J’ai eu une drôle de prise de conscience en prenant mon café tantôt. Je réfléchissais au fait qu’il y a une personne que je connais et que j’apprécie beaucoup, mais avec qui je vis une sorte de recul depuis plusieurs mois. La raison est que la façon dont elle se conduit (dont elle est) ne semble plus cadrer avec ce que j’ai envie d’expérimenter.
Mais voilà que je me rappelle tout à coup que ce que je lui «reproche» dans le moment est justement ce que j’appréciais d’elle jadis: le fait qu’elle veut toujours prendre toute la place. Paradoxalement, c’est ce qui la rend intéressante et divertissante.
Je réalise qu’elle n’a pas changé et qu’elle n’a pas à le faire. C’est moi qui ai changé et c’est moi qui dois comprendre ce qui m’arrive et m’adapter.
En fait, la situation n’a probablement rien à voir avec elle, mais elle est le miroir qui me reflète quelque chose que j’ai besoin de savoir et de comprendre par rapport à moi-même.
UNE QUESTION D’ESSENCE
On peut voir ce genre de dilemme souvent. Surtout dans les couples où, au début de la relation, tout est au beau fixe. Puis, le fameux sens de l’humour du partenaire qui nous a tant plu au départ finit par nous agacer et nous demandons à cette personne d’apprendre à se contenir. Nous lui demandons de changer ce qui la définit: une personne spontanée et drôle.
Je ne dis pas ici que nous ne devons pas nous adapter aux autres ou faire des concessions, je dis que nous devrions toujours nous interroger sur le fait qu’il soit possible que ce que nous exigeons de l’autre ait un lien avec son identité profonde.
Bien sûr, si nous partageons un environnement avec quelqu’un qui n’est pas porté sur la propreté, nous sommes en droit de demander un ajustement de ce côté. Mais de demander à un partenaire ou à un ami de modifier un comportement qui constitue l’essence même de ce qu’il est…
Je me rappelle avoir été dans ce fauteuil lors d’une ancienne relation romantique. Au tout début, il m’encensait pour mon talent et ma passion pour l’écriture, puis, quelques mois plus tard, je ne pouvais plus m’installer derrière le clavier sans avoir droit à un regard de mépris. Jugeait-il que je perdais mon temps?
Ne changeons pas ce qui fait de nous ce que nous sommes à moins que ce que nous sommes ne fasse du mal aux autres. Éloignons-nous de ceux et celles qui ne réalisent pas que le malaise qui s’installe en eux leur appartient, tout simplement.
Jackie B. Hamilton est auteure et blogueuse en éveil de conscience. Découvrez sa bibliographie, dont son dernier livre sur les bagages transgénérationnels, et ses cartes de cheminement en visitant son site Web: jackiebhamilton.com
LES PROPOS EXPRIMÉS ICI N’ENGAGENT QUE L’AUTEURE ET NE REFLÈTENT PAS NÉCESSAIREMENT LE POINT DE VUE D’UN PSYCHOLOGUE OU AUTRE PROFESSIONNEL DE LA SANTÉ MENTALE.