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La migraine, une maladie à prendre au sérieux

«Prends une aspirine, ça va passer.» «Bois plus d’eau!» «Gère mieux ton stress, tu n’en feras plus des migraines.» «Ah, tu as mal à la tête et c’est pour ça que tu ne rentres pas au bureau?» «Pfff, la migraine, c’est une affaire de femmes!»

Ces phrases, les personnes migraineuses les entendent régulièrement. Et toutes, sauf une, relèvent de préjugés et d’une méconnaissance dommageable de cette maladie – car oui, c’en est une. Bien qu’elle ne soit pas l’apanage des femmes, la migraine les frappe effectivement en plus grande proportion que les hommes. Eh oui, encore une fois grâce à nos bien-aimées hormones… mais pas qu’elles.

En passant, si vous êtes curieuse de savoir à quoi ressemble la vie avec un étau qui presse la tête et tous les symptômes invalidants qui viennent avec, visionnez cette courte vidéo, La face cachée de la migraine.

Près d’une femme sur quatre sera touchée

D’abord, il faut savoir que la migraine n’est pas un simple mal de tête. «C’est une maladie neurologique qui est inscrite dans le code génétique du cerveau migraineux. C’est lui qui déclenche les crises, en lien avec une panoplie de causes extérieures: sinusite, tensions musculaires, faim, déshydratation, stress, alcool, etc.», explique la Dre Élizabeth Leroux, neurologue spécialisée en médecine des céphalées qui travaille activement à mieux faire connaître ce trouble au grand public et à améliorer l’accès aux soins. Elle a d’ailleurs fondé l’organisme Migraine Québec, dont le site est une mine de ressources, et son pendant national, Migraine Canada. Plusieurs gènes sont impliqués, mais il est difficile de prédire qui sera migraineux ou non dans une famille.

Dre Elizabeth Leroux

Alors, la migraine, ça touche qui? Les enfants (Mitsou vous en a déjà parlé ici en 2018), à hauteur d’un sur dix. Les hommes: environ 8 % de la population. Mais majoritairement les femmes: «Durant leur vie fertile, donc avant la ménopause, on parle d’une proportion de 20 à 25 %», souligne la Dre Leroux. C’est que, parmi les facteurs qui pèsent dans la balance neurologique de la migraine, il y a les fameuses hormones. «On sait que les baisses rapides d’œstrogène déclenchent des crises et, au contraire, quand elles sont très hautes, comme lorsqu’une femme est enceinte, les patientes vont mieux. La progestérone, la testostérone et l’oxytocine sont aussi en cause. Et quand débute la périménopause, les fluctuations de toutes ces hormones mènent souvent la vie dure aux migraineuses. Il y a également le fait que la périménopause coïncide avec des responsabilités accrues: les enfants, le travail, les parents vieillissants à s’occuper, autant de sources de stress. Ces données vont faire en sorte que durant la quarantaine et la cinquantaine, on voit des patientes être plus sévèrement atteintes.»

Anticorps, Botox, gépants… les nouveaux traitements

Les causes et déclencheurs de la migraine sont toutefois plus complexes que les variations d’hormones et la charge mentale. Il y a, par exemple, cette protéine appelée CGRP. «La recherche a démontré qu’elle joue un rôle, et depuis cinq ans, on a accès à des anticorps et des médicaments qui vont la bloquer. Chez certains patients, les résultats sont spectaculaires. Il y a d’autres recherches et essais qui se font présentement pour agir sur d’autres cibles moléculaires», détaille la neurologue.

Une toxine mieux connue pour lisser le visage peut en outre améliorer l’état des personnes aux prises avec le migraine: le Botox. «Il est utilisé pour plusieurs problèmes de santé, mais depuis 2011, le Botox est une technique éprouvée pour la migraine chronique et il est très bien toléré. Certaines de mes patientes ont pu reprendre une vie normale et retourner au travail. Il y a aussi les gépants, une nouvelle classe de médicaments qui peuvent être employés à titre préventif, mais aussi comme traitement de crise», poursuit la Dre Leroux. Ils limitent la «cascade inflammatoire» associée à la migraine en bloquant eux aussi la CGRP.

Bref, il y a de l’espoir, mais pour qu’une patiente se rende jusqu’au traitement, il y a souvent un parcours de combattante à franchir.

Une maladie méprisée

Pour toutes sortes de raisons, la migraine a mauvaise presse. Puisqu’elle est associée aux femmes, elle est moins prise au sérieux à la fois par l’entourage, les employeurs et… certains médecins.

«La migraine est parfois assimilée à une faiblesse de caractère par ceux qui n’en souffrent pas. On met l’accent sur les déclencheurs au lieu de traiter la maladie. Et la migraine ne se traite pas avec de l’eau et de l’Advil! La prise d’anti-inflammatoires n’est pas sans risque… il existe d’autre options!  Il y a des médecins de famille informés et proactifs, mais il y en a aussi qui baissent les bras, tombent dans les préjugés ou refusent de diriger leur patiente en neurologie. Dans le système de santé, les migraineux sont au bas de la pile de dossiers à traiter. Pourtant, il y a plus de gens qui en sont atteints que de la sclérose en plaques et l’épilepsie, maladies tout aussi graves pour lesquelles il y a des cliniques spécialisées! On ne dirait pas à un épileptique d’aller se renseigner sur le site d’Épilepsie Canada et de se débrouiller… Malheureusement, il y a des patientes qui abandonnent la recherche d’aide médicale parce qu’elles se frappent à un mur. Ça prend une structure de soins, des généralistes mieux outillés, une collaboration entre les professionnels de la santé et des cliniques de la migraine, question de reproduire ce modèle multi qui ne laisse pas les gens livrés à eux-mêmes», plaide la Dre Leroux.

Et parce que la migraine est souvent une affaire de femme, les hommes qui en souffrent sont aussi stigmatisés par la bande et sous-diagnostiqués. «Et quand ils ont un diagnostic, ils ont honte parce qu’ils se disent qu’ils ont une maladie de femme. On doit faire pour la migraine le même travail qu’on a fait pour la santé mentale. Il y a des traitements, maintenant il faut les rendre accessibles.»

 

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