Moi c’est Liz, bien Elisabeth. Oui avec un «s» parce que mon père croyait que ça me donnerait une touche plus francophone.
Je suis dans la trentaine, je suis célibataire, mais pas une victime de l’amour. J’ai été amoureuse plusieurs fois. Je n’ai juste pas encore trouvé l’homme qui m’inspire à lui faire un enfant. Je dis bien l’homme qui m’inspire, car nous aussi les femmes avons le droit de choisir. Moi, je veux l’aimer pour vrai, comme ma carrière qui est pour moi l’équivalent d’un mari.
MA CARRIÈRE D’ABORD
Je tiens à préciser que j’ai toujours voulu des enfants, mais plus tard. Mes proches m’ont souvent entendu dire: moi je les aurais à 45 ans. Je ne le disais pas toujours d’une façon réfléchie, ne sachant pas que la science me le permettrait un jour.
Je ne voulais pas une job, mais une carrière. Je voulais profiter de mon talent, le développer puis ça, ça prend du temps, des efforts, des sacrifices et un partenaire compréhensif. Un partenaire qui comprend que sa copine a les mêmes ambitions que lui et qu’elle va peut-être même le surpasser à un moment… Pas toujours évident à digérer pour un homme… Il y a encore du travail à faire à ce niveau-là. Apparemment, c’est un comportement intimidant.
Je savais que je voulais arriver à un certain niveau de réussite et de maîtrise professionnelles. Par contre, je n’avais pas complètement évalué toutes les conséquences que ça pouvait avoir sur ma vie personnelle…
MATERNITÉ REPORTÉE
Certaines font les deux. La famille et la carrière. Moi ça n’a pas été possible. Avec le recul, quand j’y pense et que je suis honnête avec moi-même, je n’étais pas encore tout à fait prête. Je résistais. Je trouvais ça difficile de m’assumer parfois. Dû à cette condition biologique, la société nous reflète souvent que, nous les femmes, on doit se brancher à 30 ans, cet âge fatidique où supposément la femme doit se caser sinon elle sera désuète voire pas bonne sous peu. Un peu comme Cendrillon à minuit. Comme s’il y avait une date d’expiration. On doit cesser de penser de cette façon parce que c’est blessant et dégradant.
Par la suite, naturellement, j’ai eu une période de questionnement. Serais-je prête à faire un enfant seule? Est-ce que je pourrais accepter de ne pas avoir d’enfants complètement naturellement?
En toute transparence, je ne sais pas encore si je suis en paix avec l’option d’avoir un enfant seule. Ça me fait encore un peu peur. Aussi, je pense que j’ai du chemin à faire pour digérer que ma vie de famille ne serait peut-être pas comme je me l’étais imaginée. Aller à une banque de sperme au lieu de faire un bébé organiquement avec un partenaire que j’aime, bien c’est un concept à apprivoiser. Par contre, je sais que je dois mettre toutes les chances de mon côté alors vivement la science! J’ai décidé de congeler mes ovules.
J’AI MIS MES OVULES AU FRAIS
En début d’année, j’ai pris mon courage à deux mains. J’ai fait mes recherches et trouvé ma clinique.
À ma première rencontre avec le médecin, je ne comprenais rien. Les termes, le protocole, absolument rien. Je pense même que je réalisais que je ne connaissais pas mon appareil reproductif tant que ça. Il fallait faire des tests pour comprendre ma réserve ovarienne, combien de follicules disponibles, la santé de mes ovules, etc. Des mots que je n’avais jamais vraiment assimilés. En fait, le but est pour les médecins de contrôler un cycle menstruel pour que dans ce même cycle, à l’aide de médicaments et d’injections, le corps puisse produire le plus d’ovules matures possible. L’objectif est que lors de la procédure finale, la ponction, on puisse en retirer encore une fois un bon nombre.
Le début du processus a été difficile. Il y a plein de rendez-vous, de test, etc. C’est difficile parce qu’il y a une charge émotionnelle qui vient avec ce processus. J’ai senti toutes sortes d’émotions. Je me questionnais à chaque rencontre chez le médecin. Avais-je échoué quelque part? Avais-je trop focalisé sur ma carrière? Avais-je laissé les bons gars et m’étais-je accroché aux garçons émotivement indisponibles? Est-ce que je m’étais trompée? Je pense que j’ai vécu une crise existentielle en même temps que je me questionnais sur la démarche dans laquelle j’étais.
Les infirmières ont été mes alliées, mes confidentes. Elles m’ont encouragée quand je me sentais inquiète et seule dans ce processus. Elles ont désamorcé mes états d’âme pour me donner le courage de continuer. Elles m’ont appelée sans cesse parce que j’avais plein de questions, puis souvent que je pleurais.
À la première injection, je ne me suis jamais sentie aussi seule de ma vie. Fallait vraiment que je prenne toute ma volonté et que je me transforme en ma propre cheerleader. Deux à trois piqûres par soir, comprendre comment manipuler tout ça, ouf! En premier tu te rates, ça fait mal, t’as plus envie de continuer, mais tu le fais pareil. Plus ça avance plus on ressent les symptômes. Fatigue hormonale, les sentiments qui montent qui descendent, les seins qui grossissent, la nausée, mal de ventre. Finalement on se rend compte que les symptômes vécus sont les mêmes que le premier trimestre d’une grossesse.
Avec le temps, j’ai appris à gérer mes montées d’hormones qui normalement m’auraient transformée en monstre extrême de sensibilité et de drame. Mais je sentais que mon corps faisait une grande partie du travail alors je faisais le travail émotif pour lui. Puis je me parlais, je méditais, je faisais des exercices de méditations durant le jour aussi pour être assez équilibrée pour vaquer à mes occupations. Après tout, je voulais que ça fonctionne.
De mon côté, le processus a été une grande réussite. Je suis fière de l’avoir fait. Je me sens que j’ai un vrai plan B. Je suis reconnaissante aussi que nous vivions à une époque où la science nous permet de congeler nos ovules. Mon espoir est que ce processus devienne plus démocratisé, voire même assumé par une offre gouvernementale gratuite.
Pour la suite, en toute transparence, je ne sais pas exactement où j’en suis. Je vais continuer d’avancer. Je sais que j’ai enfin pris soin de moi pour moi. Ce qui n’est pas rien dans mon cas. J’ai atteint un but perso. Je me dis aussi qu’il y a plusieurs façons de créer sa famille. Après tout, la famille est celle que nous nous créons, parfois pas traditionnelle, mais c’est la famille quand même.
Puis je crois que dans la vie la magie existe. C’est parfois subtil, parfois lent, parfois désarmant et puis parfois on n’y croit simplement plus. Mais je le sais que l’on ne peut pas tout contrôler. J’ai quand même pris le taureau par les cornes alors pour le reste je laisse le temps à la vie faire son cours. Au moins pour un moment.
Comme une copine à moi dit souvent: avec la grâce de Dieu! J’avance et je reste ouverte d’esprit. Bien, le plus possible!
Pour celles qui désireraient faire congeler leurs ovules, mes conseils sont les suivants:
- Faites vos examens pour savoir l’état de votre réserve ovarienne. Ça vous donnera une idée de combien de temps vous avez pour que le processus a le plus de possibilités de fonctionner. Plus jeune vous êtes, le mieux c’est.
- Éduquez-vous sur le processus pour être le plus informé possible avant d’y adhérer.
- Essayer d’avoir votre copain, un membre de votre famille ou un ami pour vous soutenir durant le processus. Ça aide énormément.
Si vous avez des questions, contactez-moi.