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Dee Joyce. Montage: I-Kai Chen.

La force des mots

Croyez-vous aux jumeaux cosmiques? Je crois avoir rencontré le mien. Il s’appelle Dee Joyce, c’est un auteur, co-compositeur et interprète de grand talent, mais avant tout un homme engagé, sensible et fort.

Dee Joyce, un nom d’artiste qui signifie détermination, émotion, espoir. Joyce, pour joie en anglais.

Nous avons en commun d’avoir porté un grand secret pendant trop longtemps. Il m’a fallu 30 ans pour mettre en mots l’abus sexuel que j’ai vécu. Et lui tout autant pour en arriver à Grand Garçon, un album autobiographique où il sublime la violence conjugale que sa mère et lui ont subie.

Ce vendredi, Dee lançait le premier single de son album à paraître en 2026, «Ghetto (Ceux qui s’aiment)», assorti d’un clip vitaminé (à découvrir au bas de cet article!), et je tenais absolument à le rencontrer. L’entrevue de 30 minutes a duré 2 heures.

Abrégé d’une rencontre entre deux hommes qui ont choisi les mots pour guérir leurs maux.

L’escalier du succès

Alex: C’est un plaisir pour moi de jaser avec toi autour d’un matcha.

Dee: Merci à toi de m’accorder ce temps.

Parle-moi un peu de toi, de ton parcours avant de devenir Dee Joyce, l’artiste que tu es.

Mon histoire date de plus de 10 ans. J’ai débuté en musique en France dans une chorale de gospel. J’aimais partager mon amour de la musique. Je me sentais dans le film Sister Act (Rock n’nonne)! Avec ce groupe, on a eu la chance de participer à l’émission La France a un incroyable talent. Ce fut le gros boum médiatique! J’ai ensuite sorti mon propre album solo, il y a eu un extrait qui a été un flop total. Mais je chantais dans des bars et ça m’a permis de me familiariser avec la scène.

Il m’est arrivé d’autres mésaventures puis… une dépression. J’avais tellement de choses à dire avec ma musique et mon propre style sans le pouvoir! On me disait: «Ne te comporte pas comme un artiste des États-Unis, tu es en France!» Je voulais parler de mes traumas, mais on me disait que ça ne se faisait pas, de parler de choses légères. J’ai pris mon courage à deux mains, fait ma valise et déménagé au Québec. Et dès mon arrivée ici, c’est incroyable. C’est comme le début du rêve.

Il n’y a même pas eu de clash, d’ajustements?

Pas du tout!

Wow! C’est vrai qu’ici, les artistes ont la chance de pouvoir être qui ils sont, se présenter sous leur vrai jour.

Tellement, Alex. Et dès que je suis arrivé ici, j’ai eu la chance de rencontrer les bonnes personnes. C’était comme un escalier. Chaque personne me donnait une marche qui m’a permis de monter et progresser. J’étais au bon endroit, au bon moment. J’ai travaillé fort, ai lancé ma première chanson, puis mon premier album, Un grand A, et j’ai continué à monter.

Tu as même été nommé à l’ADISQ!

Oui, c’est une grande fierté d’avoir été nommé dans la catégorie Meilleur album R&B/Soul.

Histoires vraies

Parle-moi de Grand Garçon, ton premier album.

L’idée est autobiographique: la violence conjugale que j’ai vécue quand j’étais enfant, et surtout, l’histoire de ma mère. J’ai vu et vécu cela depuis que j’ai trois ans. Puis, et je sais que tu peux le comprendre Alex avec ce que tu as vécu aussi, il y a le après qui te suit toute ta vie. Je raconte tout cela dans cet album. Je savais qu’un jour j’allais faire de la musique et parler de ce que j’avais dans le cœur et c’était le bon moment de le faire. J’ai remarqué qu’au Québec, il y a une grande force dans les messages liés aux femmes, entre autres. Je me suis dit: profite de cette visibilité pour parler de ce qui est vraiment important pour moi. Dans mon répertoire, j’avais une chanson que je n’avais jamais sortie qui s’appelait Garçon et je suis parti de cela.

Le petit garçon qui est devenu grand!

Exactement. C’est pour cela que mon album est séparé en deux parties: Garçon, qui comporte les cinq premières chansons, et Grand Garçon les autres. Je voulais montrer l’évolution de Dee Joyce de petit garçon à grand. L’émancipation.

Comment c’était de te replonger dans ces souvenirs?

