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Les parents qui se suicident ne sont pas lâches

Les suicides de Kate Spade et d’Anthony Bourdain, à quelques jours d’écart, ont eu un effet-choc. Comment deux personnalités qui (en apparence) ont tout ce dont on pourrait rêver; le succès, l’argent, des projets passionnants peuvent en venir à vouloir s’enlever la vie. Et les enfants? Leurs enfants. Comment ont-ils pu commettre l’irréparable sans penser à leurs enfants. Sur les médias sociaux, on a vu une vague de tristesse, de soutien et d’empathie. Toutefois, quelques personnes malveillantes ou peu sensibilisées au sujet du suicide ont parlé de lâcheté. Lâches de ne pas avoir affronté leurs problèmes. Lâches d’avoir abandonné leurs enfants. Lâches d’avoir choisi la mort plutôt que la vie.

Non.

Ce n’est pas ça.

Les parents qui se suicident ne sont pas lâches, ils sont malades. La maladie mentale envahit tellement leur corps et leur esprit qu’ils en viennent à être convaincus qu’ils n’ont plus rien à offrir à leurs enfants… que ces derniers seraient plus heureux sans eux. Ils se disent que, comme ils ne sont pas de bons modèles, leurs enfants auront de meilleures chances dans la vie en étant coupés d’eux.

C’est ce que peut faire la maladie mentale. Créer une tornade intérieure de culpabilité, de tristesse, de frustration, de désespoir, de vide, de noir. On ne dit pas d’une personne qui a la jambe cassée qu’elle est lâche si elle ne termine pas un sprint de course. La maladie mentale ne se voit pas, mais elle a ce même effet handicapant sur une personne. Rien à voir avec la lâcheté.

Certains pourraient également croire que les parents qui se suicident sont égoïstes. Égoïstes de faire vivre toute cette souffrance à leurs enfants. Égoïstes de partir sans donner assez de réponses.

Non.

Ce n’est pas ça non plus.

Il n’est pas possible de se prononcer avec certitude sur l’état de la santé mentale de Kate Spade et d’Anthony Bourdain. On peut toutefois supposer que des symptômes dépressifs étaient présents. Depuis combien de temps? On ne le sait pas. Avaient-ils tenté de demander de l’aide? On ne le sait pas non plus. Mais c’est ce que peut faire la maladie mentale. Elle gruge, elle ronge, elle fait vivre une détresse parfois tellement intense qu’elle SEMBLE insurmontable. La dépression a cet effet de faire croire que la joie, l’espoir et la notion de choix n’est plus accessible. Le discours négatif s’incruste tellement profondément que la personne souffrante en vient à croire que, vu sa situation désespérée, aucune aide ne sera suffisamment adéquate. Que plus rien ne peut faire du bien pour réparer les dommages.

Pourtant, non. Ce n’est pas ça.

Vous n’êtes pas le problème même si vous y croyez fermement. Tous ce qui se produit de négatif autour de vous n’est pas de votre entière responsabilité. L’idée de continuer de vivre vous semble peut-être pire que d’arrêter et c’est pour cela que vous avez l’impression que rien ni personne ne peut vous aider. Vous n’avez peut-être plus l’énergie de vous battre, et c’est pour cela que vous avez besoin des autres pour vous en sortir. À deux, ou plus, la souffrance est moins lourde à porter.

Oui, il est toujours temps de faire un appel à l’aide pour avoir du soutien.

 

Si vous lisez ces lignes aujourd’hui et que vous avez déjà pensé au suicide ou y pensez présentement, si vous ne vous reconnaissez plus, si vous souffrez de plus en plus et que les options vous semblent limitées, voire inexistantes, lisez et relisez ceci : une aide est TOUJOURS disponible. TOU-JOURS. Contactez le 9-1-1. Le service social du 8-1-1. Ou encore la ligne d’Info-Suicide au 1-866-277-3553. Présentez-vous à l’urgence et dites-leur que vous avez besoin d’aide. Même lorsque vous n’y croyez plus, faites-le. 

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