« Regarde, Mitsou. C’est tellement rare… Anthony est à la droite sur cette photo », me dit Johanna Choremis en me tendant une photo de ses fils. En vue de la Journée mondiale de la sensibilisation à l’autisme, je me suis entretenue avec sa famille. J’avais particulièrement hâte de féliciter Anthony, l’aîné de la fratrie, qui a écrit un livre inspiré de sa relation avec son petit frère. Depuis son plus jeune âge, il couve instinctivement Constantin, 15 ans, en mettant son bras autour de ses épaules toujours de la même façon. C’est que Constantin a ses habitudes et sa routine. Il vit avec une forme d’autisme sévère et Anthony, 17 ans, ferait tout pour lui rendre la vie plus facile.
Constantin parle, mais ses phrases sont limitées et très brèves. Les communications sont difficiles, mais le lien entre les deux frères n’est pas moins important pour autant. Anthony a appris mieux que personne comment le nouer. C’est avec cette idée en tête qu’il a décidé, à l’âge de 14 ans, d’écrire Le gros problème de Noah.
Le livre, tout juste sorti dans les librairies, raconte l’histoire de Noah, qui aimerait beaucoup jouer avec son petit frère Gabriel. Mission difficile, car Gabriel est autiste et n’appréhende pas le monde autour de lui comme les autres petits garçons. Il propose à son frère toutes ses activités préférées: le hockey, la piscine, les casse-tête… Mais rien ne fonctionne. Alors, Noah cherche une solution et, après plusieurs échecs, la trouvera. Et si Noah devait plutôt penser à ce que son frère aime vraiment, lui?
Anthony tenait à raconter sa relation avec son frère Constantin pour mieux sensibiliser les gens à la réalité des frères et sœurs des personnes vivant avec ce trouble. « Quand j’étais plus jeune, je me demandais quand je pourrais lui parler, je demandais au père Noël d’enlever le trouble de communication de mon frère. Aujourd’hui, je reconnais que, sans le savoir, j’ai appris beaucoup sur la diversité, la neurodiversité en particulier et la différence. »
Ce à quoi sa mère acquiesce. « Contrairement à bien des gens, Anthony ne se moque pas des autres. Il me demande souvent d’aider quand il rencontre un itinérant et je le trouve très à l’écoute. »
Le gros problème de Noah est une histoire remplie de tendresse sur la force de l’amour et du lien fraternel, appuyée par les illustrations colorées de Baptiste Amsallem, qui évoquent la simplicité et la candeur de l’enfance. C’est aussi une leçon de tolérance et de persévérance: il y a toujours une solution à un problème et c’est ce que nous démontre Noah.
« C’est important pour moi de remettre les droits d’auteur du livre à l’école et la Fondation À Pas de Géant. C’est là où mon frère est scolarisé. Notre famille est très impliquée et chaque année, nous participons à des activités de levées de fond pour Constantin et ses camarades de classe », raconte Anthony, qui rêve d’étudier dans le domaine de la santé. « Cette année, avec ce livre, je suis heureux de pouvoir aider d’une manière plus personnelle. »
Outre le livre d’Antony Antoniou, La Fondation À Pas de Géant misera aussi sur son encan annuel au Fairmont Reine Élizabeth, animé par Charles Lafortune, le 2 mai prochain.