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Comment faire la paix avec son corps?

Avec les beaux jours arrive un défi pénible pour nombre de femmes: se mettre, et surtout se montrer, en maillot. Entretenir une relation harmonieuse avec son corps, ça se peut? Oui, ça se travaille! On en a discuté avec la Dre Charlotte Gamache, autrice du guide pratique Faire (enfin) la paix avec mon corps, psychologue et fondatrice de Meilleurs jours, une plateforme d’accompagnement sur l’image corporelle.

Charlotte Gamache

Pourquoi la saison du bikini est-elle si difficile pour beaucoup de femmes?

Plusieurs éléments entrent en jeu. Déjà, il faut savoir que la saison du bikini est précédée d’une période particulièrement éprouvante sur le plan corporel: la période où l’on «doit» préparer notre silhouette à l’été. On parle d’ailleurs de beach body, n’est-ce pas ?

Ainsi, dès le mois d’avril, les messages nous incitant à perdre du poids, à tonifier notre corps, à bronzer notre peau, à faire disparaître notre cellulite, etc. abondent de partout. On ne débute donc pas la saison du bikini le cœur léger, mais avec une énorme pression pour afficher un corps «à la hauteur» des attentes.

Entre les lignes, on comprend bien le message suivant: es-tu assez belle pour porter les tenues d’été ? Ce message est objectifiant et nous incite à nous objectifier nous-mêmes.

C’est-à-dire qu’il détourne notre attention du plaisir d’être enfin en été ou en vacances. Du confort qu’on tire à porter des vêtements plus légers par temps chaud. De la joie d’être à la plage, à la piscine, entre amis ou en famille… pour plutôt la déplacer sur le regard que les autres porteront sur notre corps.

On se demande alors: «De quoi j’ai l’air ?» ou «Qu’est-ce que les gens vont penser de ma silhouette?» Surveiller sa silhouette, tenter de l’observer comme une personne extérieure le ferait, c’est ce qu’on appelle de l’auto-objectification. Ça nous empêche d’embrasser pleinement le moment présent, de se sentir bien et libre avec son corps.

Après, je pense qu’il est important d’être compatissante à notre égard. Pour la plupart des gens, il est inconfortable de se mettre en maillot de bain en public. On se sent tous plus vulnérables en bikini qu’en suit de ski ! C’est normal. L’important est de profiter des beaux moments que l’été nous offre. Si on préfère se couvrir un peu et que cela nous permet de mieux apprécier les moments que l’on vit, c’est bien correct. Il n’y a pas d’obligation à se découvrir plus qu’on ne le souhaite.

Quelles sont les étapes à franchir pour en arriver à aimer son corps?

Il y en a plusieurs et elles peuvent varier d’une personne à l’autre.

Dans un premier temps, c’est important de comprendre que le malaise que l’on vit avec notre corps a beaucoup plus à voir avec notre tête et notre cœur qu’avec notre apparence physique à proprement parler. Dès lors, on se donne la chance de soigner la véritable blessure plutôt que de s’acharner à changer quelque chose qui n’a jamais été le problème.

On veut ensuite diminuer l’importance accordée à l’apparence physique. Souvent, elle est beaucoup trop grande et cela contribue vivement aux insatisfactions corporelles. Cela ne signifie pas qu’on commence à négliger son apparence physique, pas du tout ! Simplement qu’on reconnaît qu’il ne s’agit que d’une petite partie de soi. Et que les autres parties ont aussi besoin d’être reconnues et nourries. Cette étape permet, entre autres, de soigner l’estime personnelle de la personne.

Puis, on travaille à améliorer la satisfaction qu’on éprouve à l’égard de son apparence physique. Cela peut se faire de plusieurs façons, notamment en apprenant à regarder, évaluer ou soigner son apparence physique autrement.

Finalement, on a besoin d’apprendre à protéger la relation qu’on a avec son corps. Eh oui, parce qu’il y a plein de messages extérieurs qui compliquent l’acceptation corporelle (publicités, réseaux sociaux, paroles de nos proches, etc.). Développer un filtre de protection est essentiel pour faire (et maintenir) la paix avec son corps.

