Si quelqu’un a le pouce vert, c’est bien elle! Fée magique du jardin, Marthe Laverdière sème la magie partout où elle plante… sauf une fois, avec ses fameux concombres! C’est donc avec bonheur qu’on découvre sa nouvelle bible de jardinage, Jardiner avec Marthe 2 – Virons pas fous!, dans lequel elle nous livre ses précieux secrets et conseils de jardinage, ainsi que des anecdotes de son cru tout aussi savoureuses.
Fidèle à elle-même, la pétillante horticultrice mêle astuces et souvenirs, coups de gueule et coups de cœur, dans des récits où il est question, encore une fois, de vie, de mort, de sérénité, d’enjeux planétaires, mais aussi de tiges fendues et de perce-oreilles dans le «rack à jos». De ses conseils judicieux pour réussir son potager bio en campagne ou en ville à ses recettes patrimoniales, en passant par l’art de chasser les marmottes du jardin ou de construire des abris à crapauds, Marthe renseigne, amuse, séduit et émeut.
Marthe, avec votre premier livre, vous vous êtes beaucoup confiée, dévoilée, pour vous faire connaître du public. Votre deuxième livre est plus un livre «de partage», comme vous l’appelez!
Ce que je veux montrer aux gens depuis toutes les années où je fais de l’horticulture, ce n’est pas tellement les variétés de fleurs, mais c’est plus de transmettre ma passion pour un mode de vie! Vous savez, être près de la nature, c’est un mode de vie plus zen, moins stressant, plus lent, et très plaisant aussi. Dans le jardin, le stress n’existe pas, car vous ne pouvez pas faire pousser vos fleurs et légumes plus vite! Donc, de cette façon-là, oui, je le vois comme un livre de partage.
Vous racontez d’entrée de jeu dans le livre que vos fameux concombres vous ont sauvé la vie! Pourquoi ça?
Oui (rires)! Quand je suis entrée dans ma serre un matin et que j’ai vu que mes 250 plants de concombres étaient tous morts (il en restait seulement deux de vivants), j’ai réellement paniqué. Je me suis dit: «Oh mon dieu, qu’est-ce qui se passe là?» Immédiatement, je me suis dirigée directement vers l’hôpital parce que je savais qu’il se passait quelque chose, il devait y avoir quelque chose. Après chaque saison de serre, je faisais toujours du repiquage et ça fonctionnait toujours… toujours! Quelque chose clochait! Je suis allée voir du côté de ma santé, et oui, j’avais besoin d’y aller… mais, je n’avais pas de symptômes de tumeurs sur la thyroïde. Aucun. Du tout, du tout!
C’est comme si vos concombres vous avaient en quelque sorte parlé, finalement?
Mes concombres m’ont vraiment parlé… ils m’ont sauvé la vie! Je pense que ça m’a marquée de les voir comme ça, de voir ces petits êtres vivants raides morts – puisque les plantes sont des êtres vivants aussi – et c’est à ce moment que je me suis dit: «Est-ce qu’ils ont senti quelque chose? Est-ce qu’ils ressentent quelque chose que je ne ressens pas?» Et je ne suis pas la première à qui ça arrive. J’ai parlé avec d’autres personnes auxquelles des faits similaires sont arrivés. Je pense que ce soit un animal, une plante, un être humain; tout ce qui vit peut ressentir des choses. J’ai réellement pensé ça, et regarde, ça m’a été très utile de penser ça (rires)! Ok, on a dû penser que j’étais un peu folle quand je suis arrivée à l’urgence pour avoir un examen complet, mais ça, c’est une autre histoire!
Un peu comme tout le monde, vous avez été habituée à vivre à 100 km/h. Vous vous en demandiez trop et vous avez confié que vous avez fait une dépression qui a duré 3 ans. Vous dites que pour vous sortir de la maladie, vous vous êtes simplement reconnectée avec le VRAI jardinage. C’est quoi, le «vrai» jardinage?
