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Pauline Julien, intime et politique

Il y a vingt ans, le 1er octobre, Pauline Julien disparaissait. Elle avait choisi de mettre fin à sa vie. Elle souffrait depuis de nombreuses années d’une maladie, l’aphasie dégénérative, qui la privait de ses mots, elle, la poète, la comédienne, la chanteuse.

J’ai retrouvé la beauté et la sensibilité de cette grande artiste dans un film documentaire sorti en salle la semaine dernière, Pauline Julien, intime et politique. Du début à la fin, j’ai été profondément émue par sa voix, son visage, son intensité. Ce film, brillamment réalisé par Pascale Ferland, j’aimerais que tous les Québécois le voient. J’aimerais que tous, à Go, nous renouions avec notre histoire et notre culture à travers ces deux magnifiques figures du nationalisme que sont Gérald Godin et Pauline Julien.

Pauline Julien, l’artiste engagée

Qu’il est bon de voir Pauline à Paris, à côté d’un jeune Gilles Vigneault, expliquer au journaliste français qu’on dit maintenant « québécois » et non plus canadiens ou canadiens-français. De la voir sur scène chanter là-bas la réalité du Québec à travers les mots de nos poètes. Elle vibre en chantant La Manic et Jack Monoloy et on vibre avec elle en réécoutant ces pages de l’histoire de notre nation. On la voit, en entrevue, à Toronto, expliquant en anglais avec son joli accent pourquoi l’indépendance du Québec est un besoin fondamental d’un peuple qui ne demande qu’à survivre et parler aux autres peuples d’égal-à-égal. À ce journaliste qui demande pourquoi une chanteuse s’occupe de politique elle explique gentiment que le chant, c’est son moyen d’exprimer qui elle est, ce n’est pas qu’un simple divertissement. Elle est entière, Pauline. Souvent elle parle de ces parties d’elle-même : la femme, la mère, l’artiste, l’amoureuse, la citoyenne qui doivent cohabiter, alterner pour qu’elle puisse tout vivre, tout assumer. Elle chante avec passion, comme elle aime, vit, ressent et s’engage : avec passion.

L’histoire personnelle de Pauline Julien est indissociablement liée à l’histoire de la Révolution tranquille : elle refusera de chanter pour la Reine en 1964, sera arrêtée aux côtés de son amoureux, Gérald Godin, lors des rafles de la crise d’Octobre, en 1970. Ensemble, ils célèbreront la victoire du PQ en 1976 et ensemble, ils se consoleront de la défaite référendaire de ‘80. Les années suivantes, tant au niveau personnel que social, seront marquées par les épreuves et l’assombrissement : au deuil politique viendront s’ajouter les maladies qui les emporteront.

Pauline Julien.  La féministe, l’amoureuse

Pauline et Gérald. Ce couple engagé m’émeut depuis longtemps. Depuis que j’ai lu les fragments de leur correspondance publiés il y a près de 10 ans par la fille de Pauline, Pascale Galipeau. Ce petit livre La renarde et le mal peigné a contribué à forger l’idée que je me fais d’une relation amoureuse. Comme la carrière de Pauline Julien l’amenait souvent à voyager, ils se sont beaucoup écrits et beaucoup ennuyés l’un de l’autre. Gérald, dans une lettre alors qu’elle est à Paris en 1966 : «  Je t’aime parce que tu veux aller plus loin, ne jamais te contenter de peu, de l’à-peu-près, d’une vie qui ne te satisferait pas pleinement. C’est ce qui te donne ta dimension comme être et comme femme. C’est aussi ce qui met un océan entre nos deux vies. »

Ces mots me touchent. J’aime qu’il soit assez fort pour l’aimer totalement libre. L’amour, le vrai, le grand, ne supporte pas de chaînes. Il élève. Et jamais il ne rabaisse. J’ai lu leurs mots, je les ai aimés. Dans le film, j’ai vu leurs photos, je les ai trouvés beaux. Leur bonheur d’être ensemble était manifeste, profond.

Un film à voir et revoir

Je voudrais qu’un film comme celui-là ranime en nous, dans notre corps social, un projet collectif, une fierté, un désir de préserver qui nous fûment, qui nous sommes.  Je regarde ces bouts d’entrevues, entrecoupés de merveilleuses chansons et sa présence crève l’écran. Son authenticité ravit nos cœurs trop souvent exposés au bling-bling ambiant et à la vacuité des discours de starlettes. Vingt ans après sa mort, Pauline Julien vit toujours. Que ce film la rende immortelle.

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