logo youtubelogo vimeologo twitterlogo rss logo instagram logo fb simplezoom 2heart 2minimal leftminimal rightcheck boldemail 84ic local printshop 24px launch 11 cart simple button playapple logo spotifylogo linkedinmirror cloud download 95logo pinterest
Photo: Ben Wicks / Unsplash

Comment réussir la garde partagée?

On tombe en amour, on met des enfants au monde, on est fiers de notre petite famille. Puis un beau jour, l’hécatombe. Comme un couple sur deux au Québec, on se sépare. Et on doit se résoudre à ne plus voir ses petits amours tous les jours.

Comment, à partir de là, réorganiser sa vie et celle de ses enfants, le tout sans heurts? C’est à cette vaste question que répond l’ouvrage Notre enfant, on le partage comment?, cosigné par notre collaboratrice, Me Sylvie Schirm, et Me Marie-Elaine Tremblay, animatrice à l’émission Les Justiciers.

On en discute avec Sylvie, qui nous a par ailleurs expliqué récemment le concept d’aliénation parentale.

Sylvie Schim et Marie-Elaine Tremblay. Photo: Josée Lecompte.

Que vouliez-vous offrir avec ce livre?

Notre but est de donner un guide aux parents qui vivent, ou vont vivre, la garde partagée afin de leur faciliter la vie et leur donner les informations dont ils ont besoin pour prendre les bonnes décisions pour leur enfant. Parce qu’il y a plusieurs aspects qui doivent être discutés, il y a bien sûr les horaires de garde, la pension alimentaire, mais aussi les frais particuliers et les dates importantes, comme Noël, l’Halloween, etc.  

Vous exercez en droit familial depuis 1988, qu’est-ce qui a changé dans la société québécoise depuis?

Il y a 35 ans, les gens se séparaient autant, mais on ne voyait pas de garde partagée comme aujourd’hui. C’était plutôt la femme qui gardait les enfants, et le père les voyait une fin de semaine sur deux. La situation était différente, aussi, beaucoup de femmes ne travaillaient pas, du moins avant que les enfants soient en âge d’aller à l’école. L’arrivée des garderies subventionnées, un legs de Pauline Marois, a changé la donne. Les femmes ont investi le marché du travail. Il y a aussi que les papas d’aujourd’hui sont plus impliqués dans la vie de l’enfant que ceux de cette époque, et ce, dès le début de la grossesse. Le fait que les deux parents travaillent a donc amené cette répartition de la garde dans les couples séparés.

Qu’est-ce qui est le plus dommageable pour l’enfant dans une séparation?

Le conflit parental, et de loin. Au début, quand la garde partagée a commencé à gagner en popularité, la principale inquiétude qui ressortait était le fait que l’enfant aie à vivre dans deux maisons. Dans la littérature sur le sujet, on craignait que ça cause des troubles d’attachement, une difficulté à établir des liens émotifs chez les enfants. À travers les années, ce que les études ont démontré, c’est que l’élément le plus nuisible est plutôt le conflit parental. C’est ce qui est le plus difficile à vivre pour eux, ce qui laisse des traces. Bien sûr, la rupture est un choc pour eux, et ils vont même souvent tenter de ramener leurs parents ensemble dans un premier temps. Mais si la séparation se passe sans conflits, la souffrance et la peine seront moindres et les enfants pourront mieux évoluer que s’ils ont une boule dans l’estomac chaque fois qu’ils changent de maison parce qu’ils ne savent pas ce qui les attend.

Le livre est d’ailleurs émaillé de témoignages d’enfants, et l’un d’eux dit même, devenu adulte, avoir coupé les ponts avec ses deux parents parce qu’il n’en pouvait plus des conflits…

On a inséré ces extraits justement pour amener les parents à comprendre ce que leurs enfants vivent quand il y a un conflit parental. Lorsqu’on vit une séparation, on devient un peu égoïste, et c’est normal parce qu’on traverse quelque chose de dur. Mais c’est important de laisser de côté notre souffrance pour se mettre à la place de l’enfant. Surtout que, parfois, les enfants vont s’allier avec le parent «victime», c’est-à-dire que si papa a laissé maman parce qu’il a une nouvelle blonde et qu’ils l’apprennent, bien ils vont se ranger du côté de la mère. Ça va rendre difficile le rapport entre les deux parents. Et ça peut perdurer, puis briser la relation enfant-parent. Dans notre livre, on donne des conseils sur les façons de communiquer, parce qu’on ne veut pas qu’un conflit parental aboutisse en cour.

Justement, il y a plusieurs extraits de jugement dans le livre, pourquoi?

Pour démontrer quels sont les critères que les juges vont considérer dans un cas de garde partagée, que ce soit pour l’horaire, la pension alimentaire, le comportement d’un parent, etc. On trouvait important de mettre des extraits, de donner une voix aux juges au lieu de simplement faire référence à tel ou tel jugement.

Alors, quels sont les ingrédients primordiaux pour une garde partagée réussie?

D’abord et avant tout, communiquer, et le faire dans le respect et la bonne foi. Il faut trouver une façon de pouvoir échanger concernant l’enfant, parce qu’il y aura des décisions à prendre. Des fois, ce sera banal: est ce qu’on l’inscrit au hockey ou pas? Elle va suivre ses cours de natation là ou ailleurs? D’autres fois, ce ne le sera pas: par exemple des questions médicales si l’enfant a des problèmes de santé, ou d’éducation, si l’enfant a des difficultés à l’école. S’il n’y a pas une communication minimale, dans le respect, ça va être beaucoup plus difficile pour l’enfant, parce qu’il n’y aura pas deux parents qui décident ensemble. Il va y en avoir un qui décide d’un côté, et l’autre de son bord.

Plusieurs couples éclatent justement parce qu’ils ne sont pas capables de communiquer…

Oui, c’est vrai! Mais il n’est pas trop tard pour apprendre. Il y a des outils qui existent, comme le coaching parental. Le coach va aider les parents à trouver des solutions, à établir des règles, savoir comment communiquer, comment échanger. Et pas besoin de se faire accompagner pour l’éternité, mais c’est un outil qui peut vraiment aider. Parce que la Cour supérieure, elle, n’aidera pas les parents à mieux communiquer, son job, c’est de trancher!

Il faut aussi savoir communiquer devant les enfants…

On doit éviter que les enfants soient témoins de quelque dispute que ce soit et de leur dire des choses du genre: demande à ton père s’il veut payer ton cours de natation. Parce que c’est mettre l’enfant dans une situation intenable. C’est lui qui doit aller négocier, ou c’est l’autre parent qui, au lieu d’avoir une discussion entre adultes sur une décision de cette nature-là, se retrouve face à l’enfant.

En terminant, qu’est-ce que les parents ignorent souvent en matière de garde partagée?

Selon moi, l’impact de leurs gestes et paroles sur les enfants. Et relativement à l’argent, la question des frais particuliers. Qui paie quoi? Parce que certaines dépenses sont 50-50, d’autres, non. Alors, on explique dans le livre comment ça fonctionne et comment gérer tout ça pour se simplifier la vie et s’entendre sur ce sujet.

Nous vous proposons

Du même auteur

Comment réussir la garde partagée?