Sophie Maffolini est médecin de famille, entrepreneure et coach de méditation pleine conscience!
Sa mission? Inspirer les humains à vivre consciemment, pleinement et heureux.
Après la parution de son bestseller Méditer sans complexe, Sophie nous revient avec son second ouvrage L’anxiété sans complexe! Dans celui-ci, la marraine de la Mindful Mafia nous partage ses trucs de santé, de méditation et de bien-être afin de développer une relation plus amicale avec l’anxiété et trouver le calme intérieur.
L’anxiété est certainement l’un des maux les plus présents de notre époque et la situation actuelle ne fait qu’amplifier ce phénomène. Comment pouvons-nous parvenir à accueillir cette émotion et à la traiter en amie plutôt qu’en adversaire? En se confiant sur son expérience personnelle et en s’appuyant sur son expertise professionnelle, Sophie nous invite à apprivoiser notre anxiété à travers des réflexions et des exercices simples, faciles à intégrer au quotidien!
Sophie, quel était le mot d’ordre pour ton nouveau livre?
Aider les gens à développer une relation amicale avec l’anxiété! L’anxiété, c’est souvent quelque chose dont on a peur ou que l’on pense incontrôlable. Il y a beaucoup de pensées et de croyances négatives qui font en sorte que, intuitivement, elles vont entretenir l’anxiété. Je voulais que les gens puissent développer une relation plus douce avec cette émotion mal-aimée, car on ne comprend bien souvent pas pourquoi on la vit. Une fois que l’on développe la connaissance de soi et que l’on comprend pourquoi ça arrive, que l’on comprend aussi que l’on a du pouvoir sur différents mécanismes qui vont entretenir l’anxiété, on est capables de se remettre au centre de sa vie et de moins se laisser envahir par l’anxiété!
Avec ce nouveau livre, tu nous proposes de faire de l’anxiété notre alliée en nous guidant pas à pas afin de mieux gérer le stress et l’anxiété naturellement, tout en trouvant le calme ici et maintenant. Quelle est ta technique préférée pour te recentrer sur le présent?
C’est un grand défi! C’est facile en théorie, mais en pratique, c’est plus difficile (rires). Pour moi, l’une des pratiques que je préconise le plus, c’est la pleine conscience. C’est un entraînement de notre esprit à revenir dans l’instant présent. La pleine conscience, ça peut être par la méditation formelle, qui est très terre à terre. On va porter intentionnellement notre attention dans le moment présent, sans jugement, en accueillant ce qui est là. Lorsque l’on vit de l’anxiété, on est souvent dans notre tête et dans le futur. Avec la pleine conscience, on va donc s’entraîner à ramener notre attention dans le présent. Souvent, les gens qui vivent de l’anxiété vont chercher plein de moyens de gérer leur anxiété, et ils vont parfois essayer de méditer une fois, et dire que ça n’a pas fonctionné et que ça n’a eu aucun impact… Mais, quand l’on a vécu de l’anxiété toute notre vie, ça nécessite un entraînement régulier! On peut commencer petit à petit et augmenter aussi au fil du temps. La pleine conscience est donc un outil super intéressant et on peut aussi l’utiliser dans notre quotidien, par exemple, de manière simple. On revient simplement à ce que nos sens perçoivent. Quand l’on est prisonniers dans notre tête, en revenant vers nos sens, en nous demandant ce que l’on voit devant nous au moment présent, ce que l’on entend, ce que l’on touche, ça nous détend; juste le fait de se ramener à nos sens et ce que nos sens perçoivent, ça va nous ramener dans le moment présent. On peut d’ailleurs le faire plusieurs fois par jour! C’est sûr que la pleine conscience, c’est mon dada et j’en fais ma mission de la partager! Sinon, il y a la cohérence cardiaque, qui est une pratique qui est très simple à apprendre… probablement plus simple que la pleine conscience! C’est une technique de respiration rythmée où on va inspirer en 5 secondes et expirer en 5 secondes pendant 5 minutes. On va faire ça trois fois par jour; le matin au réveil, le midi et en fin d’après-midi. En une dizaine de jours, on va déjà voir des effets au niveau de l’anxiété. C’est sûr que pour voir des effets à long terme, il faut continuer à pratiquer. C’est là que les gens vont avoir un relâchement en fait. Intégrer une habitude dans sa vie, changer ses propres habitudes, ça demande un effort conscient et c’est vraiment la persévérance qui va amener les bienfaits dans la vie des gens!
