Une étude a récemment fait jaser sur les médias sociaux. Des chercheurs ont conclu que la présence de trouble de comportement chez l’enfant peut être expliquée, en partie, par le degré de stress vécu par la mère pendant la grossesse.
La réaction de plusieurs mamans a été plutôt négative. L’étude venait d’être publié que déjà des commentaires tels que: «Bon, ça y est, une autre raison de culpabiliser!» ou «Encore les mères qui sont responsables». Ma formation scientifique m’amène à vouloir faire le point sur l’objectif de ce genre d’études.
Quelques points importants :
- Le stress est une réaction normale de l’être humain. Elle est nécessaire et il est impossible de la supprimer totalement.
- Enceinte ou pas, le stress élevé et chronique a toujours été identifié comme un élément négatif pour le bien-être. Lorsque plusieurs stresseurs sont présents en même temps, cela représente un défi supplémentaire.
- Dans l’étude, on ne parle pas de cause-effet (ex.: si vous vivez du stress, votre enfant aura assurément des problèmes de comportements), mais bien de phénomène potentiellement observé (il est possible que les enfants de certaines femmes vivant certains stresseurs pendant la grossesse aient des troubles de comportement).
- Chaque étude a des limites, et les chercheurs en sont bien conscients. Par exemple, l’étude en question a identifié les conflits conjugaux pendant la grossesse comme stresseurs. Est-ce que ce le climat de conflits est toujours présent plusieurs années plus tard? Si oui, il est possible qu’au-delà du stress de grossesse, ce soit l’ambiance familiale qui explique davantage la présence de trouble de comportement chez l’enfant.
Bref, plusieurs nuances peuvent être amenées aux conclusions qui ont été rapportées dans l’étude et dans les articles de journaux.
Culpabilisantes les études?
Il est estimé que nous sommes 7,55 milliards d’humains sur la planète. Tous ces gens sont influencés par leur génétique, leur environnement, leur culture, leurs histoires personnelles, leur statut socio-économique, etc. Ainsi, il est tout simplement impossible de faire des études rapportant des certitudes. Ce sont plutôt des observations sur des échantillons précis que l’on peut plus ou moins généraliser au reste de la population. Le domaine de la psychologie amène d’autant plus son lot de défis considérant qu’il faut également prendre en compte l’expérience subjective, et unique, de l’humain. Bref, avant de culpabiliser, gardez toujours en tête cette perspective pour nuancer ce qui vous est présenté.
Mais pourquoi toujours des études sur la mère?
Il est vrai qu’il y a un déséquilibre lorsque l’on compare le nombre d’études portant sur la mère vs le père. Je ne vous apprends rien en vous disant qu’historiquement, les femmes étaient destinées à être responsables de la famille alors que les hommes devaient se concentrer sur la sécurité financière. Ainsi les chercheurs, en concordance avec leur époque, se sont toujours plus intéressés au rôle de la mère sur l’enfant.
Heureusement, les temps ont bien changé. Le rôle du père est de plus en plus étudié, autant pendant la grossesse qu’après l’accouchement. La recherche a justement permis de prendre conscience du rôle du père pour chaque étape de la vie de l’enfant.
Est-ce que les études sont vraiment nécessaires?
Je suis biaisée, mais oui! Ce genre d’études permet d’analyser et comprendre ce et ceux qui nous entourent. Elles mettent en lumière où l’aide est nécessaire: qui sont les familles vulnérables? De quoi ont-elles besoin? L’étude en question peut être un levier pour influencer les entreprises qui pourraient exposer certaines employées à des postes trop stressants par exemple. Ou encore, aviser le gouvernement des politiques sociales à mettre en place pour favoriser le bon développement des familles. Pour les familles, les recherches peuvent sembler culpabilisantes, mais elles permettent surtout d’être informées pour favoriser certains changements lorsqu’ils sont nécessaires.
Au final, il est important de relativiser les études. L’important est surtout de voir si une parcelle de ce qui est rapporté peut s’appliquer à vous. Peut-être qu’une prise de conscience sur certains aspects de votre vie en découlera… ou pas!