Faites-vous partie de celles et ceux qui ont profité de la pandémie pour adopter et chérir de nouvelles plantes?
Il faut l’avouer, l’engouement pour les plantes ne date pas d’hier puisqu’en 2018, sur Instagram, le mot-clic «plantsofinstagram» a facilement détrôné les «foodies», captivant toute une nouvelle génération avide de likes et de feeds Instagram parfaits! Grâce à leur texture, leur forme et leurs couleurs éclatantes, les plantes deviennent aujourd’hui des éléments déco incontournables encore plus importants que les meubles, coussins ou les toiles… en plus d’ajouter de la vie, de purifier l’air ambiant et d’augmenter le bien-être de toutes et tous!
Alors que les ventes de plantes intérieures et extérieures, tout comme l’attrait envers les potagers, ont explosé au cours des derniers mois, il est primordial de comprendre les besoins de vos nouvelles amies si vous souhaitez faire un long bout de chemin avec elles. Et c’est exactement là que l’horticultrice Mélanie Grégoire entre en scène! Auteure du livre Les quatre saisons de votre potager, Mélanie nous revient en force avec un nouvel ouvrage pratique qui plaira aussi bien à celles et ceux qui n’ont pas le pouce vert qu’aux expertes et experts en la matière. Richement illustré, Plantes vertes, une jungle entre quatre murs présente, outre les bases de l’horticulture intérieure, plus d’une centaine de plantes classées selon leur besoin en lumière et leur degré de difficulté d’entretien, regroupant les principales catégories: plantes vertes, fougères et broméliacées, plantes à fleurs, cactus et succulentes, etc. On y trouve des trucs et conseils pour chacune d’elles et des suggestions de variétés uniques. En prime, un index illustré et un tableau de sélection pour trouver en un clin d’oeil les plantes qui sont faites pour vous!
Mélanie, quel était le mot d’ordre pour ce nouveau livre?
J’aime faire des livres qui vont être utiles aux gens. J’ai besoin de ça dans la vie, moi, de me sentir utile! Il y avait tellement de gens autour de moi qui me disaient qu’ils n’avaient pas le pouce vert et qu’ils n’étaient pas capables de garder une plante dans la maison. Quelqu’un m’a même dit un jour que d’avoir une plante verte, c’était trop de responsabilités… et cette personne-là a deux jeunes enfants (rires). Je lui ai répondu: «Voyons donc! Ça ne se peut pas! Il y a un problème!» Je n’y croyais pas! Le problème, c’est que l’on choisit souvent une plante qui est hors de notre ligue, qui est trop difficile pour les connaissances que l’on a… Puis, ça, ça s’acquiert avec le temps! Donc, il faut que tu en aies cultivé quelques-unes et il faut commencer avec les plus faciles! C’est vraiment comme ça que j’ai monté mon livre. Je crois que la première cause de mortalité des plantes, c’est que l’on ne les place pas au bon endroit. On utilise nos plantes comme éléments de décoration, et c’est correct, mais on prend la plante et on ne se demande pas quel est son besoin en lumière… On la met dans le coin du salon et on la voit dépérir, mais on ne fait rien. On la laisse là! C’est pour ça que j’ai divisé le livre en type de luminosité (excellente, moyenne, faible). La deuxième chose, selon moi, c’est l’arrosage. Nous, en bon Québécois, on a tendance à noyer nos plantes (rires)!
Justement, comment fait-on pour savoir si notre plante a soif?
C’est là que l’expérience entre en ligne de compte! Parce que, de base – je le dis toujours -, mieux vaut laisser sécher une plante que de trop l’arroser. Il y a des trucs! Moi, j’y vais au poids. Si vous soulevez votre plante et qu’elle est légère, c’est peut-être le temps de l’arroser. Sinon, il faut se salir les mains. On rentre notre doigt dans la terre et il faut que ce soit sec au moins à la première phalange.
