Voilà maintenant 50 ans que la contraception est devenue légale au Canada! Les méthodes contraceptives ont beaucoup évolué depuis 1969 et de nombreuses options s’offrent aujourd’hui aux femmes de tous les âges. Parce que oui, on parle souvent de contraception aux femmes dans la vingtaine, mais comme l’âge moyen de la ménopause est de 51 ans, c’est en fait l’affaire d’une grande partie de la population féminine. J’en ai discuté avec Julie Poirier, infirmière praticienne spécialisée en soins de première ligne (IPSPL), qui a un grand intérêt en santé sexuelle.
J’ai lu récemment que 61% des grossesses au Canada sont non planifiées et qu’une femme sur trois surestimait l’efficacité de son moyen de contraception. Il semble que les Canadiennes sont moins bien informées qu’on pourrait le croire, malgré que l’accessibilité à l’information soit plus grande que jamais. Est-ce bien le cas?
Il est vrai que l’information aujourd’hui est très accessible, mais je dirais la bonne comme la mauvaise! Il y a des sites fiables comme uneontraceptionpourmoi.ca, mais on retrouve aussi beaucoup de blogues où des femmes racontent leurs mésaventures. Celles qui n’ont pas de problèmes, n’y sont pas. Les effets indésirables selon la méthode utilisée peuvent tellement varier d’une personne à l’autre, et comme chaque personne est unique, il faut faire attention aux commentaires que l’on lit. Il ne faut pas avoir peur de toutes ce qu’on retrouve, mais il est important d’engager une conversation et de prendre le temps de s’informer auprès d’un professionnel de la santé.
Est-ce que les femmes matures sont moins bien informées en matière de contraception que leurs congénères dans la vingtaine?
Évidemment, c’est du cas par cas, mais les femmes matures ont parfois des changements de vie importants qui auront un impact sur leur choix de contraception. La femme qui vient de se séparer et dont le mari était vasectomisé depuis plusieurs années est moins au fait de l’offre actuelle. Ces dernières ont souvent le réflexe de demander la pilule en arrivant en consultation, mais je prends le temps de faire le tour de la situation avec elles. Le bon réflexe est d’aller consulter et de bien s’informer. Le corps peut avoir changé en 20 ans!
Y a-t-il un avantage pour les femmes de 40 ans ou plus de discuter contraception avec leur médecin, même si leur méthode actuelle semble leur convenir?
Tout à fait! D’abord, notre situation de santé peut avoir changer, on a peut-être des contre-indications à utiliser certaines méthodes… par exemple les femmes qui fument et qui ont plus de 35 ans ne devraient pas prendre de contraceptif contenant de l’œstrogène et il est préférable de changer pour une méthode qui ne contient que de la progestérone. Aussi, en vieillissant, il arrive que le flux menstruel devienne plus abondant et il peut être souhaitable de changer pour un contraceptif qui réduit les menstruations. Cela peut éviter à certaines femmes, par exemple, de faire de l’anémie. De plus, il arrive souvent que l’utilisation d’un contraceptif hormonal diminue les symptômes et les inconforts liés à la ménopause. Parmi les autres « avantages collatéraux », on note une diminution de la prévalence de chirurgie gynécologique, une diminution du risque d’avoir un cancer de l’endomètre et une meilleure préservation de la masse osseuse. Définitivement, la première conversation à avoir lorsqu’on se questionne à ce sujet c’est avec un professionnel de la santé et ce à n’importe quelle âge
Enfin, quel moyen de contraception recommandes-tu le plus?
En fait, cela dépend toujours de la personne, mais celui qui gagne à être connu, et qui représente la méthode de contraception la plus efficace, c’est le DIU (dispositif intra-utérin), communément appelé «stérilet». Il est fort intéressant tant pour sa facilité d’utilisation que pour son efficacité. La pilule demeure à ce jour la méthode de contraception la plus populaire, mais il est si facile de l’oublier! Un changement d’horaire, une charge mentale trop élevée et hop! On l’oublie et on est à risque d’une grossesse non planifiée. Un sondage récent révèle que près de 75 % des répondantes du Québec (âgées de 18 à 45 ans) ont admis avoir oublié de prendre leur pilule à une fréquence allant d’une fois par mois à quelques jours chaque mois – ce qui a pour effet de réduire l’efficacité de la pilule de 99 % (maximum) à 91 %. Au Québec, on compte 90 grossesses non planifiées sur 1000 femmes avec la pilule contre deux pour le stérilet avec hormones et 8 pour le stérilet en cuivre. Le stérilet est inséré par le médecin ou l’IPSPL au cours d’une procédure de quelques minutes et il est bon pour 5 ans. Il y a plusieurs mythes entourant le stérilet comme par exemple qu’il ne convient qu’aux femmes qui ont eu des enfants. Il existe différents modèles dont un plus petit pour les femmes qui n’ont pas enfanté et ce, peu importe leur âge!
Enfin il est important de se rappeler que les contraceptifs ne protègent pas contre les ITS (infections transmises sexuellement) alors le condom reste un allié important lors d’une relation avec un nouveau partenaire.