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Les secrets de Terre des hommes

J’ai fêté un anniversaire ce moi-ci, le 30e de la sortie de mon 2e album, Terre des hommes. Puisque vous étiez trop petits ou peut-être même pas nés pour connaître ces détails (et parce que la vie est trop courte pour attendre que j’écrive mes mémoires, voici quelques notes biographiques et surtout quelques secrets bien gardés de cette époque de mes 20 ans.

Le titre de ce 2e album en carrière, Terre des hommes, arrivé tout juste après le succès de El Mundo, était aussi celui de la chanson que m’avait écrite mon idole d’adolescence, Ivan Doroschuck, du groupe Men Without Hats. Oui oui! L’auteur de Safety Dance lui-même! Il est le premier Québécois (après Alys Robi) à avoir eu un succès international. C’est probablement lui qui a fait germer en moi cette idée de faire de même d’ailleurs! En sa présence, j’étais définitivement star struck. Même s’il m’a souvent accompagnée live en spectacle, je gardais mon coeur de fille de 14 ans en sa présence. Ivan a aussi composé mon premier single anglais, The world is a funny place qui fut le troisième extrait de l’album. James Di Salvio avait réalisé un clip tout à fait éclaté où je jouais des personnages féminins mythiques comme Eve et sa pomme, ou Danaé de Gustav Klimt.

La couverture de l’album avait été imaginée par mon gérant et producteur Pierre Gendron. Avec notre collaborateur des premiers jours, le photographe Jean Blais, nous avions développé le concept de ces trois hommes d’affaires âgés qui sont en arrière-plan, alors que je me tiens droit devant, cigare à la main, avec ce regard sulfureux et volontaire.

Pierre Gendron et moi

Juste avant la séance photo, j’avais demandé à Louis Hechter de transformer la blondinette que j’étais en brunette avec une coupe au carré, question de faire une grande cassure avec la Mitsou de Bye Bye mon cowboy et du premier album El Mundo que j’avais moi-même trop vue, trop entendue. Je n’en avais parlé à personne, je voulais m’appartenir et rejaillir autrement. Le changement fait, un peu nerveuse, je me suis présentée devant mon équipe qui a sursauté. Fiou! Ça a passé! En passant, Louis Hechter est encore celui qui s’occupe de ma tignasse, qui n’a plus changé de couleur par la suite.  

Photo: Jean Blais

Mademoiselle Anne, le premier single de l’album, se voulait aussi être une bonne démarcation de ce que le public avait connu de moi. Dans le clip, j’allais personnifier l’homme qui chantait pour cette mystérieuse Anne. Nous avions préparé le terrain avec la sortie du magazine de photographie Manoeuvres. C’était le début de la technologie de la vidéo qui coûtait pas mal moins chère à produire que le film. Nous avons opté pour cette option et fait comme nous avions l’habitude de faire, soit utiliser tout ce que nous avions en notre possession. Nous avons filmé dans mon appartement de l’époque et emmené mes meubles en studio par la suite pour la scène principale. Quand je regarde le clip aujourd’hui, je peux dire à mes filles, “regardez, c’était mon chat, ma salle de bain de mon premier appartement, ma lampe, ma chaise de cuisine, mon minuscule divan bleu vintage et mon lit en fer forgé”! Je l’ai toujours traîné avec moi, ce lit familial qui trône aujourd’hui dans la chambre d’invités.   

Pour le lancement, j’ai renoué avec mes « origines » et fait l’événement le 22 novembre 1990 à un endroit que j’avais fréquenté si souvent, les Foufounes Électriques, un club mythique de la scène punk et alternative sur la rue Sainte-Catherine. Tout le monde y était convié, même mon grand-papa Gratien Gélinas qui y mettait les pieds pour la première fois. Cela a donné des photos extraordinaires pour les photographes des médias présents. De mon côté, je ne possède que celles offertes par des fans qui ont eu la gentillesse de m’en faire des copies. Mon arrivée fut digne de… je ne sais pas trop! Un animal? Une drôle de bête en tous les cas! Tout ce que je sais, c’est que je m’étais fait faire un kit par ma voisine d’en bas (oui! oui!) qui se débrouillait très bien en couture. Je suis donc apparue en sortant d’une cage, aux Foufounes Électriques, devant mon grand-père et toute la famille, vêtue d’une culotte de latex, d’une combinaison en filet et d’une veste digne de celles des films de science-fiction des années 60. Bouge de là, Barbarella!!!    

Nous avions voulu le son de l’album plus riche et mature. Nous l’avons enregistré et mixé au Studio Morin Heights et au Studio Victor. Cela s’entendait! Même Claude Rajotte de Musique Plus avait aimé et affirmé qu’il me préférait à Debbie Gibson ou Tifanny!

Ma deuxième tournée de spectacles fut réussie et nous avons eu la chance de la terminer au Spectrum. J’ai pu enchainer À l’autre bout du monde, Terre des hommes ainsi que Lettre à un Cowboy pendant que ma manche prenait en feu! Au son de la guitare de Bobby Haché et dela basse d’Alain Caron D’Uzeb sur l’album, je chantais cette douce mélodie écrite par Daniel Deshaime. C’est une chanson dont on me parle encore aujourd’hui et le fait qu’Isabelle Boulay l’a souvent reprise en spectacle me comble encore de bonheur. 

Puis il y a le fameux clip Dis moi, dis moi qui fera l’objet d’un autre billet, car je dois garder quelques secrets, n’est-ce pas? Surtout si je décide un jour d’écrire ma biographie! Elle pourrait s’appeler tout simplement Du temps des autographes une époque qui fut tuée… par l’arrivée des selfies! Alors, je fais ça à quel nom?

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