention au non-verbal dans nos échanges. Et lorsque nous y portons attention, il peut être déstabilisant de constater que, bien souvent, les gens ne nous écoutent pas vraiment… ou expriment, par leur visage, tout le contraire de ce qu’ils disent verbalement.
Pour ma part, bien qu’il m’arrive de fixer un point fictif dans l’espace lorsque je suis fatiguée ou que j’ai besoin de concentration, je porte habituellement attention aux petits et grands signaux que l’autre émet pendant une conversation.
Je remarque, par exemple, quand une personne semble peu intéressée ou même agacée. Bien sûr, cela influence la direction que prend l’échange. J’essaie alors de m’ajuster pour faciliter la communication… mais cela ne me convient pas toujours. Et là, je me demande: est-ce une bonne chose de vouloir s’adapter? Ou vaudrait-il mieux simplement poursuivre et nommer le malaise?
Il m’est arrivé, à quelques reprises, d’arrêter de parler pour faire réaliser à l’autre son manque flagrant de respect. Je pense, entre autres, à ces moments où quelqu’un sort son cellulaire en pleine conversation pour y jeter un œil, regarde ce qui se passe autour, ou encore s’engage dans une autre conversation.
Je me souviens d’une situation assez récente: une amie me présente une de ses connaissances. Plus j’essaie d’entrer en lien avec elle, plus je perçois – dans son non-verbal – qu’elle n’a aucunement envie de m’inclure dans le cercle.
Le courant ne passe tout simplement pas. Avec du recul, je me demande pourquoi j’ai tenté de forcer les choses ce jour-là. Qu’est-ce que cela m’a apporté? Son langage corporel était pourtant évident.
Fait intéressant: ce même jour, j’ai échangé quelques mots avec une autre personne, qui semblait d’abord tout aussi fermée. Mais en abordant un sujet précis, j’ai vu son visage s’illuminer. Et là, la connexion s’est faite. Son indifférence s’est transformée en curiosité.
Ce qui me désole, parfois, c’est ma propre réaction. Mon réflexe premier est de me sentir honteuse, comme si j’avais fait quelque chose de mal. Je sais alors que c’est cette vieille croyance qui se réactive: je ne suis pas intéressante. Je redeviens l’enfant timide et insécure que j’étais jadis.
Quand de telles situations se présentent, il est essentiel de se rappeler que nous ne sommes pas responsables de la façon dont les autres reçoivent ou perçoivent nos messages — ni de leur disponibilité, ni de leur manque total d’intérêt.
Pour ma part, j’essaie, de plus en plus, de m’arrêter pour nommer le malaise lorsqu’il surgit. Mais j’avoue que je suis encore maladroite et que mes interventions manquent de douceur.
Je crois que nous avons tous besoin de pratique pour décoder le non-verbal de l’autre et valider ce qui se passe. Trop souvent, nous devenons des moulins à paroles. Nos conversations prennent des allures de monologues.
Je propose donc qu’on se lance des petits défis. Par exemple: lors de la prochaine réunion de travail ou du prochain souper dans la cour arrière, engageons-nous à observer consciemment le non-verbal des gens autour de nous.
Nous risquons d’être surpris de constater à quel point ce que nous disons est parfois moins bien reçu que nous le pensions — simplement parce que nous n’avons jamais pris le temps de lire ou d’analyser les expressions faciales de nos interlocuteurs.
Le fait d’en devenir conscients peut, à lui seul, transformer toute la dynamique.
Jackie B. Hamilton est auteure et blogueuse en éveil de conscience. Découvrez sa bibliographie en visitant son site Web jackiebhamilton.com
LES PROPOS EXPRIMÉS ICI N’ENGAGENT QUE L’AUTEURE ET NE REFLÈTENT PAS NÉCESSAIREMENT LE POINT DE VUE D’UN PSYCHOLOGUE OU AUTRE PROFESSIONNEL DE LA SANTÉ MENTALE.