Les plantes sont synonymes de famille pour toi. Ta sœur et toi avez d’ailleurs chacune un bébé du Crassula de votre père que vous gardez précieusement pour avoir la chance de le transmettre à votre tour à vos enfants!
Le Crassula de mon père, il l’a acheté quand il a fait ses études en horticulture lorsqu’il avait 20 ans; il en a maintenant 70 (la plante a donc 50 ans!) et elle a toujours été dans la salle familiale. Pour une plante de 50 ans… elle est MAGNIFIQUE! Le tronc est énorme et c’est superbe! À un moment donné, ma soeur et moi avons essayé de tirer la couverte de notre bord et d’avoir en héritage précoce le Crassula, parce qu’il est vraiment beau et on le voulait dans nos maisons respectives. Mon père s’est alors tanné et nous a fait chacune une couture. On a maintenant chacune notre plante rejeton du Crassula familial. Éventuellement – j’espère, en tout cas, dans 15-20 ans -, je vais sûrement en refaire une couture pour mes garçons!
Avec l’été et l’air climatisé qui fonctionne à plein régime pendant les nombreuses canicules, comment fait-on pour que nos plantes ne meurent pas?
L’air climatisé, ce n’est pas si pire, honnêtement! Ça tempère. Ce n’est pas de la glace que ça crache… Mais, ça assèche le feuillage! Donc, il faut simplement s’assurer de ne pas mettre l’air climatisé directement devant la plante. Il faut garder au moins un mètre de dégagement. Je compare souvent les climatiseurs avec les calorifères l’hiver… Ne mettez pas votre plante directement en dessous, ça va l’assécher! C’est drôle, parce que les plantes, l’air sec, c’est une porte pour les petites bibittes, comme les araignées rouges, qui tissent des toiles sur nos plantes. Dans ce temps-là, si on n’a vraiment pas le choix de la laisser là, ce que l’on fait, c’est que l’on prend simplement un petit vaporisateur avec de l’eau, et 2-3 fois par semaine, quand l’on passe à côté, on lui donne un petit peu d’eau au niveau du feuillage!
Avec la pandémie, la vente de plantes a explosé. Comment fait-on pour garder nos bonnes habitudes lorsque la routine va reprendre?
Premièrement, les plantes, ce n’est pas une job à temps partiel (rires)! C’est agréable, prendre soin d’une plante. Il faut que ce soit un beau moment dans votre semaine. Je vous dirais qu’au mois de septembre, ça va être encore plus facile, parce que malheureusement, ça va être signe que l’hiver s’en vient. Donc, il faudra espacer les arrosages! La fois que vous l’oublierez, ce sera parfait! L’arrosage estival et l’arrosage hivernal, ce n’est pas la même chose. L’été, il fait 30 degrés, les fenêtres sont ouvertes et il y a de l’aération. L’hiver, on est plus encabanés, il y a moins de choses qui bougent, le soleil est présent beaucoup moins longtemps; donc, les plantes vont avoir besoin de moins d’eau. C’est alors parfait que la routine retombe au mois de septembre et que l’on oublie un peu nos plantes… Ça va leur faire du bien! Sinon, les gros soins de plantes, tels le rempotage, la douche annuelle et le nettoyage des plantes, ça se fait davantage au mois de mars. On va tous avoir pu reprendre notre rythme habituel et on va avoir le temps de s’en occuper bien comme il le faut.
Mythe ou réalité: avoir des plantes dans la chambre à coucher peut-il être nocif pour la santé?
Mythe! C’est complètement faux, mais c’est très bien ancré. Ce serait le fun de savoir d’où ça vient, ce mythe-là. À une certaine époque, il y avait le même mythe dans les hôpitaux et ils sortaient les plantes des chambres, pour être certains que les malades ne meurent pas asphyxiés. Oui, on peut en mettre autant que l’on en veut dans notre chambre. J’en parle dans mon livre plus en détails!
Mythe ou réalité: certaines plantes sont toxiques pour nos animaux?