Le vrai jardinage… Tu sais, de nos jours, beaucoup de gens jardinent d’une façon qui n’est pas vraie. Par exemple, on veut que ça pousse très très vite, donc on les bourre d’engrais chimiques. On plante un arbre, mais on veut qu’il soit gros le lendemain. On n’a plus de patience pour attendre les choses. Moi, ce que le jardinage m’a montré dans ma dépression, c’est que le temps arrange tout! Il faut se donner du temps… ce que je ne me donnais pas avant. Je me disais que je n’avais pas besoin de pilules, que je n’avais pas besoin de médecins, que je pouvais me guérir moi-même. Mais, j’avais oublié quelque chose: la vitesse dans la maladie, c’est comme dans la nature, elle n’existe pas! Il faut faire notre temps là-dedans aussi. Dans la dépression, je pense qu’il faut atteindre le fond… Moi, j’ai vu la dépression comme lorsqu’on saute dans une grosse piscine. Il faut que tu descendes jusqu’au fond pour pouvoir te donner une swing avec tes pieds et remonter. J’ai réalisé réellement que le temps arrange tout, mais il fallait que je me donne du temps! Ce n’est pas à courir et à se brûler avec toutes sortes d’affaires qu’on devient heureux et qu’on se guérit. Il faut trouver son rythme et vivre le plus possible dans le présent: quand on est l’hiver, on a hâte à l’été. On est rendus l’été, on a hâte à Noël. Tu regardes dans les magasins en juillet et les articles pour l’école sont sortis! On est en août et les décorations d’Halloween sont là. Tout est trop vite! L’être humain n’est pas fait pour ça, je pense.
Avec votre dépression, vous avez justement appris à vivre dans le présent… vous qui viviez et planifiez toujours dans le futur!
Je ne vivais que dans le futur! On voit beaucoup de gens qui vivent dans le passé, mais moi, j’étais une fille qui ne vivait que dans le futur. Je prévoyais tout le temps! Je vivais à 3 ans d’avance, ce n’est pas compliqué! Avec cette maladie-là, je me suis rendu compte que la Marthe qui était malade, elle vivait dans le présent, et je l’avais oubliée. Je l’avais mise de côté cette femme-là. Je ne voulais pas nécessairement la rencontrer. J’aimais plus être la Marthe femme d’affaires, qui sait où elle va, qui n’a pas peur de rien. La Marthe fragilisée, la Marthe fatiguée, la Marthe qui parfois ne savait pas quoi faire, je ne voulais pas être cette Marthe-là. Donc, je fuyais le présent, mais quand j’ai réalisé que c’était elle qu’il fallait que je retrouve, j’ai réellement mis les freins dans ma vie et j’ai regardé ce que j’étais. Je pense que tout être humain est composé de trois personnes: 1) on est la personne qu’on veut que nos enfants, notre famille et nos amis voient, 2) on est la personne qu’on souhaite que les gens voient au travail et 3) la vraie personne, la personne réellement à nue qu’on est, souvent on va la mettre de côté, parce qu’elle est fragile. On ne veut pas nécessairement la voir. C’est dans le moment présent qu’on la voit, finalement. Quand tu te coupes des autres êtres humains et que tu te retrouves seule avec toi-même et que tu te regardes dans le miroir, tu te demandes ce qui ne va pas. Et quand j’ai retrouvé cette femme-là, ça m’a pris trois ans à la remettre debout… mais j’ai réussi! Mes concombres sont maintenant très beaux et ma vie est très belle (rires)!
On comprend que vous êtes formellement contre les engrais chimiques dans votre livre. Quelles seraient les alternatives que vous proposeriez pour compenser?
La première alternative pour nourrir votre sol, sans engrais chimique, c’est de ne pas traiter votre cour comme une pièce de votre maison. Il faut laisser des détritus végétaux dans votre terre. Par exemple, vos feuilles à l’automne que vous ramassez ou lorsque vous passez la tondeuse, on peut déchiqueter tout ça et les enterrer dans votre terre. La nature fait sa propre terre, ses propres engrais depuis des millions d’années, en pourrissant. Ce sont des déchets qui pourrissent, comme dans le bois, quand un arbre tombe. L’arbre pourrit et nourrit les autres arbres de cette manière. On a tendance à traiter notre cour comme une pièce de notre maison en voulant que ce tout soit propre et que rien ne traîne. Mais c’est là qu’on appauvrit notre sol. La première chose à faire, c’est de retourner à la bonne vieille méthode de laisser la nature se faire d’elle-même. Avec ça, tu n’as pas besoin de bébelles d’engrais, parce que ça se fait tout seul!
