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Manon Gardner, mon amie qui voulait mourir

Au moment où j’écris ces lignes (le 8 novembre), mon amie Manon est en train de se battre pour mourir.  Oui, oui, vous avez bien lu.

Elle a arrêté de s’alimenter le 25 septembre dernier et de s’hydrater le 1er novembre.  On lui avait dit que la mort surviendrait dans les 3 à 5 jours après l’arrêt d’hydratation, mais la situation semble vouloir prendre une tout autre tournure, à notre grand désarroi.

PRENDRE SA MORT EN MAIN

Atteinte de sclérose en plaques depuis de nombreuses années et ne pouvant plus subvenir à ses besoins, Manon a décidé, en toute sérénité et lucidité, de prendre sa mort en main, c’est-à-dire de mettre fin à ses jours par ses propres moyens puisque, selon l’information qu’elle avait recueillie et reçue, la loi sur l’aide médicale à mourir n’était pas encore adoptée au Québec.

On savait que les personnes en phase terminale de cancer avaient droit à une certaine assistance, mais on avait affirmé à Manon que les cas de sclérose en plaques n’étaient pas admissibles à ceci.

Quelques jours avant de mettre son plan à exécution, Manon m’a demandé de partager son histoire afin de sensibiliser et possiblement d’accélérer l’adoption de loi sur l’aide médicale à mourir.  Mon premier billet à ce sujet a été publié dans La Presse dimanche dernier (4 novembre).

QUAND LA VÉRITÉ FAIT MAL

Quelques heures après la parution de l’article, je vois défiler des commentaires sur mon compte Twitter…  Deux médecins me disent que la loi C-14 sur l’aide médicale à mourir est en vigueur depuis décembre 2015 et que, selon les données fournies dans mon texte, Manon y aurait eu droit.

La première image qui me vient en tête est celle de mon amie qui, quelques heures plus tôt, commençait à avoir des pertes de lucidité…  « Comment une telle erreur est-elle possible?  Quelle horreur! »

Par la suite, tout a déboulé comme dans un mauvais film.  J’ai communiqué à plusieurs reprises avec les deux médecins, les docteurs David Lussier et Claude Rivard qui sont tous deux attitrés à l’aide médicale à mourir et qui demeurent dans la région de Montréal.

Le docteur Rivard était même prêt à venir à Drummondville pour faire signer Manon (si elle en avait été capable) et faire la première évaluation.  Une deuxième évaluation par un médecin indépendant aurait été nécessaire pour que Manon ait accès à la médication.

Toutefois, il était trop tard. Deux ou trois jours trop tard…  Au moment où tout cela aurait pu être mis en branle, Manon n’était déjà plus assez lucide et apte pour faire une demande écrite, comme l’exige la loi.

TOUJOURS VALIDER ET REVALIDER

Alors nous en sommes là.  À attendre péniblement que mon amie – qui avait exprimé le souhait de ne pas souffrir et de mourir rapidement – retrouve enfin sa liberté en quittant son corps.

Sa conjointe Nicole et moi n’arrêtons pas de nous demander comment se fait-il que nous n’ayons pas validé et revalidé l’affirmation de Manon que la loi sur l’aide médicale à mourir n’était pas encore adoptée.  Il aurait suffi de googler, j’imagine, pour le savoir.  Et qu’en est-il des autres personnes qui ont fait partie de cette étrange aventure?  Il faut dire que nous ressentions tous un certain malaise à vouloir aider Manon à mourir.  C’était quelque chose de jamais vécu.

Ce que nous réalisons maintenant par-dessus tout, c’est que trop peu de gens savent que la loi C-14 sur l’aide médicale à mourir existe.  Comme le dit si bien le docteur Lussier:  « C’est le système qui doit faire un examen de conscience quand quelqu’un n’est pas bien renseigné, comme ce fut le cas pour Manon. »

En attendant, nous ne pouvons que prier pour que les souffrances de ma très courageuse amie Manon Gardner se terminent au plus vite et espérer que sa triste fin aidera à mieux faire connaître l’aide médicale à mourir.

NOTE :  Au moment de publier, nous apprenons que Manon est décédée le 9 novembre à 1h15 du matin.

Pour de l’information sur l’aide médicale à mourir : www.quebec.ca/sante

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