Nicole Bordeleau est sortie de sa zone de confort, comme on dit! Et ça lui a fait le plus grand bien!
Eh oui, après avoir pondu plusieurs best-sellers sur le développement personnel (L’art de se réinventer, Revenir au monde, et Respire: Un souffle profond peut tout changer), la célèbre auteure, maître en yoga, professeure de méditation et conférencière a décidé de se lancer dans l’écriture de son tout premier roman: S’aimer malgré tout!
«Que faire lorsqu’on se retrouve au cœur d’une vie qui ne nous ressemble plus? Tous les jours, c’est la brûlante question que se pose Édith, une jeune femme brillante à qui tout semble réussir, mais qui souffre dans le fond de son âme. Alors qu’elle est sur le point de tout perdre, elle découvre dans les journaux intimes de son père les raisons pour lesquelles la honte se transmet dans sa famille depuis des générations. Décidera-t-elle de suivre le chemin tracé ou de briser le cercle de la dépendance pour remonter vers la lumière? Un voyage à travers trois époques, trois générations, des vies d’hommes et de femmes qui oscillent entre raison et folie, mais qui partagent la même quête, celle d’être aimés, malgré tout.»
S’aimer malgré tout est votre sixième livre, mais votre tout premier roman. Qu’est-ce qui vous a poussée vers la fiction?
En 2015, je portais en moi cette histoire depuis quelque temps et j’avais tenté de l’écrire sous forme de roman. Après une cinquantaine de pages, j’ai malheureusement réalisé que je n’avais pas le souffle romanesque pour le faire! L’année dernière, en faisant le ménage dans mon ordinateur pour poursuivre l’écriture d’un autre livre sur le développement personnel, ces pages de ce roman que j’avais délaissé quelque temps plus tôt me sont réapparues. J’avais huit jours de congé devant mois et j’ai décidé de retenter le coup! À ma grande surprise, j’ai trouvé un plaisir fou à aligner les mots un à la suite de l’autre. J’ai tâté le terrain en envoyant un premier jet à une maison d’édition qui n’était pas la mienne, pour avoir un différent son de cloche, afin de savoir si je devais poursuivre ou non l’écriture de ce nouveau projet. Ils ont tout de suite eu de l’intérêt et m’ont poussée à finir le livre… Eh voilà! 441 pages plus tard, un roman est né!
Si on se fie seulement au titre du livre, on pourrait penser que vous sortez un nouveau livre de développement personnel!
Oui (rires)! Les gens vont découvrir pour la toute première fois une histoire avec des personnages que je mets en scène. Des personnages qui ont des failles, qui ne sont pas toujours lumineux, qui ont des faiblesses, des limitations et des quêtes… qui sont humains, bref! Ça m’a permis d’explorer l’être humain dans ce fil tendu entre la lumière et l’ombre. Ce qui m’intéresse, c’est l’ambiguïté de l’être humain, ça me passionne et j’ai vraiment pu m’en donner à coeur joie avec tous ces personnages-là!
Comment est née l’histoire d’Édith, une jeune femme brillante qui semblait avoir tout pour être heureuse, mais qui s’est perdue en cours de route?
Il fut un temps où je recevais des gens en consultation privée, des gens qui souhaitaient apporter plus de bien-être dans leur vie. J’ai rencontré de nombreuses jeunes femmes qui, en apparences, semblaient tout avoir: elles avaient fait des études brillantes, elles avaient tous les dénominateurs d’une vie de rêve, mais lorsque la porte se fermait le soir et qu’elles étaient seules avec elles-mêmes, elles se retrouvaient au coeur d’une vie qui ne leur ressemblait plus. Je me suis alors posé la question: «Qu’est-ce qui nous est transmis?» Qu’est-ce que nos parents, nos grands-parents et arrière-grands-parents nous ont transmis comme croyances, comme conditionnements, peurs et espoirs? J’étais passionnée de découvrir à quel point, en surface, que ce soit sur les réseaux sociaux ou au travail, la vie peut sembler réussie en tous points de vue, quand finalement l’être humain derrière reste pris avec une quête profonde qui est souvent souffrante. Je souhaitais adresser la dépendance chez les jeunes femmes, je trouve que c’est un fléau: que l’on parle de dépendance au travail, au sport, à la beauté à tout prix, la nourriture, les médicaments, la drogue ou l’alcool. Je voulais lever le voile sur tout ça, mais surtout en faire une remontée vers la lumière!
Ce que j’aime, c’est que le lecteur sait déjà ce qui va arriver à Édith parce que lorsqu’on commence le roman, on est en 2012 et on sait déjà! Par contre, on ne sait pas comment elle a fait pour en arriver là! Édith le dit en entrée de jeu, qu’elle ne sait pas où est le point de cassure, parce que tout ça ne lui appartient pas à 100%, certaines choses lui ont été transmises. C’est lorsqu’elle va ouvrir les journaux intimes de son père qu’elle va commencer à voir et comprendre qui était l’homme qu’était son père, qui était la femme qu’était sa mère. Ce sont deux grandes solitudes qui se sont rencontrées: un homme qui est aux prises avec une hypersensibilité, un artiste qui combat la dépression; avec une femme qui a une peur terrible de la maladie mentale et de vieillir. Ces deux solitudes ensemble vont produire Édith et, avec leurs forces et leurs faiblesses, leur noirceur et leur lumière, ils vont traverser la vie… Et derrière eux, il a y d’autres personnes aussi, qui traînent un lourd bagage! Le philosophe Nietzsche disait un jour: tout n’est qu’héritage! Et je pense que c’est un roman qui est sur l’héritage, sur ce qui nous est transféré.
