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Manger un Chopra à la fois

Qui a passé un week-end avec Deepak Chopra? Moi!!!!! OK, j’arrête le gonflage d’égo et je reviens au niveau du tapis… de yoga. Chopra était à Tremblant (oui, oui! dans les Laurentides) récemment et je fus l’une des 300 personnes qui l’attendaient à l’hôtel Fairmount, réservé exclusivement pour l’occasion. Nous avons vécu une retraite fermée, qui était bien agréable, même si elle se passait dans une salle de réception (très) climatisée, contrastant avec le soleil et la superbe température de cette fin de semaine de juillet.

Qu’est-ce que j’y ai appris, à cette retraite spirituelle? Bien plus de choses qu’un texte ne pourrait jamais contenir, mais j’ai une certitude, ces notions se développeront en moi (et en ces pages) pendant longtemps. Et pour cause, il y avait beaucoup à retenir!

Si l’on dit qu’un éléphant doit se manger une bouchée à la fois, une retraite doit se digérer un Chopra à la fois. Ou plutôt, un représentant de Chopra à la fois. Car Deepak n’est pas débarqué seul à Tremblant ; il était flanqué de toute une équipe qui s’est relayée sur scène afin d’en donner le plus possible à son auditoire.

Les femmes ont besoin d’aide?

Une chose est certaine, j’ai fait quelques réalisations parallèlement aux enseignements offerts lors de ce week-end. Premièrement, que ce type de retraite est assurément créé pour un public féminin. Nous étions à 95 % des « retraitées » féminines, venant d’un peu partout en Amérique du Nord, à déambuler avec nos badges, nos tapis de yoga et nos cotons ouatés (pour la clim!).

Je me suis demandé si le fait que les mères de famille à qui incombe une charge mentale XXL et sur qui on projette la responsabilité du bien-être de toute la maisonnée fait de nous des clientes idéales pour ce type retraites spirituelles? Ou est-ce plutôt que les gars en ont moins à faire de ces questions existentielles? Comme par hasard, c’est un homme qui, malgré lui, m’a soufflé la réponse.

Un mousquetaire et sa perspective

L’allocution du samedi matin était donnée par un spécialiste invité à qui j’ai donné le surnom de mousquetaire : Mousquetaire. C’est pas ma faute, il s’est avancé vers la scène portant des jeans blancs serrés, une chemise blanche aussi, une veste grise ajustée et des bottes de cuir pâles. Il ne manquait que le jabot, le chapeau à plumes et l’épée et on y était.

Mousquetaire présentait la conférence ayant pour thème le changement de perspective. Il allait nous aider à identifier nos pensées limitantes et à les remettre en question. Il allait permettre de court-circuiter notre programmation interne, celle qui fait que nous nous répétons la même chose jour après jour, afin d’abandonner les patterns qui ne nous servent plus.

Pour illustrer son propos, Mousquetaire nous donne un exemple de sa propre vie. Il nous dit qu’il est amoureux d’une femme, qu’il a rencontrée, d’ailleurs, lors d’une de ces retraites. (Déjà là, c’est pas toujours déontologique de s’acoquiner avec son public, mais ça arrive.) Ensemble, ils forment un couple heureux. Ils voyagent, ils ont du plaisir et ont plus d’amis qu’ils peuvent en voir. Mousquetaire adore sa femme, sauf que… quand vient le week-end et qu’il a envie de se reposer, l’amoureuse, la malheureuse, sort sa liste de choses à faire. Elle nettoie, s’active, puis s’énerve, lui demandant de s’occuper de la piscine. C’est à ce moment que Mousquetaire nous lance, comme un coup d’épée direct au cœur, qu’avec les demandes plus qu’énervantes de sa femme, il avait deux choix de perspective : soit l’imaginer comme une vieille grébiche ou comme la jolie femme qu’il a épousée.

