On parle beaucoup de racisme au Québec et encore plus quand un évènement fait les manchettes. Il y a eu divers débats sur l’absence de diversité culturelle à la télévision, la brutalité policière meurtrière aux États-Unis, ou le combat des immigrants qui se voient refuser un emploi simplement en raison de leur nom.
Mais ce n’est pas tout.
Il y a aussi eu des soulèvements en lien avec la place des femmes encore à faire dans plusieurs milieux, sur la discrimination des personnes en fonction de leurs poids, le parcours ardu des minorités sexuelles, ou encore la croissance d’attaques gratuites envers certaines communautés religieuses. Il ne faut pas non plus oublier la lutte encore importante de la place du français au Québec.
On en déduit que les inégalités sont omniprésentes, malheureusement. Elles peuvent être profondément blessantes pour ceux qui les vivent. Alors que pouvons-nous comprendre de toutes ces polémiques?
Pour prendre du recul et mieux y réfléchir, j’ai revu pour la énième fois de bouleversants documentaires sur la discrimination que vous pouvez voir ici. Voici ce que j’en retiens:
- Les minorités ne jouent pas aux victimes: Être une minorité et vivre négativement cette position laisse des traces. Dans les documentaires cités ci-haut, on voit très bien que lorsqu’une personne subit un traitement injuste pour un élément aussi banal que la couleur des yeux ou la grandeur, tout se chamboule. Certains ressentent une baisse de leur estime personnelle. D’autres se révoltent et deviennent même agressifs pour faire valoir l’injustice. Si cela se produit en quelques heures, imaginez toute une vie. D’ailleurs n’est-il pas surprenant de voir que lorsqu’il y a révolte, certaines majorités pointent les propos ou comportements des minorités plutôt que l’injustice en soi?
Lorsqu’une minorité visible, religieuse, sexuelle ou autre exprime sa déception, sa colère ou son inconfort, il est important de l’écouter. Écouter ne veut pas dire donner raison à tout ou acquiescer à toutes les demandes. Écouter ne veut pas dire non plus être dans le déni de la réalité des autres. Au contraire, invalider les propos ou les expériences aura pour effet d’attaquer ou de blesser davantage. Dans ces cas-là, il n’y a plus de communication. Le «nous» ensemble devient le «vous» les autres.
Écouter permet plutôt de comprendre, d’être empathique et de diminuer les tensions. C’est un cadre beaucoup plus favorable à la prise de conscience et ensuite au changement.
- Il est souvent difficile pour la majorité de comprendre la position des minorités: lorsqu’il y a certains débats face aux inégalités, certains prêtent de mauvaises intentions aux autres.
Donner des étiquettes négatives aux gens n’a jamais été gage d’une communication efficace. D’autant plus que lorsqu’un système sournois est en place pour privilégier certaines majorités, leur perception de certaines réalités peut être biaisée. Ce n’est souvent pas une question de mauvaises intentions, mais bien d’ignorance. C’est la difficulté à comprendre ce que l’autre peut vivre, et surtout à quel point cela peut l’affecter. Est-ce une excuse? Non. Mais cela joue sur les perceptions lorsqu’on parle à l’autre.
Le dialogue s’installe lorsque chacun prend le temps de s’expliquer et d’écouter la différence des perceptions. C’est par la suite que l’ouverture sur ce qui peut être perçu comme étant blessant est possible.
- Toutes les réactions sont possibles, et sont valides: Le tempérament, la personnalité, l’histoire de vie et les expériences positives et négatives influencent chaque personne.
Je le répète, la discrimination lorsque vécue négativement laisse des traces. Il est donc maladroit de dire à un individu que sa réaction est exagérée, surtout si vous ne savez pas ce à quoi cela réfère pour lui. La souffrance est un ressenti subjectif. La majorité n’est donc pas en position d’indiquer aux autres comment ils devraient ressentir les choses.
Le mot de la fin
Comme pour toute chose, certaines personnes seront plus sensibles que d’autres quant aux mots, au ton ou aux actions posées. Certaines minorités réagiront avec sarcasme, humour, colère ou indifférence. C’est cette diversité de réactions que l’on voit sur les médias sociaux, et elles sont toutes valides. Ce que les médias sociaux ne permettent pas cependant c’est justement un dialogue.
Le racisme, le sexisme, l’homophobie, l’islamophobie, ou toute autre forme d’injustice existent. Le point n’est pas là. Je me questionne toutefois à savoir si les échanges entre sourds sur les médias sociaux ne contribuent pas à alimenter les incompréhensions, les attaques et la fermeture d’esprit.
Prenons le temps de nous accueillir mutuellement, et ce dans le respect.
Aimons-nous. Parlons-nous. Entendons-nous. Ce n’est pas utopique, c’est plutôt ça la force de la race humaine.