par Papaoutai? Dans la papaperasse!
Ahhhh… La période des impôts. Vous y avez survécu? Ce n’est jamais facile. Surtout quand tu prépares pour la première fois, et la dernière, ceux d’un parent décédé. Avant son départ, papa Alain avait laissé bien en vue sa petite mallette de dossiers légaux. Tout était en ordre. La mallette qui le suivait depuis plus de 20 ans était usée, mais les compartiments, eux, étaient parfaitement définis.
Après quelques conversations avec la notaire de notre père, les charges de travail se sont définies. Ma sœur Abeille allait prendre en charge l’entretien hivernal de la résidence de papa, un petit chalet qu’il a rénové de ses mains habiles, mais qui demande beaucoup d’amour. Notre sœur Noémie, que papa avait nommée exécutrice testamentaire, était bien embêtée par la paperasse technologique que cette tâche exige maintenant: courriels, fichiers joints, scans, signatures électroniques, Google Drive, fichier Excel…. Le mal de cœur l’assaillait juste à y penser. Elle était bien soulagée que j’offre de reprendre le flambeau. Mes journées étaient déjà occupées, mais j’étais curieuse d’en apprendre plus à ce sujet.
Préparer la succession d’un être cher – et ses derniers impôts –, c’est prenant, et c’est pas mal plus de paperasse que je l’imaginais! En fait, je dis à la blague que je pourrais faire un dossier spécial «mort» dans Mitsou Magazine! Mais sérieusement, si cela vous intéresse et que vous ne trouvez pas cela trop triste, il me fera plaisir de partager les infos avec vous un jour.
Attention aux chicanes
La première chose que je peux vous dire, c’est que pour s’occuper d’une succession, ça prend beaucoup de patience et… une bonne imprimante! Un dimanche, je me suis battue une heure avec la mienne avant qu’elle ne rende l’âme. J’ai été à quelques clics de virer moi-même sur le capot. Depuis ce jour, je suis fâchée contre elle et j’ignore cette machine maudite. C’est vrai que ça cause des chicanes, les testaments!
La vie dans un tiroir
Reste que de réaliser que la vie de mon père se résume à une couple de photocopies glissées dans des enveloppes à la toute fin, c’est difficile. Parmi ces documents importants, trois mariages, deux divorces, une assurance vie, un testament notarié et des petits pieds. Ses pieds de bébé, imprimés sur un papier à l’encre noire lors de sa naissance à l’hôpital, il y a 78 ans. En découvrant ce trésor dans la mallette, j’ai eu un choc. Depuis, je m’y accroche. Je les ai déposés dans une jolie boîte noire sur la table du salon. La preuve que certains pieds sont plus acceptables que d’autres sur une table!
Quoi qu’il en soit, je me suis entêtée à regarder tous les documents, page par page. On m’a demandé pourquoi je n’envoyais pas la mallette directement à un professionnel qui pourrait en faire le tri. Je crois que le fait de m’accrocher encore un peu au concret, à ces restes de lui, imprimés en noir sur blanc, le rendait encore vivant à mes yeux. Rendre hommage à mon père en observant ce lent processus m’offrait le temps de faire mon deuil.
On finit notre vie dans une boite, un pot ou un classeur. Après, il reste les tiroirs de la mémoire, que l’on ouvre un à la fois, pour en faire sortir un souvenir, une chanson ou une recette. J’avoue qu’il y a un tiroir que je n’ose pas ouvrir pour le moment. C’est celui de ma table de chevet, à la droite de mon lit, dans lequel j’ai déposé quelques vêtements de papa après son décès. Ces chemises auront-elles encore son odeur dans quelque temps? Je ne sais pas. Mais l’idée d’ouvrir la porte aux souvenirs olfactifs me bouleverse. Pour le moment, je ne m’en tiens qu’au parfum des chemises de sa mallette d’impôts, plus terre à terre. Et pour fermer la suite des dossiers, qu’ils soient émotifs ou administratifs, je reporte à l’année subséquente.
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