Je suis abasourdie. Dois-je comprendre qu’il ne suffit plus d’être belle, mais qu’il faut aussi se taire sur les tâches ménagères pour le rester? Je rage. Comme bien des femmes ici, j’ai payé cher cette retraite pour faire taire le chaos dans ma propre vie. Mais je n’ai pas payé pour que Mousquetaire me serve un plat réchauffé. Cette idée de la mère-grébiche, dont il est tout à fait acceptable d’ignorer les demandes, crée une blessure qui, induite à répétition, a un coût. Pour tout l’entourage.

Je me lève pour parler. Puis je me rassois. Deux fois. Trois fois. J’vas y sauter dans la face, au Mousquetaire! Je me ravise et je vais digérer seule dans ma chambre le bout de Chopra que j’ai de travers dans la gorge, plutôt que de me joindre au groupe pour le souper ayurvédique.

Le lendemain, remise de mes émotions, je me dis que je n’ai rien à perdre, et qu’il faudra pogner Mousquetaire dans un coin pour lui faire savoir ma façon de penser. Alors, après son discours du jour, j’ai levé la main pendant la période de questions.

– Bonjour (prénom de Mousquetaire). Aujourd’hui, j’aimerais te proposer de faire un jeu de rôle.

Mousquetaire me regarde, intrigué.

– Je vais devenir pour quelques minutes, ton épouse.

Mousquetaire gigote sur sa chaise.

– Hier, tes propos m’ont choquée. Quand tu expliquais que devant ta femme qui te demandait de l’aide avec la piscine, tu avais le choix de la percevoir comme une grébiche ou la femme que tu aimes, n’as-tu jamais pensé que tu pouvais aussi changer de perspective en te mettant à sa place? Ou en te levant de ton derrière pour l’aider? Ne sais-tu pas qu’avec de la compassion et surtout, du respect dans tes actions, tu retrouverais probablement la douceur que tu cherches dans le visage de cette femme que tu dis aimer? Mousquetaire, tu dois savoir que ce manque de considération blesse, même sans ton épée. Et je doute que par le nombre de femmes qui sont ici, je ne sois pas la seule à avoir ressenti la douleur de l’injustice.

T’en fais pas, Mousquetaire. J’ai aussi fait les devoirs que tu nous as demandé de faire. Moi aussi j’ai changé de perspective. J’ai réalisé que ma frustration venait peut-être du fait que je jalousais cet état de nonchalance. J’aimerais aussi pouvoir ressentir le bien-être, même après avoir laissé les restes de pâté chinois, le ketchup, la bouffe de chien, les queues de fraise et des chaudrons sales bien collés dans l’évier.

Mousquetaire était un peu surpris et n’a pu que me répondre : «Tu as bien fait tes devoirs.»

– Merci Mousquetaire pour l’illumination.

On dit que pour aller vite, on peut tout faire soi-même, mais que pour aller loin, il faut demander de l’aide. Et si cette aide ne vient pas, on a le choix nous aussi de changer de perspective ou de paysage. Après la présentation, dans le corridor, j’ai reçu des accolades, des mots tendres, qui ont confirmé que je n’étais pas la seule personne à vivre ce sentiment.

Malgré tout l’amour que je ressens pour mes proches, j’ai aussi besoin en ce moment de changer d’identité et probablement à mes yeux d’abord. Ça ne se fait pas comme changer l’eau d’une piscine, mais cela viendra, avec ou sans aide de Chopra, de Mousquetaire ou des autres.

Mais à vous, qui quelque part me lisez, avec une épée au cœur ou une plume dans les dents, je vous demande comment conclure avec la morale de cette histoire. Est-ce que:

  1. Mousquetaire savait très bien où il s’en allait et il a raconté cette situation dans l’optique de faire réagir celles qui avaient besoin d’un propulseur pour évoluer?
  2. Peu importe l’endroit où tu es, tu ne peux te sauver de ce que tu dois réellement affronter?

À vous de m’éclairer, ou même de m’illuminer!

 

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