Je vais mettre un bébé au monde. Et c’est la plus belle chose qui me soit arrivée.
Au début de ma vingtaine, je redoutais l’idée de la famille. Je n’en avais tout simplement pas envie. J’avais peur. De ne pas être capable, de vivre un divorce, de ne pas aimer assez. De ne pas être assez. Enfant, je faisais des mises en scène avec ma Barbie célibataire, pas d’enfants, qui avait des amants qu’elle laissait une fois sur deux.
L’envie d’un bébé est venue sans crier gare. Quand j’ai rencontré l’homme de ma vie. Je dis homme de ma vie, car j’aimerais qu’il n’y en ait pas d’autre.
J’ai découvert, au fond, que j’étais plus romantique que je ne l’aurais cru. L’envie de fonder une famille est devenue inexplicable, profonde et tangible.
Je me suis laissée guider par ce besoin sans me poser question.
Les questions sont venues plus tard, inévitablement.
Je me suis lancée sans trop prendre conscience de ce qui allait s’en suivre. Et tout d’un coup, concevoir est devenu vrai. Positif. Le signe positif d’une grossesse annoncée.
Je n’ai jamais pensé que je pourrais faire une fausse couche. Ça m’est arrivé. À l’échographie de la 13e semaine, on m’a dit que le cœur de mon petit avait cessé de battre. Tout juste après avoir vécu un automne éprouvant où j’avais dit #MoiAussi.
C’est une chose d’intellectualiser le fait qu’on puisse perdre un fœtus, c’en est une autre de le vivre. J’ai vécu une peine indicible. Culpabilité, tristesse, deuil. Et j’ai redoublé d’empathie envers celles qui tentent d’avoir un bébé et qui cumulent les épreuves de ce genre. Je vous en parle aujourd’hui, car ça me semble être un sujet encore peu discuté, voire tabou. On célèbre la venue d’une grossesse, mais on oublie à quel point chacune d’entre elles relève d’un miracle. C’est ce que l’infirmière m’a dit, avec une grande empathie, le jour où c’est arrivé.
Avec ce bouleversement, j’ai mûri. J’ai aussi compris que je désirais vraiment avoir un enfant. Mais l’anxiété s’est développée. Est-ce que ça va bien aller? Est-ce que l’enfant que je vais mettre au monde sera assez fort pour survivre?
Ce cheminement m’a fait comprendre que je ne connaissais pas grand-chose à mon corps. J’ai découvert que mes cycles menstruels étaient de 45 jours et anormalement longs, conséquence probable de troubles alimentaires vécus à la préadolescence. J’ai compris ce qu’était un cycle menstruel, d’ailleurs. L’ovulation. La fécondation. J’avoue que j’étais plutôt inculte en la matière. L’arrivée rapide de la pilule contraceptive dans ma vie m’a fait omettre une certaine autocritique. Étrange tout de même que je me pose tellement de questions dans les autres sphères de ma vie et que je n’ai pas appris à comprendre mon utérus.
Je me suis réveillée un matin d’août, un an après la première grossesse. Sur la petite bandelette que je tenais entre mes mains, le signe positif. Prise 2.
Vertiges, soulagements, euphorie et…stress.
Les semaines ont passé lentement.
Le premier trimestre ponctué de vomissements quotidiens (on est quand même fortes les femmes, hein) a finalement pris fin. Je suis parvenue à la 20e semaine comme on franchit la moitié d’un marathon. Dans la salle d’échographie, avec l’homme de ma vie, j’ai appris le sexe du bébé.
J’ai su que c’était un petit garçon. C’est à ce moment-là que je me suis autorisée à y croire.
Je le sens. Et j’ai lâché prise pour la suite. La vie va suivre son cours.
ll est là, au creux de mon ventre. Il valse et me répond à coups de pieds. Il me chavire, il m’émeut. Il aime les bains chauds, le contact d’une main sur mon ventre, la musique d’Alexandra Stréliski.
Tout ce que je sais, c’est que je l’aime plus que tout. Le reste, c’est de l’inconnu.
Retouche: Mélanie Lapointe @mellapointe
MUA: Marianne Caron @maarymakeup