Cet été, je suis devenue pour quelque temps une femme de feu. Je suis arrivée par les airs, dans cet espace sans aucune trace d’eau, au milieu du désert. J’ai fait sonner le gong des nouveaux visiteurs et ai reçu mon baptême du sable à Burning Man. J’avais l’impression que tous les éléments s’étaient rassemblés pour que je puisse y vivre une expérience hors du commun.
Vous avez entendu parler de ce rassemblement très artistique et un peu wild qui dure une semaine dans le désert de Black Rock City, au Nevada, juste à côté de la Californie? Oui, c’est là qu’il y a eu des tempêtes de sable, que des files de gens attendent parfois des heures dans la boue jusqu’aux genoux pour quitter le site et bien plus. Ma première expérience a été tout autre. J’ai vécu un émerveillement, une joie constante de découvrir autant de créativité dans un seul endroit.




L’homme ultime
Je peux dire aujourd’hui que ce Burning man, c’est mon homme. Il est un peu beaucoup hippie, très nature avec son glamping et sa philosophie du vivre-ensemble hors du commun. Il est grand, échevelé par la musique incessante des DJ venus de partout à travers le monde pour y jouer gratuitement, car rien ne se paye en argent là-bas. Tout est une offrande à l’audace de l’événement, qui dure depuis 1986. Mon homme de feu est divertissant à souhait, avec ses cars illuminés et multicolores qui roulent sur la playa à 5 km/h toute la nuit, les vélos qui s’entrecroisent et, surtout, avec son esprit de partage hors du commun. Son love language, c’est le mien: celui du service mutuel, et j’ai complètement craqué pour lui.
En fait, je retournerais le voir chaque année si je pouvais, mais même si ce n’était que pour l’édition 2025, notre première rencontre fut réussie! Tout cela a été organisé de main de maître par mon amie Jessica, qui est comme une génératrice d’électricité sur laquelle je peux me brancher quand j’ai besoin d’inspiration. Elle a tout organisé en deux semaines top chrono! Un vrai cas de «qu’est-ce que tu fais pour ta fête, Mitsou? As-tu un plan? Sinon j’en ai un pour toi!» Nous sommes parties ensemble toutes les deux, mais sommes revenues avec de nouvelles connaissances ou, puis-je m’avancer, avec de nouveaux amis pour la vie (Allo Alex! Allo Joe)!
Les meilleurs moments de cette aventure sont de m’être sentie complètement libre, comme un jeune garçon de 13 ans sur son vélo avec sa gang de chums, roulant vers les découvertes que le jour ou la nuit promettaient. Nous étions complètement exaltés, les yeux remplis de promesses et des lumières accrochées à nos vélos pour se retrouver dans la noirceur du désert la nuit, riant et roulant sur des kilomètres tout autour du campement. Puis il y a toutes ces installations d’art visuel que l’on croise. En plus des œuvres d’artistes spécialement créées pour l’occasion, un temple pour y laisser nos peines, et la fameuse structure soutenant un homme de bois géant que l’on fera brûler à la fin de la semaine. Car autant le désert est rempli d’art, de gens venus de partout, autant à la fin de l’événement, tout doit être ramassé et chacun est responsable de ce qu’il y apporte: les paillettes et les plumes sont d’ailleurs interdites sur les costumes pour ne pas risquer de laisser tomber des détritus sur le sol. À la fin, nous devons tous faire un travail communautaire pour remettre le campement et la plage dans son état naturel.

Un vif sentiment de communauté
Je vous raconte d’ailleurs quelque chose de rigolo: l’avant-dernière journée, j’ai demandé au responsable d’un endroit que j’avais particulièrement adoré s’il avait besoin d’aide pour remballer son installation. C’était un bar extérieur où l’on servait (gratuitement, je le rappelle) le meilleur café le matin avec des déjeuners constitués d’œufs, de bacon et de tomates fraîches. C’est là où les lève-tôt (comme moi) et ceux qui attendaient le lever du soleil pour aller se coucher se rassemblaient le matin pour échanger. Le proprio, un californien de 70 ans qui a vécu les 25 dernières éditions de Burning Man, a accepté mon coup de main avec soulagement. Il m’a demandé si j’étais bonne pour faire le ménage. Sacrebleu, c’est ma spécialité, lui répondis-je! J’ai donc passé mon dernier avant-midi seule, à nettoyer la cuisine recouverte de graisse et de sable d’un véhicule motorisé!
Quand le proprio a servi son dernier café, il est venu me rejoindre, mort de fatigue et m’a marmonné: «Tu ne sais pas à quel point ton travail est apprécié, je me sens…» avant de s’endormir, assis sur le divan! Ma mission était accomplie. J’ai aidé le pilier de ce campement et il a enfin pu se reposer. Pour mieux comprendre, il faut savoir que, pour être admises à l’événement, certaines équipes développent toute l’année des concepts de campement qu’elles proposent, comme une offre à la playa (l’endroit où se tient Burning man) pour y être admises. Chacun des membres du campement a son rôle à jouer, selon un horaire bien précis. C’est avec le travail de toutes ces personnes que le village se bâtit et se défait en deux semaines.

