Il y a 6 mois, nous lançions le balado Ça va maman? qui est en quelque sorte l’équivalent d’une fenêtre ouverte chez le psy, le temps d’une conversation authentique et dépourvue de tout jugement sur les problèmes et questionnements que vivent les mamans. Être mère n’a rien de facile et bien que nous n’ayons jamais eu autant de moyens de communication, trouver du réconfort est souvent ardu. Ça va maman est un balado et aussi une communauté où on parle de bien-être et de santé mentale maternelle. Ça va maman, c’est nous, Lory Zephyr, maman et doctorante en psychologie spécialisée en attachement et santé mentale maternelle et Jessika Brazeau, journaliste et chroniqueuse et… maman! Nous vous proposons ici sur Mitsou Magazine, une série de textes sur des enjeux familiaux et notre premier sujet en est un de taille: la charge mentale!
Mots de Jessika
Ah la charge mentale! Ça fait déjà un moment qu’on en entend parler, mais maintenant qu’on a compris le concept, on fait quoi avec?
Ce n’est pas simplement de s’occuper en grande majorité de la maisonnée, c’est aussi tout le trafic mental qui vient avec. « Faut pas j’oublie de prendre le rendez-vous chez le dentiste des enfants! », « faut que j’aille trier les vêtements d’automne, il annonce froid demain » et ma préférée « on va manger quoi pour souper? ». Pu capable de cette phrase! Tout l’espace mental de mon cerveau qui est occupé par la gestion des repas, c’est incroyable!
La charge mentale, c’est un cercle vicieux duquel il est difficile de sortir. On entend souvent que pour qu’un couple dure, il faut choisir ses batailles! Mais, malheureusement, c’est souvent celle de la charge mentale, la bataille qu’on laisse tomber. Ça implique trop de conversations, une énième obstination pour finalement le faire nous-même de toute façon, donc bah, trop compliqué, on laisse tomber et on perpétue le cycle de la charge mentale.
Loin de moi l’idée de mettre tous les hommes dans le même panier, la société a grandement évolué sur ce plan-là, mais force est d’admettre que la charge mentale est encore, statistiquement, plus féminine que masculine. Comme sa définition dans le dictionnaire. (Je vote pour qu’on change ça pour « travail mental » gang!) Je sais très bien que j’ai aussi ma part de responsabilité. Je pense qu’une partie de ma charge mentale est due au fait qu’on voit les choses différemment, mon chum et moi. Lui peut très bien s’organiser un souper avec ce qu’on a déjà dans le garde-manger, alors que moi, j’essaie de mettre une variété d’aliments dans l’assiette de mes enfants (qu’ils finissent souvent par ne même pas manger, maissssss je me dis qu’ils y ont goûté! Faut garder espoir tsé!). Lui pourrait très bien faire une brassée de lavage (toutes les couleurs mélangées tel un bel arc-en-ciel) et se servir à même la sécheuse quand il a besoin d’un morceau, mais pas moi. Je lâche prise ou on essaie encore de trouver un juste milieu?
Conseils de Lory
Qu’est-ce que la charge mentale
La charge mentale réfère à toute la partie invisible de la parentalité soit la planification de la dynamique familiale. Statistiquement, cette charge est généralement assumée par les mères. Non seulement cette charge existe, mais elle fait vivre beaucoup de solitude, voire de détresse, chez de nombreuses femmes surtout si leurs partenaires invalident cette situation.
Toutefois, la charge mentale est trop souvent perçue comme un facteur isolé. En réalité, il y a plusieurs facteurs qui influencent comment cette charge est vécue et perçue. Par exemple, certaines mamans ont un type de personnalité qui les amènent à vouloir performer même dans la parentalité. Ainsi, elles (souvent des mamans) se mettent énormément de pression à prévoir leur liste d’épicerie pour faire leur pain maison, préparer un bricolage, travailler à distance, pondre un calendrier d’activité, penser à une façon originale de souligner l’anniversaire d’un ami d’école à distance… tout ça la même journée! Ainsi, parfois, une partie de la charge mentale donne l’impression de répondre aux besoins de toute la famille… mais est-ce vraiment toujours des besoins?
Pour sortir de la charge mentale :
- Communiquez et informez : Discutez avec votre conjoint de la charge mentale que vous portez, et exprimez-lui comment cela vous affective négativement au quotidien. Si votre partenaire semble ne pas comprendre ou minimise ce que vous vivez, n’hésitez pas à le référer à de la documentation en ligne sur le sujet pour le sensibiliser à cette problématique. Nous avons d’ailleurs abordé le sujet dans une vidéo en ligne.
- Patientez : L’humain aime se sentir bon et compétent dans ce qu’il fait. Pour différentes raisons, certains papas ont l’impression de ne pas y arriver comme leur partenaire et ça a l’effet qu’ils se concentrent sur d’autres choses. Oui, au début, il faudra parfois (souvent) demander les choses à son partenaire. Mais plus il le fera souvent, plus il se sentira compétent et cette charge pourra être partagée à deux voir même totalement enlevée des épaules de maman.
- Priorisez : Tenter de départager ce qui est optionnel (désir et souhaits) et les besoins nécessaires au bon fonctionnement de la famille.
- Tolérez : Certains apprentissages vous seront utiles pour sortir de la charge mentale, comme tolérer de perdre le contrôle, accepter l’erreur, et mieux réagir à l’échec. Lorsque ces enjeux sont plus profondément ancrés, une aide professionnelle peut vous outiller.
En bref, pour se sortir de la charge mentale, ça demande de l’entraide, de la communication, du temps, de l’empathie et de la volonté des deux parties. Rien ne se règle en une seule journée, mais en prenant le temps de travailler ensemble et en discutant, vous atteindrez votre objectif en progressant à votre rythme!