Le yin et le yang. J’en ait fait des cauchemars. Ce fut difficile mais libérateur.

As-tu parlé à ta mère de ce projet?

Oui, je n’ai pas eu le choix, car ce projet allait la ramener à ce qu’elle a vécu et nous avons eu de sérieuses discussions. J’ai finalement eu son aval, et c’est parti! Elle a été touchée que je lui dédie une chanson, Oh, mama.

Le texte que j’ai écrit m’a servi d’exutoire. L’as-tu vécu de la même façon?

Oui, mais pour moi, c’était de la vengeance. Je n’aime pas dire cela, mais c’est ce que je ressentais. Je voulais que mon beau-père l’écoute, que toutes les personnes qui l’entouraient sachent ce qu’il nous a fait subir. J’ai envoyé l’album à tous et n’ai jamais eu de retour. Mais tu as raison, c’était aussi un exutoire. J’avais besoin d’évacuer. Je ne me sens plus dans la vengeance, mais dans la reconnaissance. Toutes les personnes qui m’ont accompagné dans ce projet m’ont aidé à faire une différence envers ceux qui sont dans le besoin. J’ai transformé tout ce que ma mère et moi avons vécu en positif.

Quand mon texte a été publié, je me suis dit, l’histoire ne m’appartient plus. Elle fait partie de moi mais ne me définit pas. As-tu ressenti ça?

Tout à fait Alex, mais cela m’a tout de même pris un an. Grâce à ce projet, j’ai rencontré des femmes, des enfants, des organismes, des membres du gouvernement et ces rencontres m’ont cicatrisé. Tu l’as si bien écrit dans ton texte, ça laisse une cicatrice.

Merci. Oui, elle est là, on ne peut l’oublier, elle est ancrée en nous mais on a tellement plus à offrir que cela!

Je peux maintenant dire que oui.

Grand Garçon n’est plus seulement un album. Parle-moi de cette envergure.

C’est devenu un médium pour aider les femmes, les enfants et aussi les hommes qui sont victimes de violence conjugale. Leur donner le courage de fuir, de s’informer, de dire: «j’ai besoin d’aide».

Je ressens que cet album, c’est un peu une porte d’entrée pour aborder le sujet et guider vers les bonnes ressources. Justement, tu t’impliques beaucoup dans des organismes.

Oui, je m’implique. J’offre des ateliers et je suis en train d’en monter des nouveaux. Je veux être sur le terrain. J’ai rencontré plusieurs organismes et je me rends compte à quel point ce que j’ai réalisé va servir. J’ai lancé un documentaire qui présente Grand Garçon. Des organismes y parlent des actions qu’ils posent et ceux qui sont reliés au projet témoignent, incluant des membres du gouvernement. Il y aussi un spot publicitaire qui informe les gens sur les traces laissées par la violence. Il a été utilisé par les [services publics] lors de la journée sur la violence faite aux des femmes.

Tout ça à partir de ton talent, ton œuvre!

Oui! Pour moi, c’est plus qu’un album. C’est un projet, des actions sociales, des moments de discussion. Une voix pour plusieurs personnes qui ont vécu la même chose et qui se sentent moins seules. C’est un déclencheur. Je reçois tellement de messages de femmes et d’enfants qui ont vécu cela.

Vers quels organismes les guides-tu?

SOS violence conjugale. C’est, selon moi, l’organisme pilier pour aider les victimes et les témoins de ce type de violence.

Les routes ensoleillées

alors, l’avenir musical s’annonce ensoleillé pour toi?

Oui! Je vais parler d’amour au sens large, de qui je suis, et je veux un album coloré!

Même si ton passé est sombre, l’avenir est rempli de bonheur…

Exactement, comme dans ton deuxième article! On se ressemble, nous deux.

C’est important de montrer qu’on s’en sort, sans oublier cette partie de notre vie.

C’est exactement cela que je vais démontrer.

Que pense ta mère du chemin que tu as parcouru?

Oh, ma maman… Avant, elle était contre la musique et maintenant, c’est ma plus grand fan!

Ce fut un immense plaisir de passer ce moment avec toi, Dee. Tu es un homme inspirant.

Un premier single ensorcelant

Ce vendredi 17 octobre dernier, Dee Joyce lançait le premier single de son album à paraître en 2026, Ghetto (Ceux qui s’aiment), un appel à l’amour pop, ensoleillé et lumineux!

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