Dans votre pratique, avez-vous remarqué s’il y a un cap, en termes d’âge ou d’état d’esprit, où les femmes commencent à mieux accepter leur corps?

Je pense que toutes les personnes qui frappent à ma porte ou à celle d’autres professionnels qui travaillent l’image corporelle ont déjà franchi un cap important! Si elles envisagent une démarche psychologique dans le but de faire la paix avec leur corps, c’est qu’un formidable déclic s’est déjà opéré en elles. Elles ont compris que la relation qu’elles entretiennent avec leur corps se joue bien plus au niveau de la tête et du cœur qu’au niveau de leur apparence physique. Cette réalisation survient souvent après une longue bataille contre son corps, une succession de démarches infructueuses (diète, soins esthétiques, etc.). Cela en mène plusieurs à une profonde écœurantite et le désir de faire la paix avec leur corps pour de bon.

Par ailleurs, plusieurs études s’intéressent à l’évolution de l’image corporelle au cours d’une vie. On se demande, par exemple, si la relation qu’on a avec notre corps est stable dans le temps ou change. Certaines données suggèrent qu’elle s’améliore effectivement chez une partie de la population autour de l’âge de 50 ans. L’une des hypothèses est qu’à un certain âge, la beauté physique commence à perdre de son importance. Vers 50 ans, on miserait davantage sur la santé et les capacités du corps que son esthétisme. Après, tout le monde ne vit pas ce changement de cap. J’ai vu des femmes de 60, 70 et même 80 ans toujours aussi insatisfaites de leur apparence physique.

Finalement, j’observe un mouvement formidable parmi les jeunes adultes. Cette génération est nettement plus sensibilisée aux enjeux de santé mentale que les précédentes. On en parle plus ouvertement et grâce aux réseaux sociaux, elle a accès à des mines d’information! J’entends des jeunes parler de grossophobie, de diversité corporelle, dénoncer la culture des diètes, etc. Ce contexte permet d’éveiller les consciences. Grâce à cela, je vois des jeunes femmes de 19-20 ans me dire: «Je veux apprendre à m’aimer et aimer mon corps comme il est.» C’est génial !

Comment mieux célébrer son corps, avec ses qualités et ses défauts?

On confond souvent à tort aimer son corps et le trouver beau. Alors que ce sont deux choses complètement différentes. Pour faire la paix avec son corps, on a souvent besoin de se distancier de l’apparence de son corps, pour s’intéresser à ses autres aspects. Rappelons-nous d’ailleurs que la fonction première de notre corps n’est pas d’être beau !

Ça demande parfois d’apprendre à approcher son corps différemment. Il n’est ni un ennemi, ni un obstacle, mais une partie de soi. Il peut être utile d’identifier les moments durant lesquels on se sent mieux avec son corps, par exemple quand je fais du vélo, quand je jardine, quand je fais l’amour, quand je danse en écoutant de la musique, quand je marche dans mon quartier, etc. Provoquons ces moments, tout en savourant le bien-être qu’on éprouve ou le sentiment de faire un avec son corps.

Miser sur les atouts de son corps, au lieu d’être absorbé par ses défauts est aussi fort aidant. On sait très bien qu’on n’apprend jamais à mieux aimer ou accepter les choses ou les gens en se concentrant sur ce que l’on aime pas d’eux. Bien sûr que non! Il en va de même pour son corps. Alors, prenons le temps d’identifier les qualités de notre corps, ce que l’on trouve plus esthétique et veillons à les mettre en valeur. On se concentrera donc plus sur nos jambes qu’on trouve belles plutôt que sur notre ventre qu’on souhaite cacher à tout prix, par exemple.

Finalement, offrir des soins à son corps peut être une façon de se reconnecter avec lui, de passer un moment agréable en sa compagnie et ainsi, cultiver des sentiments plus doux à son égard. Crémer ou exfolier sa peau, mettre du vernis à ongles, s’offrir un massage, etc. Autant on dit que l’appétit vient en mangeant, dans le cas du corps, l’affection vient avec le soin.

On pourrait continuer longtemps encore, car la relation avec son corps est tellement riche qu’une panoplie de possibilités s’offrent à celles qui souhaitent faire la paix avec leur enveloppe.

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