Et puisque le village est immense, on enfourche son vélo et on découvre chaque jour des centaines de campements aussi originaux les uns que les autres. Mes préférés? Le campement tout rose, où j’ai été accueillie par un magnifique cowboy en tablier, un autre campement au milieu du désert où l’on pouvait prendre un bain de vapeur puis des bains glacés et reçevoir des traitements faits par des massothérapeutes venus du Mexique pour l’occasion, des campements où des stylistes améliorent tes costumes en te prêtant des accessoires pour la soirée, un dôme argenté rempli de coussins multicolores où je me suis étirée un matin avant de m’asseoir devant une tablée de papiers et de crayons pastels pour dessiner.

Il y a aussi toutes ces installations de musique, où j’ai pu voir Monolink chanter sous le Mayan Warrior, un véhicule mutant géant conçu avec une scène mobile et des jeux de lumières. J’ai en outre vu Rüfüs Du Sol au lever du soleil, Carl Cox et John Summit mais également des expériences musique totalement relaxantes jouées live et propulsées en par le surround sound. Une amie qui y est allée l’année dernière m’a dit que la façon de vivre la meilleure expérience consistait à ne me faire aucune idée préconçue sur ce qui m’attendait.

J’ai quitté mon Burning Man le matin de mon 55e anniversaire, le cœur rempli de joie, à l’intérieur d’un cygne de métal, le véhicule très spécial de notre campement nommé Swan Forrest. Comment aurais-je pu imaginer une telle finale?
Rallumer ce feu
Mais comment garder cette inspiration, cette joie, cette confiance tout le long de l’année à la maison? Je ne parle pas de vivre l’exaltation tous les jours, mais au moins d’avoir l’impression que les semaines ne sont pas une succession d’événements connus et contrôlés. Dans l’introduction de son livre The Opposite of Settling – How to Get Anything you Want out of Love and Life Without Losing Your Spark, Case Kenny parle de la confiance que l’on a quand on visite une nouvelle ville. Comme touriste, on marche en s’étirant pour tout voir, on se sent un peu plus audacieux. Personne ne nous connaît, alors on peut être la personne un peu plus wild ou bizarre que l’on est tout au fond de nous, sans avoir peur d’être jugé. On devient le personnage principal de notre aventure, visitant les nouveaux sites, les nouveaux restos, parlant à des étrangers, participant à des activités que l’on n’essaie pas habituellement. Nos proches peuvent nous accompagner et amplifier ces découvertes, mais nous n’en sommes pas dépendants. Tu comptes sur tes propres ressources, prenant des décisions en fonction de ce qui t’intrigue, ce qui te satisfait.

Enfin, on peut conclure que cette sensation ne se limite pas vraiment à l’endroit où l’on est, mais plutôt à la liberté que l’on ressent quand on ne se sent pas regardé, jugé ou même défini par notre passé. Ça peut être lors d’une discussion entre amis qui nous a fait rire, avec nos animaux. La dernière fois que vous vous sentiez complètement libre et peut-être même magnétique, où étiez-vous, que faisiez-vous et avec qui?

Depuis mon retour, je tente de retrouver au moins une fois par semaine cette attitude de curiosité, comme si j’étais une étrangère dans ma propre ville. Il y a deux dimanches, même si je n’avais envie de parler à personne, je suis allée à l’événement de Danse extatique de ma petite sœur Abeille et je me suis vraiment amusée. Je suis aussi allée voir DJ RuPaul au Piknic Électronik sur un site rempli à craquer à l’île Sainte-Hélène. Cela fait des années que l’événement existe, et je n’y étais jamais allée!
Alors même si les journées pluvieuses de ce début d’automne donnent envie de rester sur le divan devant la télé, on peut se demander ce que l’on ferait si on était dans une autre ville. Allez! Je mets mon imper et mes bottes de pluie et je ne laisserai surtout pas la flotte éteindre la femme de feu que je suis devenue! De plus, je le ferai avec des gens qui voient le feu en moi et qui ont apporté leurs propres allumettes pour nous raviver!

Des lectures qui gardent la flamme
Si comme moi vous êtes une fidèle du balado The Mel Robbins Podcast, alors vous saviez que cette populaire coach et animatrice avait lancé son livre à succès The Let Them Theory l’an dernier. Voilà enfin la version française, La théorie du laisse-les donc faire! Avouez que le titre frappe déjà fort… Selon elle, on ne devrait pas accorder inutilement aux autres ce qu’on devrait plutôt mettre sur nous, c’est-à-dire temps et énergie. Bref, on ne doit pas vivre en cherchant l’approbation et la validation d’autrui, ni laisser ces deux éléments guider nos actions. Je résume, mais c’est un ouvrage pratique à lire assurément et à garder près de soi pour s’y référer.
S’il y a une artiste qui m’inspire (je ne suis pas la seule!), c’est bien Frida Kahlo, avec ses toiles aussi colorées que ses looks. Dans La cuisinière de Frida, l’autrice argentine Florencia Etcheves imagine la relation que la peintre tisse avec la jeune fille qu’elle embauche comme cuisinière, Nayeli, qui devient sa confidente. Cette trame s’entremêle avec celle, située en 2018, de la petite-fille de Nayeli, qui découvre qu’elle a hérité d’un tableau valant des millions de dollars et que convoitent des escrocs. En convoquant l’esprit de Frida et des expériences qu’elle a réellement vécues, c’est le portrait passionnant de femmes qui, à une certaine époque, n’avaient pas le luxe de décider de leur vie mais étaient déterminées à renverser la vapeur que la romancière brosse.
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