C’est vrai! J’ai fait une section «Plantes amies des animaux» pour être dans le positif… C’est mieux de parler des plantes amies des animaux que des plantes toxiques (rires)! Par contre, à la fin, dans le tableau de sélection des plantes, j’ai mis les plantes toxiques. Certaines sont effectivement à laisser de côté si l’on a des animaux ou de jeunes enfants!
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Mythe ou réalité: est-ce vrai qu’il ne faut pas acheter des plantes dans les grandes surfaces, car elles ont des petites bibittes qui vont contaminer nos autres plantes à la maison?
Malheureusement, même les centres de jardin spécialisés ne sont pas plus à l’abri. Peu importe où vous achetez votre plante… Je vous dirais qu’il y a des places, comment dirais-je, qui sont plus pointilleuses. À un moment donné, on se fait des habitudes: prenez le temps qu’il faut de l’examiner pour ne rien ramener à la maison. Parce que vous ne voulez pas vous retrouver avec la cochenille: elle est blanche et assez facile à identifier, et elle est difficile à se débarrasser. Donc, prenez le temps de bien regarder votre plante avant de l’acheter, peu importe où vous l’achetez!
Mythe ou réalité: est-ce vrai que l’aloe vera guérit les bobos?
Ouiii! Ma mère me badigeonnait d’aloes toute ma jeunesse! Elle a abusé (rires)! Ça m’a pris du temps avant de me réconcilier avec l’aloes à cause de ça. J’en ai une grosse à la maison maintenant, mais ça m’a pris des années avant d’en adopter une. Mais, oui, c’est une excellente plante à ouvrir et à mettre sur nos petites égratignures. Le truc, je le donne quand même: si vous avez un aloes dans la maison, quand vous commencez à utiliser une feuille, utilisez toujours la même, jusqu’à ce qu’elle soit finie et que vous soyez rendue au bas de la plante. Ne commencez pas à en prendre à chaque bout de tige, parce que ça ne repousse pas… Je le dis parce que je l’ai déjà vu (rires)!
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Les terrariums ont la cote ces temps-ci en décoration et sur Instagram! Quel est le secret pour avoir un terrarium qui va rester beau et en santé à long terme?
C’est de mettre les bonnes plantes dedans! Et de mettre des plantes qui ont les mêmes besoins. Il y a deux sortes de terrariums: des terrariums humides ou des terrariums secs. Vous ne pouvez pas mélanger les deux. Quelqu’un ne survivra pas (rires)! C’est le choix des plantes qui fait foi de tout. Il faut absolument prendre des plantes qui ont les mêmes besoins.
Quand faut-il nettoyer nos plantes?
Moi, habituellement, ça se fait au mois de février! Pourquoi le fais-je au mois de février ou mars? C’est parce que la photopériode s’allonge… Donc, la période lumineuse du jour devient plus grande, et c’est ainsi un bon moment pour le faire. On prend chiffon et eau! Attention: certains prennent de l’huile ou du beurre pour faire reluire les feuilles, mais il ne faut vraiment pas faire ça. Ça bouche les pores de la plante!
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Mon salon a l’air d’une photo Instagram!!! #plantesvertes #shooting
Si notre maison ou notre appartement est plutôt sombre, quelle plante devrait-on prendre?
Le Zamioculcas, parce qu’elle est ultra-facile à cultiver! Il faut tout de même avoir un minimum de luminosité! Le truc que je donne, c’est que si tu es capable de lire un livre sans avoir besoin d’éclairage artificiel, tu peux cultiver une plante. Maintenant, il faut que tu cultives la bonne plante! Le Zamioculcas, qu’on appelle aussi la plante ZZ, est parfait… Si vous réussissez à tuer un Zamioculcas, c’est simple: il faut que vous m’appeliez pour me raconter votre histoire (rires)!
Avec les vacances d’été qui approchent (et habituellement quand on part en voyage en dehors du pays), comment fait-on pour que nos plantes ne meurent pas?
