Lors d’une récente entrevue pour le nouveau podcast de l’animatrice Isabelle Maréchal, j’ai été invitée à réfléchir à ma vision de mon avenir. Lorsqu’elle m’a demandé où je me voyais dans quelques années, ma réponse est venue naturellement: j’aimerais être entourée d’art. Peintures, dessins, sculptures… Je rêve de vivre dans un environnement où la créativité et l’expression artistique seraient omniprésentes. Évidemment, mon métier est déjà plein de création, mais je parle ici d’art visuel, que j’aimerais faire plus souvent, juste pour le plaisir.
Le soir même, à ma grande surprise, cette vision commençait déjà à se concrétiser. Lors d’une visite chez mon amie la photographe Heidi Hollinger, j’ai eu la chance de rencontrer le peintre cubain Fabián Lòpez. Il travaillait sur une magnifique murale dans la cour de Heidi, représentant un centaure masqué géant, entouré de ce qui ressemblait à des rayons de soleil turquoise. Le tout était capté sur pellicule par l’artiste Rondo Banks. Fascinée par son travail, je ne pouvais détacher mes yeux de sa création. J’étudiais sa technique, aussi intriguée qu’une stagiaire d’un jour, en pleine observation. Wooop!!! D’un coup de rouleau, il coupe le sabot droit arrière! Mais il ne peut pas faire ça, il s’était si bien appliqué! Ah oui, je comprends. C’est pour la perspective. Je parlais toute seule en regardant le peintre concentré à faire la finition de la patte de son centaure musclé.
L’artiste-peintre Fabián Lòpez présente pour la première fois ses œuvres au Canada, après avoir exposé à Paris et à Stockholm. Celui qui a débuté comme graffiteur dans les rues de La Havane s’est fait un nom avec ses personnages plus grands que nature, que l’on retrouve à plusieurs endroits stratégiques dans la ville. Galeristes, restaurateurs, tout le monde veut une fresque de Lòpez sur son mur. Non seulement elles sont grandioses, mais elles véhiculent un message important: ses personnages portent tous un masque, symbolisant la peur de s’exprimer dans un pays socialiste où la dénonciation est chose du quotidien. On retrouve aussi sur chacune d’entre elles le tag line «2+2=5?» avec un point d’interrogation bien marqué, qui signifie que les choses ne s’additionnent pas toujours bien sur le plan de la communication à Cuba, alors que chaque discussion est un risque potentiel de répression.
Contre toute attente, sous les yeux étonnés des humains et des animaux présents, Fabián m’a invitée à participer à la création de son œuvre. You want to try?, m’a t-il lancé avec son large sourire et son accent espagnol soutenu, en me tendant le rouleau avec lequel il travaillait. J’étais incrédule, mais certainement tentée par son offre. J’étais surtout très nerveuse à l’idée de gâcher cette belle murale en «dépassant» sur son centaure aux lignes si nettes! Rapidement par contre, je me suis laissée emporter par la magie de la création artistique, un peu trop même. Je suis Fridaaaaa! Ben non, t’es pas Frida, Mits. Mais ça feele tout comme. C’est libérateur. Je dirais «empouvoirisant», et ce, même quand il ne faut pas dépasser les lignes…
Comment te sens tu maintenant, Mitsou? m’a demandé Rondo Banks, qui photographiait l’évolution de l’œuvre. Entre la femme fatiguée de sa semaine faisant un saut chez son amie à Saint-Henri juste pour déposer un truc et la fille comme en transe de pouvoir appliquer de la peinture turquoise sur le ciment de sa cour, il y avait des kilomètres! En quelques minutes, j’avais complètement oublié les soucis du boulot, et je me sentais totalement régénérée.
Cette soirée m’a fait réaliser encore une fois combien l’art peut avoir un impact positif sur notre bien-être. Et même si j’en ai déjà fait un métier avec la chanson, je me rends compte que je néglige le fait de créer au quotidien. J’aimerais laisser libre cours à mon imagination plus souvent, pour m’évader, pas pour produire ou performer.
Faire un dessin par jour, comme un enfant à la garderie, qu’est-ce que cela changerait dans ma vie?
Beau hasard, mes filles m’ont préparé quelque temps après une surprise pour la fête des Mères: un après-midi de peinture, toutes les trois à la maison. La situation s’est reproduite et nous avons toutes ressenti le même sentiment d’évasion. C’est drôle, maman, pendant notre activité, je n’avais plus de soucis. Je ne pensais plus qu’à mon petit tableau… Faire de l’art, c’est peut-être réussir à ne rien faire de plus. C’est rienussir. Et rienussir, ça fait drôlement du bien!
Si mon idée vous branche aussi, je vous invite à regarder l’offre de cours d’art dans votre quartier ou votre région. Pour réussir à rienussir!
Psst! En passant, mon prochain rêve, je vais le vivre sur la scène lors de la fête nationale! Quand l’équipe m’a demandé avec qui j’aimerais chanter, j’ai répondu «Les Louanges»!!!!! Vous ne pouvez pas savoir à quel point j’adore Vincent Roberge, et j’avoue que depuis que j’ai répété avec lui, je sais que mon instinct ne m’a pas menti! À dans quelques jours, le 23 juin, soit sur les plaines, soit à Télé-Québec!