J’ai vu aussi que vous conseillez des insecticides (à la rhubarbe) et des herbicides maison (au vinaigre salé)!
Oui! Les feuilles de la rhubarbe, c’est mortel. On mange le bâton mais la feuille, elle est mortelle. C’est pareil pour les insectes. Quand tu fais bouillir ça, moi je rajoute de l’ail en plus, ça aide énormément pour les mauvais insectes. Ça les fait mourir. Je me dis toujours qu’il est mieux de commencer par une alternative naturelle. On a tendance à partir tout de suite avec des gros produits chimiques et on arrose, on arrose et on arrose… mais, on ne se rend pas compte qu’en arrosant, on tue non seulement les bons insectes, mais ça rentre aussi dans le sol, ça tue les vers de terre. L’oiseau arrive, gratte dans la terre et trouve un ver mort, il le mange et il s’empoisonne! Et puis là, un chien peut manger un oiseau empoisonné et le chien tombe malade… Il faut vraiment comprendre que lorsqu’on met des produits comme ça et qu’on pollue, on part des événements en chaîne. C’est important de le comprendre. Et en tant que consommateur, c’est à nous de choisir les bons produits. Si on ne choisit plus les mauvais produits, ils vont disparaître du marché, parce que justement les compagnies ne les vendront pas. Et elles veulent faire de l’argent ces compagnies-là! Je dis toujours qu’on est beaucoup plus puissants que le gouvernement pour ça. C’est le consommateur qui fait tout dans ce marché-là.
Avec les étés caniculaires tels que l’on a et les hivers de plus en plus froids, comment fait-on pour avoir des jardins en bonne santé?
Si on a des étés comme l’année passée, où il a manqué beaucoup d’eau, moi je dis toujours de pailler vos jardins: ça va atténuer les conséquences d’une canicule, le réchauffement et le dessèchement du sol et ça va retenir les eaux de pluies, quand il va enfin pleuvoir. Moi je mets toujours de la paille, de la tonte de gazon et des feuilles. Pourquoi? Parce que ça nourrit mon jardin, ça aide la rétention d’eau, ça protège les racines du soleil et c’est merveilleux!
Pour ceux qui n’ont pas de jardin ou de cour et qui voudraient tout de même se faire pousser des légumes, qu’est-ce que vous leur conseilleriez?
Je dis toujours: si vous êtes sur des galeries ou des balcons, il se vend des beaux bacs dans l’industrie pour en faire… mais ils sont hyper dispendieux. Et souvent, les gens achètent ça sans savoir s’ils vont aimer jardiner. Je dis toujours d’aller se chercher des bacs de rangement en plastique dans des magasins grande surface. Vous prenez les gros bacs et vous faites des trous dans le fond avec une perceuse. Vous allez casser du styromousse ou vous pouvez mettre des petits cailloux, avec une épaisseur d’un pouce dans le fond, pour faire un drainage, et vous allez mettre votre terre et votre compost dans le bac. Vous allez planter là-dedans. Pour que ça ne dégoûte pas sur votre galerie, prenez un couvert et envoyez-le en-dessous. Ça fait des bacs à 5$ ou 6$ et vous pouvez jardiner là-dedans pareil! Si vous voyez que vous aimez ça et que vous voulez avoir des beaux bacs décoratifs, à ce moment-LÀ, vous pouvez allez en acheter des plus dispendieux!
Que conseillez-vous à ceux qui veulent jardiner en famille, avec leurs enfants?
Si vous jardinez avec des enfants, la première fois, commencez avec des choses qui poussent vite. Parce que l’enfant, n’ayant pas la notion du temps, de la nature, il va vouloir voir le résultat assez vite. Vous pouvez donc faire pousser de la salade, des radis, des tomates cerises, des petits pois, des épinards, des tournesols… quelque chose qui lève rapidement, qu’il va pouvoir manger vite. L’enfant pourra également voir le résultat de son action rapidement et il va aimer ça au boute! Si vous faites des jardins en pleine terre avec les enfants pour la première fois, soyez indulgents. L’enfant, parfois, va déraciner le plan ou il va piler dessus. Si vous pognez les nerfs tout de suite, vous allez faire en sorte que l’enfant associe dans sa tête le jardinage avec une maman qui n’est pas contente. Il faut donc être indulgent et montrer les rudiments du jardinage tranquillement. Il doit apprendre le respect de la terre. On lui explique au lieu de le chicaner et vous allez voir que ça va bien aller! Et lorsqu’il fait un bon coup, que quelque chose qu’il a planté a enfin poussé, montrez-lui et dites-lui que c’est grâce à lui… que grâce à lui, on peut se faire une bonne salade ce soir!
