Le milieu des médias est en choc. Elise Loehnen, l’ancienne CCO de Goop, une entreprise fondée par Gwyneth Paltrow, a déclaré que travailler chez Goop lui avait donné une image corporelle distortionnée et qu’elle s’était promis depuis son départ de ne plus jamais faire de cure détox ou de jeûne de sa vie. Sauf qu’elle affirme aussi par la même occasion avoir entrepris une nouvelle « cure santé », un jeûne « équilibré et moins restrictif ». C’est à n’y rien comprendre? Oui… et non. Laissez-moi vous offrir une explication bien personnelle.
La petite histoire
Elise Loehnen, 42 ans, fut l’une des premières employées de Goop. Elle a quitté le magazine en octobre 2020 après 7 ans, déclarant qu’elle prenait une sabbatique pour écrire un livre. Son départ faisait partie d’une vague de démissions attribuée par l’entreprise à la COVID-19, mais qui selon les commentaires de plusieurs employés, serait plutôt attribuée à une mauvaise gestion des ressources humaines et au tempérament difficile de la fondatrice. Gwyneth Paltrow serait trop souvent impossible à joindre, préfèrerait les essayages de vêtements au travail de bureau, mais ferait tout de même de la microgestion plutôt que de développer la compagnie.
Beaucoup de travail et peu de nutriments
Aujourd’hui, Loehnen raconte que les multiples cures dont Paltrow est fan et qui étaient organisés comme étant des challenges detox tant pour les employés que pour les lectrices du magazine, lui ont fait beaucoup de mal. Dans une vidéo publiée sur Instagram, Loehnen explique qu’elle avait le sentiment de ne pas avoir une saine relation avec son corps. Comme si elle essayait toujours de le punir et de le contrôler.
Je me souviens avoir ressenti un malaise pour Elise lors de notre rencontre il y a quatre ans à l’Hôtel William Grey dans le Vieux-Montréal. Elle et Gwyneth étaient à Montréal pour promouvoir la première édition canadienne du sommet In Goop Health, présentée à Vancouver. Mon instinct me disait qu’elle devait défendre des positions qui semblaient différentes de ses propres valeurs et que derrière ses grands yeux bruns se cachaient bien plus de mystères qu’il n’en paraissait.
Celle qui avouait déjà à l’époque souffrir de fatigue, d’anxiété de performance et de peur de décevoir avait déclaré :
« Je crois qu’une fausse idée circule au sujet de GOOP voulant que tout le monde doive être parfait. Ce n’est pas l’objectif! Le but, c’est plutôt de faire de bons choix lorsqu’on peut. Nous sommes reconnus pour nos cures et notre détox annuelle et lorsque les gens essaient, ils aiment cela. »
Pourtant, aujourd’hui, elle explique qu’après avoir quitté Goop, elle a mangé « comme une adolescente » pendant 2 ans pour retrouver sa confiance en elle et la connexion avec son corps.
« J’avais besoin d’arrêter ma tendance à être critique et punitive, de me châtier. »
Cependant, elle a déclaré qu’après cette période au cours de laquelle se nourrissait de manière instinctive et libre de tout jugement, elle avait souvent mal au ventre. Elle en a parlé avec son amie Ellen Vora, médecin et autrice du livre The Anatomy of Anxiety, dans un épisode de son balado Pulling The Thread. Grâce à ses arguments, elle a décidé de faire une cure santé, mais de le faire différemment, optant pour une version qui permet la consommation de légumes et de protéines. Dans le même souffle, elle a affirmé avec fierté qu’elle n’était surtout pas montée sur la balance pour vérifier son poids.
Je ne suis pas spécialiste, mais en tant que personne qui a combattu un trouble alimentaire, j’ai ressenti un mélange d’incompréhension et de compassion à parts égales. Je ne prétends pas ici qu’Elise Loehnen souffre de trouble alimentaire, mais je souhaite à l’ancienne rédactrice en chef de Goop de continuer sainement sa quête de bien-être et surtout d’être bien accompagnée pour le faire.
Peu de gens le savent, mais il est commun de souffrir d’un dérèglement digestif après avoir souffert de dénutrition alimentaire, souvent déclenchés par les diètes ou les jeûnes à répétition. En effet, plusieurs études montrent aujourd’hui le lien entre les troubles alimentaires et les troubles digestifs. En fait, les deux tiers des patients se plaignent de troubles digestifs sérieux quand ils recommencent à se nourrir normalement, car en restreignant l’alimentation pendant des années, la force et la masse musculaire des muscles digestifs est atteinte et diminue.
Chez les patientes qui souffrent d’anorexie, les troubles fonctionnels digestifs sont notoires :
- 20 % souffrent de reflux gastrique (le chiffre est encore plus haut chez les boulimiques)
- 70 % ont un ralentissement de la vidange gastrique
- 75 % ont une constipation marquée
Ces douleurs, ballonnements et autres sont souvent la cause des rechutes vers les comportements restrictifs. Cette sensibilité intestinale plus élevée présentée chez la majorité d’entre eux peut les amener à penser qu’ils sont intolérants au gluten ou au lactose par exemple. C’est la raison pour laquelle les patients de troubles alimentaires devraient avoir aussi accès aux soins appropriés, avec des spécialistes en gastroentérologie.
Après le traitement
Quand on a affaire à un trouble alimentaire, le travail ne devrait pas s’arrêter aux comportements alimentaires, mais aussi à leurs effets à long terme. Le travail ne fait que commencer et il faut sensibiliser les jeunes aux conséquences graves des diètes le plus tôt possible. Voici les explications d’une spécialiste en la matière, Dre Catherine Sénécal de l’hôpital Douglas, fondatrice de la Clinique Change à Montréal.
Si vous pensez souffrir d’un trouble alimentaire, consultez ANEB.