Vous abordez plusieurs thématiques extrêmement fortes comme la santé mentale, la dépression, le suicide, la dépendance à l’alcool, l’homosexualité et la place de la femme en milieu de travail. Vous traitez de plusieurs maux de la société!
Ce sont vraiment des thèmes qui m’interpellent, qui me bouleversent. De voir encore la place des femmes dans le milieu corporatif, de voir comment certaines sont traitées et prendre énormément de responsabilités… C’est terrible! Oui, on a fait beaucoup de chemin face aux droits des homosexuels, mais il en reste beaucoup à faire! La santé mentale, c’était primordial pour moi d’en parler. On est une société aux prises avec des souffrances à ce niveau-là qui sont inacceptables! Je voulais aborder tous ces sujets parce que l’être humain porte ses peurs, ses angoisses, mais aussi ses rêves et espoirs. L’être humain est beau, il n’est pas seulement que noirceur!
Que souhaitez-vous aux lectrices qui vont lire S’aimer malgré tout?
Je leur souhaite d’avoir autant de moments captivants et inspirants que moi j’ai pu en vivre à l’écriture. Je leur souhaite des personnages qui vont résonner, peut-être, en elles, qui vont les inspirer à tourner leur regard vers leurs propres relations, leur passé, leurs parents et grands-parents. De voir aussi dans leur vie comment leurs peurs peuvent se manifester, mais aussi comment chacune d’entre nous avons des outils, des gens qui sont mis sur notre chemin pour nous aider à nous transformer, faire sortir le meilleur de nous. C’est vraiment dans cet esprit-là que la force bienveillante de chaque être humain pourra être révélée au grand jour. J’y crois profondément! Surtout, le message est dans le titre: peu importe ce qui se passe dans notre vie de bon ou de mauvais, la guérison, la transformation, elle passe par apprendre à s’aimer malgré tout! Aimer l’autre malgré ses faiblesses, ses défauts. S’aimer soi-même malgré nos faiblesses et nos défauts. Si on peut juste arriver à ça, ça serait immense!
C’est l’artiste Judith Geher qui a créé la magnifique œuvre qui se retrouve sur la couverture du livre. Comment l’avez-vous choisie?
Le fil conducteur entre Édith, Madeleine et Anna, les trois grandes héroïnes de mon roman, c’est leur grande ressemblance: cette beauté physique qui leur est donnée presque comme une malédiction. Toute cette folie dans la tête, des pensées, des obsessions… Le roman était déjà presque terminé et je suis tombée par pur hasard sur cette œuvre et je me suis dit: «Mon Dieu! C’est Édith!» Ça m’a tellement frappée! Dans ma tête, c’était comme ça que je la voyais: le cou tendu vers l’avenir, les yeux vifs et intelligents, la tête remplie de projets… ça ne pouvait pas être une plus belle illustration pour ma couverture de roman!
La version audio du livre est d’ailleurs aussi disponible pour ceux qui voudraient l’entendre… et non pas le lire!
C’est Chantal Fontaine (Virginie, Yamaska, Clash) qui a prêté sa voix à mon roman! Je suis très heureuse de ça. Les gens vont pouvoir aussi l’écouter en plus de le lire. Chantal a un talent fou pour incarner ces femmes-là: ces femmes qui sont complexes, profondes, multiples… J’ai entendu des extraits et j’ai trouvé ça extrêmement bon, inspirant et touchant. C’est fait tout en subtilité et ça laisse la place au lecteur d’avoir sa propre vision du personnage. Elle a travaillé tout en nuance pour recréer l’imaginaire que j’ai créé!
Est-ce que vous vous «aimez malgré tout»… au final? Ou est-ce un travail perpétuel?
J’y arrive de plus en plus! Surtout lorsque je n’y suis pas, je le ressens profondément. Je pense que c’est une leçon à vie. J’ai ouvert le roman avec une citation du 14e siècle de Hafiz que je trouve particulièrement belle: «J’aimerais vous montrer, quand vous êtes seul ou dans l’obscurité, l’étonnante lumière de votre être»! C’est exactement ça l’intention de mon roman.
Qu’est-ce qui s’en vient pour vous?
Je vais accompagner mes personnages dans les salons du livre et je suis tellement heureuse. Je veux aussi tirer une conférence du livre pour transmettre aux autres ce que j’ai appris à travers ce roman sur les différentes façons d’adoucir notre regard envers nous-mêmes et d’apprendre à nous aimer malgré tout. Je travaille là-dessus en parallèle!
S’aimer malgré tout de Nicole Bordeleau, qui paraît aux Éditions Edito, est disponible dès maintenant en ligne (27,95$) et en librairie.
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