Vous avez mis sur pied une fondation en l’honneur de votre petite-fille Jeanne. Pouvez-vous m’en parler?
C’est la Fondation Marthe Laverdière pour venir en aide aux familles qui ont, comme nous, un enfant qui a un handicap lourd. Jeanne a le syndrome de Rett atypique. Jeanne ne marche pas, ne parle pas, elle est gavée. Le vivant nous-mêmes, on s’était dit que c’était beaucoup moins souffrant de le vivre à plusieurs que seuls.
Le projet est encore en branle?
Oui! On a commencé à rencontrer les parents au mois de mars. On a une autre rencontre au mois de juin. Ce qu’on veut faire, c’est de payer pour que les parents puissent avoir du répit à la maison pour commencer. Ceux qui n’ont pas les moyens d’avoir des soins au privé, par exemple, l’ergothérapie, la physiothérapie, on est prêts à les aider pour ça. Et étant aussi massothérapeute, d’autres massothérapeutes et moi sommes prêtes à donner du temps pour masser les enfants ET les parents. Parce qu’on sait que les parents sont exténués. Les enfants sont souvent aussi raides raides raides, puisqu’ils ne marchent pas et ne bougent pas beaucoup. On a la chance aussi d’avoir des spas, et ils y ont accès gratuitement. On a un chalet, dont je parle dans le livre, en arrière de la maison, qu’on leur prête aussi gratuitement quand ils ont besoin d’un moment de tranquillité avec leur enfant. Je pense que c’est toujours apprécié!
Finalement, vous donnez aussi des conférences et des spectacles!
Ouiiii (rires)! J’adore ça! Ça a commencé quand une femme m’a appelée en 2016, suite à mes capsules vidéo, pour aller faire un show d’humour. Dans ma tête à moi, je me suis dit que je n’étais pas humoriste, que je ne savais pas comment faire ça! Ils m’ont alors dit, dans le temps où Jeanne avait besoin de physiothérapie au privé, qu’ils me donneraient des sous pour la petite! J’ai donc accepté. Ce qui est drôle, c’est que je pensais que les autres humoristes montaient sur scène et racontaient leurs histoires, sans texte. Et c’est ça que j’ai fait! Quelque temps après, et je l’ai fait plusieurs fois, comme mes conférences, on m’a demandé qui écrivait le texte… Je leur ai dit qu’il n’y avait pas de texte, que c’étaient toutes des anecdotes vécues, que je n’avais pas besoin de texte. C’est là que j’ai appris qu’habituellement, l’humoriste écrit ses textes, ensuite part en rodage… et ainsi de suite! Je ne sais pas pourquoi les gens ont tant aimé ça venir me voir, je suis probablement une bonne conteuse. Je pense qu’à l’âge où je suis rendue, il m’en est arrivé une maudite shot d’anecdotes! J’en ai pour plusieurs shows d’avance (rires)! Quand je donne un spectacle, je dis toujours aux gens: «on se fait-tu deux heures de fun ensemble?» On laisse nos problèmes sur le bord de la porte et on rit. Moi, même si je suis sur la scène, je ris autant qu’eux, et quand j’ai le goût de rire, je pars à rire avec eux!
Maintenant, je veux simplement que ma vie soit simple! Je ne veux rien de compliqué, rien de contraignant, je veux avoir du plaisir avec les gens. Depuis que je donne des shows et des conférences, je réalise que beaucoup de gens ont besoin de ça aussi, de ne pas se prendre trop au sérieux et de ne pas se poser trop de questions. À un moment donné, est-ce qu’on peut juste être des humains qui ont du plaisir, être ensemble, et c’est tout? Je suis rendue là et au nombre de gens que je rencontre, je m’aperçois qu’il y a une maudite gang qui est à la même place que moi, qui a envie d’avoir du fun!
Jardiner avec Marthe 2 – Virons pas fous!, qui paraît aux Éditions de l’homme, est disponible dès maintenant en ligne (24,95$) et en librairie!