La situation actuelle de la pandémie amplifie notre stress, surtout qu’on est laissé dans le flou et qu’on ne sait pas de quoi le futur sera fait! Comment fait-on pour arriver à se calmer?
Il y a beaucoup d’incertitudes présentement. Une des raisons pour lesquelles on vit de l’anxiété, c’est que l’on a souvent de la difficulté à accepter l’incertitude, l’accueillir, et donc à développer une tolérance à l’incertitude. C’est une façon aussi de faire face à ce qu’on le vit présentement. C’est sûr que face à la pandémie, tout dépend de ce sur quoi on pose notre regard, notre attention. Présentement, les médias entraînent beaucoup notre attention vers tout ce qui est en lien avec le coronavirus. On voit le nombre de morts à la télé et veux, veux pas, ça crée un climat de peur général! C’est certain que si on porte notre attention toute la journée à ce qui est dit aux nouvelles, ça va nous garder dans un climat de peur perpétuel. Alors que si on ferme la télé et que l’on commence à se recentrer sur le présent, sur où l’on est, si on est en sécurité, si on a un toit sur nos têtes et de la nourriture, etc… Juste le fait de choisir où l’on va déplacer notre attention, ça va nous aider à ce moment à faire face à la pandémie. Oui, c’est bien de s’informer, de savoir ce qui se passe, mais tout en choisissant où l’on va focaliser notre attention, favorablement autour de soi, ici et maintenant, soit l’environnement dans lequel on se retrouve. Plus on s’entraîne à la méditation, plus on va être capable de faire ça aussi. On va être capable d’observer la situation, plutôt comme un observateur bienveillant, et de faire en sorte qu’elle ne prenne pas toute la place. Puis, plus on pratique la pleine conscience, plus on va arriver à se détacher et davantage observer. Ça va aider à mieux gérer l’anxiété!
Comment fait-on pour ne pas se faire envahir par le stress alors que l’on est toujours interpellés par les diverses technologies (courriels, textos, télévision, etc.) à tout moment de la journée et de la nuit?
C’est quelque chose sur laquelle je réfléchis de plus en plus, parce que ça prend beaucoup de place dans nos vies, hein, les cellulaires! Notamment, les réseaux sociaux sont faits pour que ce soit addictif, en un sens, et instantané. Ça nous sort beaucoup de ce que l’on est en train de faire. En premier, je dirais de mettre en veille toutes les notifications. C’est vraiment une grande libération, d’enlever toutes les notifications de notre cellulaire, quand c’est possible, et de laisser seulement celles qui sont nécessaires. Ensuite, ça peut être de commencer à monitorer un comportement. J’ai fait cet exercice-là, d’observer mon comportement avec les médias sociaux, parce que je me suis rendu compte que j’allais souvent sur mon cellulaire, que j’allais souvent voir mes courriels. Je sentais cette impulsion-là de répondre tout de suite, alors qu’il y a rarement une urgence à répondre à un courriel, on va se le dire (rires)! C’est plus un besoin que l’on s’autocrée, surtout si on a une tendance à être perfectionniste et tout… On veut répondre vite aux gens! Et ils doivent nous répondre aussi rapidement, c’est une roue sans fin. Donc, il est bon de se choisir un temps dans la journée où l’on va consulter nos courriels.
