Vous sentez-vous obligés d’être heureux? Je m’interroge beaucoup ces jours-ci sur la quête du bonheur. Si des millions de gens lisent des livres et assistent à des conférences sur le développement personnel, est-ce que cela fait de nous une société vraiment plus heureuse?
Nous aspirons à être mieux dans notre peau et notre âme, mais dès que nos yeux s’arrêtent sur des images publiées dans les réseaux sociaux, il est bien difficile de se sentir à la hauteur. Sur Facebook et Instagram, on affiche des vies parfaites alors que parfois, dans l’intimité, tout s’écroule. Alors on cherche. Mais où?
Les bouquins de spiritualité nous lancent aussi un message bien clair: nous sommes les seuls responsables de notre bonheur. Quelle pression! Les auteurs de livres de croissance personnelle évoquent souvent que la peur, la colère et la tristesse ne devraient pas faire partie de notre palette de sentiments, que tout est une question de perception et proposent de les effacer à coups d’heures sur le tapis de #yoga avec #méditation et de #relaxation.
Et si les hommes sont responsables de leur bonheur, sont-ils également responsables de leur malheur? Quand les humains ne sont pas en santé, il est socialement accepté aujourd’hui de suggérer que leurs expériences et pensées négatives sont la source de leur dérèglement physique. Avec ce discours, on culpabilise, on se dit que l’on aurait pu (en vivant toute notre vie sur un nuage peut-être?) éviter la maladie. Cela est sûrement un moyen pour l’homme de trouver un sens à une existence futile. On nait, on meurt. On n’a pas de pouvoir sur grand-chose finalement…
En ne validant pas les expériences négatives, nous oublions que d’être malheureux fait AUSSI partie de l’expérience humaine! Je lis en ce moment un livre extraordinaire, America the Anxious (aussi disponible en livre audio) de Ruth Whippman qui explique combien les Américains ont tout faux en fait de quête du bonheur et qu’en misant sur une quête intérieure individuelle, ils manquent l’expérience humaine de communion et de communication avec les autres, celle qui rend VRAIMENT heureux. J’aurai le plaisir de vous faire un plus long compte rendu bientôt, mais si vous avez le temps et que vous lisez l’anglais, ce livre est un must.
En attendant, je vous suggère fortement de voir le documentaire La dictature du bonheur de la journaliste Marie-Claude Élie-Morin qui sera diffusé à Télé-Québec ce soir à 21h. La question est simple: en 2016, le bonheur est-il devenu une industrie? Et peut-être même une dictature? Marie-Claude cherche à comprendre cette quête obsessive du bonheur qui occupe notre époque avec un regard à la fois journalistique et humain. Durant son parcours, elle tente aussi de faire une boucle sur le deuil de son père qui a préféré la méditation à la médicamentation pour lutter contre son cancer. Marie-Claude s’entretiendra aussi avec l’auteur Guy Corneau au sujet du lien entre le cancer et les émotions.
«Comme plusieurs, j’ai longtemps pensé que le bonheur était un choix et qu’il suffisait d’avoir une attitude positive pour attirer le bonheur et éloigner les problèmes. C’est une idée que mon père m’avait transmise. Il en était profondément convaincu. Les derniers moments de sa vie m’ont fait vivre une grande remise en question de cette idée que le bonheur est un choix…» — Marie-Claude Élie-Morin
Dans La dictature du bonheur, elle rencontre aussi David Bernard, l’un des conférenciers les plus demandés au Québec (et ancien porteur de la valise #26). Il avoue qu’il n’a pas toujours mis en application ce qu’il a pourtant enseigné quelque 700 fois depuis 10 ans. Faut-il d’ailleurs encore se rappeler sa rupture deux mois après avoir publié son livre Prêt pour l’amour — Attirer le partenaire de ses rêves?
La blogueuse et instagrammeuse très suivie Marie-Philippe Jean admet passer beaucoup trop de temps à peaufiner son image sur les médias sociaux. L’éditeur d’Infopresse et chroniqueur en publicité Arnaud Granata porte son regard sur l’idée que nous sommes tous des marques.
Un documentaire à voir et dont il fera bon discuter devant un bon café, avec de vrais ami(e)s et pas sur Facebook!
La dictature du bonheur, ce soir 21 h à Télé-Québec.