J’avais entendu parler du livre Eat Pray Love et je ne voulais pas le lire.
À l’époque, j’étais chef d’équipe dans une boîte de postproduction en cinéma. J’avais un conjoint assez straight et on avait notre maison en banlieue et un adorable chien. Fiançailles, mariage et bébés dans les projets futurs. Ça ressemblait à la réussite d’une jeune professionnelle.
Pourtant, j’étais ultra-stressée et pas si heureuse. La pratique du yoga faisait déjà partie de ma vie depuis longtemps, et ça aidait à me calmer, mais mon vrai exutoire, c’était les voyages. De 2004 à 2010, j’ai visité une trentaine de pays, et plusieurs d’entre eux à quelques reprises.
Une semaine qui chamboule une vie
On ne cessait de me parler de ce livre de Liz Gilbert, qui de toute évidence aurait dû me plaire. Mais la vérité, c’est que j’avais peur de le lire… Peur qu’une histoire de liberté, de voyage et d’amour m’inspire trop. Il y avait une cellule à l’intérieur de moi qui savait qu’une simple petite poussée suffirait pour que je parte.
C’est finalement lors d’un voyage d’affaires à Los Angeles que j’ai craqué et acheté le livre de Gilbert à l’aéroport. Cette semaine de novembre allait complètement chambouler ma vie.
J’ai non seulement entamé la lecture d’un livre marquant, mais j’ai aussi rencontré une âme sœur sous la forme d’un collègue de travail qui m’a catapultée hors du chemin de vie que j’avais pris, et ce, à grands coups de pieds cosmiques. Dire que ç’a été intense serait peu. L’intervention a ainsi débuté.
Une année pour la redéfinir
Inspiré par le parcours de Gilbert et en pleine redéfinition de ma vie, dans les mois suivants mon voyage, j’ai quitté mon chum, vendu ma maison, et je suis repartie à LA pour y travailler 3 mois. C’est là-bas, pour la première fois, que j’ai vécu un cours de yoga dans une vraie école. C’était encore plus l’amour.
Après de longues journées à bosser en cinéma, j’allais à mon cours de yoga, puis je rentrais dans ma maison californienne, j’ouvrais un atlas et je notais les destinations qui ne pouvaient plus attendre ma présence. Je préparais mon voyage autour du monde.
Le plan était assez simple. Je visiterais tous les pays dont je ne pouvais plus me passer. Je commencerais en Belgique, là où ma mère vit avec son mari. Ensemble, on irait en France, puis plus tard je visiterais une bonne amie dans les Pays-Bas. Ensuite, hop en Afrique du Sud, au Mozambique puis en Tanzanie pour y faire du bénévolat. Quelques semaines à Zanzibar pour relaxer, puis l’Inde, Singapour, Bali et finalement l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
Vu ma passion grandissante pour le yoga, je m’étais donné comme mission de faire du yoga dans chaque pays que je visiterais. Essentiellement, je voyagerais, je ferai du yoga, je rencontrerais du monde fascinant et au travers de tout ça, je me découvrirais afin de revenir à Montréal avec un plan de match solide pour vivre une vie heureuse et épanouie.
Le rêve versus la réalité
Mon corps ravagé par le stress m’a lâché à Bali. Dos bloqué, genoux en miettes et épuisée, j’ai dû me rendre à l’évidence que je ne pouvais plus continuer. Six mois et une douzaine de pays plus tard, je suis revenue à Montréal le corps brisé, sans le sou et sans la moindre idée de quoi faire de ma vie. J’avais fait du yoga de l’Europe à l’Afrique du Sud jusqu’en Inde, mais j’avais pas eu d’illumination.
Je me suis donc installée dans un fabuleux appart avec job super stressante en prime. Je continuais le yoga, j’avais même décidé de devenir professeur, mais je résistais à m’engager pour l’année requise de formation. Et si l’envie de repartir me prenait! J’ai rencontré quelqu’un qui déménageait… au Oman. J’ai flirté avec l’idée d’aller le rejoindre. Et c’est là que j’ai vraiment poussé ma chance.
L’Univers est donc intervenu. Encore.
Mon état de santé a chuté dramatiquement et j’ai vécu une crise d’arthrite aiguë. Je pouvais à peine me déplacer, encore moins voyager! Après mille et un tests pour comprendre pourquoi je devenais carrément immobile, on n’a rien trouvé de concluant. On détecte par contre une tuberculose latente, sans doute contractée pendant mon périple.
Pendant ce temps, une bonne amie m’informe qu’elle va faire une formation de yoga, et ce, pour le plaisir. Moi qui voulais le faire pour changer de carrière… J’ai décidé d’arrêter de niaiser. Je me suis inscrite, immobile ou non, go.
C’est ainsi que malgré l’espoir romantique de régler ma vie en un voyage grandiose, c’est en pleine crise d’arthrite et de guérison d’une tuberculose latente que ma vie a réellement pris un tournant magique. J’ai finalement amorcé le changement qui se tramait depuis cette semaine fatidique passée à LA.
La vérité, c’est que j’ai sorti la vagabonde de mon système afin de mieux pouvoir m’ancrer. Je crois sincèrement que l’Univers a conspiré à m’immobiliser post-voyage afin que je m’aligne finalement sur mon destin de prof de yoga.
Et malgré l’avertissement un ti-peu raide, je le remercie.
Et vous, comment l’Univers est-il intervenu dans votre vie?
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