Je travaille avec les médias sociaux, donc c’est sûr que c’est un peu plus dur. Sincèrement, si je n’avais pas à travailler avec les médias sociaux – parce que pour moi, c’est un bon moyen de transmettre un message -, je serais vraiment moins sur les médias sociaux (rires). Si je repense à l’époque avant l’arrivée des médias sociaux, je ressentais beaucoup plus de liberté, en fait! Maintenant, il y a une certaine pression sociale, que l’on s’impose soi-même. Il est donc bon de se limiter, d’une certaine façon, et de prendre conscience de notre comportement. Lorsque j’ai fait cet exercice, j’ai vérifié pendant une semaine combien de fois par jour j’allais sur mon cellulaire et combien de temps par jour ça me prenait… J’y allais 30 fois par jour, et ça me prenait 3 heures par jour! C’est beaucoup! En plus, chaque fois que l’on est déconcentrés, soit par une notification ou un texto, ça nous sort de ce que l’on est en train de faire et ça prend en moyenne une douzaine de minutes avant de se remettre en marche par après et de retourner à ses obligations. Ça a été prouvé! Comme il y a tout le temps des stimulations extérieures, il est rare que notre attention est vraiment sur la tâche que l’on est en train de faire. On peut d’ailleurs grouper nos tâches. On peut par exemple se dire que l’on va aller sur les réseaux sociaux, mais seulement une fois! Moi, par exemple, je gère beaucoup de communautés en ligne, donc j’y vais une fois par jour. Au début, je me sentais obligée de répondre à tous les messages dès que j’en recevais, mais ce n’est pas sain. Ce n’est pas bon pour notre santé mentale! Ce n’est pas nécessaire non plus. Il faut que l’on apprenne à être patients et à se sortir de cet automatisme-là, qui a été créé par la technologie (qui, d’une part, nous apporte beaucoup, mais d’une autre part, nuit parfois à notre santé mentale).
Dans le livre, tu compares le fait de bien vivre avec l’anxiété au fait de faire du vélo. Est-ce que ça veut dire que tu es maintenant capable de faire le tour de France tellement tu es rendue pro à gérer ton anxiété (rires)?
(Rires) Le tour de France, je ne sais pas… C’est sûr que l’anxiété va toujours faire partie de ma vie et elle vient encore me visiter parfois! Si je peux dire, plus on est habile sur son vélo, plus on est à l’aise sur son vélo, plus on peut reconnaître facilement que l’on vit de l’anxiété, plus on va pouvoir s’en occuper facilement aussi! Quand on est stationnés à côté de son vélo, donc quand on n’est plus en mouvement, c’est là que ça prend plus de temps pour se remettre en mouvement. Souvent, nos muscles se sont atrophiés, c’est rendu plus dur de se remettre en mouvement et de se remettre à pédaler sur son vélo. Donc, c’est d’avoir une certaine patience dans ce cheminement-là et de développer une relation plus douce avec l’anxiété. Ça ne se fait pas nécessairement du jour au lendemain, mais on a les outils à l’intérieur de soi et plus on les cultive, plus on pratique, plus on est à l’affût aussi. Il est bien de faire des check-in avec soi fréquemment, de ne pas attendre que l’anxiété devienne chronique et s’en occuper rapidement.
Qu’aimerais-tu dire, justement, à la toi plus jeune, qui était au sommet de son anxiété?
Qu’elle a tout à l’intérieur d’elle! Que l’anxiété est un bon messager et qu’il est possible de développer une bonne relation amicale avec elle. Puis, je sais qu’à ce moment-là, si on m’avait dit ça, j’aurais sûrement dit: «Ah bin, t’es folle! Ça ne se peut pas!» (rires). Mais, aujourd’hui, après avoir fait ce cheminement-là, je sais que c’est possible. Quand on a des modèles de personnes qui sont passées par là, qui ont développé une belle relation avec l’anxiété et qu’ils ont surmonté ce défi-là, ça inspire les gens et ça les ramène à l’intérieur d’eux, ça les reconnecte avec eux. C’est ça le message! Parce que l’on a beaucoup tendance à être axés à l’extérieur. Les moyens de s’aider face à l’anxiété sont aussi souvent à l’extérieur. Donc, oui, si l’on va voir un médecin, il va souvent nous proposer d’aller consulter ou de faire de la méditation. Les ressources vont à être à l’extérieur, alors que l’un de mes messages principaux, c’est que l’on a des ressources à l’intérieur de soi. Il faut juste faire le choix, en fait, d’aller à l’intérieur et de découvrir ces trésors-là que l’on a à l’intérieur de soi. Mais, c’est sûr que c’est un chemin qui est plus «difficile», qui demande plus de travail, en fait. Ça demande un plus grand engagement envers soi-même, mais ça paie beaucoup plus, parce que ce sont des outils que l’on garde après pour la vie.