Ça dépend évidemment quel type de plantes vous avez. Ça dépend aussi combien de temps vous partez. Si vous partez une semaine, il n’y a pas de problème. Vous l’arrosez abondamment avant de partir… Même si elle a soif à votre retour, vous l’arrosez! Le truc, parfois, parce que quand l’on part longtemps ou qu’il fait très chaud, c’est que la terre va décoller du pot. Je ne sais pas si tu as déjà vu ça? Il va comme y avoir un jour de quelques millimètres entre le pot et la terre. Ça va vraiment décoller du pot, parce que la terre va s’être asséchée. Il faut que la terre puisse reprendre son expansion. Le truc, lorsque l’on revient, c’est de mettre les plantes qui ont vécu ce phénomène dans le bain ou dans l’évier et les laisser dans 2-3 pouces d’eau, et ce, pendant 15-20 minutes, le temps que la terre se regorge d’eau et reprenne son expansion. Sinon, quand l’on arrose, on dirait vraiment que ça passe au travers, et c’est exactement ça que ça fait! L’eau n’est pas aspirée par le terreau, en quelque sorte. Si vous avez l’habitude de partir des week-ends ou de partir souvent, dans la section «Plantes du bureau», parce que c’est un peu la même chose, ce sont des plantes qui vont tolérer facilement des 2-3 semaines sans arrosage. Le Crassula de mon père, par exemple, tu peux l’oublier 2-3 semaines et ça ne lui dérange pas. Toutes les plantes grasses, ça ne les stresse pas trop. La fougère, par contre, ça se peut qu’elle s’en rappelle un petit peu plus (rires)!
Le mot de la fin?
J’ai peut-être un petit conseil: pour les débutants, regardez les plantes que j’ai classées, difficulté 1 ou 2 maximum, et faites-vous la main, amusez-vous! C’est facile avoir une plante. Je ne sais pas comment le dire autrement, mais une plante de maison, ça rend heureux! Ça n’existe pas le pouce vert… Si on n’aime pas ça ou que le succès de sa plante laisse à désirer, c’est simplement parce que l’on n’a pas choisi la bonne; vous êtes tombée en amour avec une plante qui était «out of your league». Restez dans vos capacités, et dans 5 ans, là, on ira peut-être vers une plante qui est plus difficile. Mais, des plantes faciles, il y en a des super belles! Il ne faut pas penser que parce qu’elles sont faciles, elles sont laites (rires)! Il y a toute une variété. Je propose également au-dessus de 100 plantes dans mon livre, qui sont faciles à trouver. Quand elles ne sont pas faciles à trouver, je le dis dans la description. Bref, c’est un monde à découvrir… Amusez-vous!
Qu’est-ce qui s’en vient pour toi dans les prochains mois?
Présentement, je suis vraiment axée famille, puisque je viens d’avoir mon deuxième enfant prématurément. Pour moi, ça a vraiment été un choc… Donc, pour l’instant, j’y vais une journée à la fois. Je ne suis pas capable de te dire actuellement ce que je vais faire dans trois mois (rires). Ça va dépendre comment va mon garçon. Sinon, avant ça, je t’aurais répondu que je voulais justement faire un livre pour jardiner avec les enfants. J’en ai un plus vieux de 2 ans et j’ai tellement de fun avec lui dans le potager! Ça va probablement être l’un de mes prochains projets. Sinon, j’ai toujours ma page Facebook et mon site Web, qui s’appelle Mjardiner. Chaque samedi matin, et encore aujourd’hui, on est en direct de mon potager pour aider les gens. Surtout que là, les gens ont commencé à faire un potager, mais malheureusement, pour certains, c’est la première fois et ils ne savent pas comment faire. Je leur montre donc quoi faire, quoi ne pas faire, les insectes qui arrivent, etc. Alors je poursuis dans ces veines-là tout l’été!
Plantes vertes, une jungle entre quatre murs de Mélanie Grégoire, qui paraît aux Éditions Québec Amérique, est disponible dès maintenant en ligne (24,95$) et en librairie!
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