Cet été, j’ai décidé de visiter la magnifique Côte-Nord en solo, oui madame. J’ai conduit juuuuuuuusqu’au bout de la route 138, oui monsieur. Google «Kegaska» si tu ne me crois pas. Un périple infiniment ressourçant dont je vais vous reparler assurément. Mais en attendant, je dédie cet article à tous ceux et celles qui, une fois leur arrêt à Tadoussac fait, décident de poursuivre leur bonhomme de chemin sans bifurquer à gauche sur la 172.
Car en montant sur cette route une quinzaine de minutes vers le nord, on arrive à la bien-nommée municipalité de Sacré-Cœur-sur-le-Fjord-du-Saguenay, un endroit qui rime avec beauté et félicité.
Mes coups de cœur dans le désordre.
Dormir dans les arbres
Ma BFF m’avait vanté son séjour dans une bulle avec sa famille à Canopée-Lit, un domaine comprenant des hébergements en nature et un resto, tenu par une gang de très sympathiques Français tombés amoureux de la région en 2008. Et j’ai compris pourquoi en arrivant à ma jolie cabane perchée dans les arbres: je me projetais déjà en train de déjeuner sur le balcon (il est compris dans le prix et livré à 8h) en lisant mon journal. J’ignorais juste à ce moment-là que ce serait au chant des grives, que j’ai entendu partout sur la Côte-Nord.
Le bonheur est dans la canopée
Mais le clou du spectacle, c’est le soir qu’il a lieu puisqu’une fenêtre ronde à même le toit permet d’observer les étoiles… J’en avais littéralement dans les yeux chaque fois que je me suis réveillée durant mes deux nuits (les joies de la périménopause). N’oubliez pas de déguster une pizza sur la terrasse du resto le soir venu: j’ai opté pour L’Anse-de-Roche, nommée d’après le secteur non loin d’où on a une vue imprenable sur le fjord. Elle était tartinée de crème, de confit d’oignons aux camerises locales, de miel aux pousses de sapin et garnie de chèvre et roquette. J’ai pu réchauffer l’autre moitié le lendemain grâce aux équipements de cuisine sur mon balcon. Il est où le bonheur? Ici!
Admirer des bélugas
Tant qu’à être proche de cette merveille de la nature qu’est le fjord du Saguenay, je n’allais pas rater l’occasion de randonner pour l’observer. J’ai choisi le Sentier Le Fjord, dans le secteur Baie-Sainte-Marguerite du parc national, rentabilisant ainsi ma carte annuelle de la SEPAQ. Il débute par un chemin qui reliait déjà le village du même nom à Tadoussac… en 1867. Oui, je suis du genre à lire toutes les pancartes explicatives que je rencontre. D’ailleurs, c’est ainsi que j’ai appris que l’expression «(se) payer la traite» remontait à la traite des fourrures, quand «l’alcool pouvait servir de monnaie d’échange ou d’accord de vente»!
Fjord-midable!
Après quelque trois kilomètres, on arrive à la Halte aux bélugas. Et là, wouah!, il y en avait cinq qui nageaient gracieusement devant nos yeux émerveillés. Ou «au moins douze», si je me fie au petit gars surexcité à mes côtés! N’ayant pas de télé-objectif comme cette dame qui les mitraillait, je me suis laissée emporter par le moment présent… En poursuivant vers le point de vue de l’île Saint-Louis (une boucle de 10 km aller-retour), mon regard a été attiré par des petits dômes en lichen, que mon application Seek a identifiés comme étant de la cladonie étoilée, ou lichen des caribous. Je vous conseille de la télécharger, car vous voudrez tout savoir sur la flore qui vous entoure!
Une fois au sommet, j’étais presque seule au monde… devant un panorama à couper le souffle. Merci aux deux randonneuses qui m’ont immortalisée et transféré leurs clichés sur-le-champ, ce sont de précieux souvenirs du début de mon road trip, durant lequel j’ai eu constamment le cœur content.
Faire de l’agrotourisme
Moi qui ai en général peu soif de bière, après cette randonnée, j’en désirais ardemment une trèèèèès fraîche. Je me suis arrêtée au café La chasse gardée, que la microbrasserie du même nom a ouvert tout récemment. La Nébuleuse des champs, une ale aux baies nordiques, m’a autant désaltérée que la vue m’a enchantée.
Puis j’ai mis le cap sur Herbamiel, où on pratique l’apiculture artisanale. Un endroit qui fleure bon, où on peut mettre la main sur des miels crus naturels, de la propolis, du pollen d’abeille et une foule de produits cosmétiques ou domestiques. J’ai hâte d’essayer mon mélange miel et gelée royale cet hiver, car consommé quotidiennement en cure, il est censé booster l’énergie.
Le moment de mon passage ne correspondait pas à une des activités de Cœur sauvage, sinon c’est certain que je me serais offert l’atelier gourmand de plantes sauvages, qui allie randonnée et tapas réalisés avec la cueillette. La prochaine fois!
Tomber en amour avec l’art sylvestre
De retour à ma cabane chez Canopée-Lit, j’ai poussé la porte de la boutique en face de l’entrée des sentiers, Les Éblouis, intriguée par son bel arbre en lamelles de bois. Il servira à accrocher les souhaits des visiteurs et des résidents, m’apprend Louise, l’aimable artisane du bois boréal et copropriétaire avec Cyr, sa tendre moitié. Leurs créations – bijoux, bols, vases, «objets poétiques et philosophiques» – sont renversantes, et j’ai été étonnée de constater que le bois du lilas présentait un ravissant veinage. Je suis repartie avec un bol en cyprès aux lignes concentriques hypnotisantes. Ces deux artistes sylvestres récupèrent le bois mort dans la forêt environnante ou reçoivent des dons de la population locale… génial!
Éblouie moi aussi
Se payer un festin royal
Bon, je triche, car je conclus en vous parlant d’un restaurant de Tadoussac où je rêvais de m’attabler depuis des années, bien avant qu’il décroche un Bib Gourmand du Guide Michelin: Chez Mathilde. On peut parfaitement y souper et retourner dormir à Sacré-Cœur, les papilles complètement ravies. J’y suis allée all-in en choisissant le Saint-Laurent, un menu cinq services qui met en valeur les produits de notre majestueux fleuve.
Exquis terroir marin
Et je n’ai eu aucun regret, pas même celui d’avoir choisi l’accord mets-vin ni rajouté un plat emblématique de pétoncles tellement j’étais emballée. J’ai mangé le meilleur homard de ma vie, associé à de la rose (oui, oui!), du crabe des neiges combiné à de la poire, du bar rayé local sur un bouillon algue et miso que j’aurais rapporté en barils, des raviolis au bourgots qui m’ont réconciliée avec ce coquillage et un dessert à la pomme noire, selon le même principe de longue cuisson que l’ail noir. Une soirée de pure extase, en tête-à-tête avec un roman de Louise Penny, à échanger avec le ballet d’affables serveurs et serveuses parfaitement coordonné.
Vous ai-je donné l’envie d’ajouter Sacré-Cœur à votre itinéraire sur la Côte-Nord? Je l’espère!