Tu as sorti un livre, mais tu as également un programme en ligne, L’anxiété sans complexe! Est-ce que tu peux m’en parler?
Le programme L’anxiété sans complexe, c’est un programme en ligne où j’accompagne des gens pendant huit semaines pour qu’ils développent leurs outils intérieurs pour faire face à l’anxiété. C’est un programme inspiré des mêmes techniques qui sont dans le livre, mais c’est une démarche différente. Donc, les gens qui vont lire le livre vont faire une démarche, mais s’il y a des gens qui veulent aller plus loin ou qui veulent être guidés, le programme est là pour ça. Parce que, souvent, on va se dire les vraies choses (rires)… Il y a des gens qui vont lire le livre, mais qui ne feront jamais les exercices! Ça va avoir un impact, mais ça n’aura pas les mêmes retombées que si tu fais vraiment la démarche pendant huit semaines et tu l’intègres. Avec le programme, pendant deux mois, les gens ont des missions chaque semaine. Ça marche un peu dans le même principe, mais les gens ont les outils pour faire les méditations, des vidéos où j’explique les concepts, puis ils peuvent interagir et me poser des questions. C’est vraiment très interactif comme programme. C’est une façon aussi d’être accompagnés dans ce cheminement. Parfois, lorsque l’on se retrouve tout seul avec un livre, c’est plus difficile de se motiver. Mais, avec un programme, c’est le fun! C’est un très beau programme en ligne pour les personnes qui veulent développer cette relation amicale avec l’anxiété. C’est aussi un peu plus personnalisé. Le contenu est semblable, mais la forme d’apprentissage est vraiment différente. C’est un engagement différent envers soi-même!
Qu’est-ce qui s’en vient pour toi?
Pour l’instant, je suis encore au Brésil! J’observe, je suis vraiment en mode observation (rires)! J’essaie de suivre davantage mon intuition dernièrement. J’ai d’ailleurs officiellement rendu mon stéthoscope, dans le sens où j’ai laissé ma pratique médicale conventionnelle pour vraiment poursuivre ma pratique médicale qui m’appelle le plus, pour outiller les gens et qu’ils développent leurs propres outils. Je pense que c’est vraiment ça, ma mission comme médecin, afin que les gens trouvent les réponses à l’intérieur d’eux et qu’ils trouvent la santé. J’ai annoncé ça la semaine dernière et je suis vraiment excitée! Donc, je vais me concentrer en fait à servir les personnes de mes programmes en ligne. J’ai un autre programme en ligne qui s’appelle la Mindful Mafia, qui est un programme de huit semaines de réduction du stress à l’aide de la pleine conscience. Il est vraiment différent du livre sur l’anxiété. La Mindful Mafia, c’est un programme à travers lequel j’ai accompagné plus de 1000 personnes jusqu’à aujourd’hui. On commence maintenant une nouvelle cohorte; la prochaine va être à l’automne, en octobre! Puis, ce programme-là, c’est un peu mon programme chouchou, durant lequel j’accompagne les gens pour qu’ils intègrent la pleine conscience dans leur vie.
Je comptais aussi offrir des retraites, avant que la pandémie ne se pointe le bout du nez, qui ont finalement été reportées. Je pense que je vais avoir pas mal de symposiums de retraite prévus à partir du mois d’août… On est en train de planifier ça!
On a aussi acheté une église au Québec! C’est vraiment un lieu magique! C’est un espace un peu surréel… On va probablement y tenir des événements également dans les prochains mois. Bref, je me laisse un peu porter par mon intuition! Pour l’instant, je reste à Rio dans un appartement, mais quand ça va se calmer et que ce sera moins la folie dans les aéroports, on va revenir à Montréal!
L’Anxiété sans complexe de Sophie Maffolini, qui paraît aux Éditions Cardinal, est disponible en ligne (29,95$) et en librairie!
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