Dans les années 80, la mode était une industrie florissante au Québec. Nous avions beaucoup de designers, une belle vitrine à l’international et la production se faisait localement.
Aujourd’hui, on entend dire que le domaine de la guenille comme on l’appelle ici, c’est terminé. J’ai rencontré Debbie Zakaib, directrice générale de la Grappe métropolitaine de la mode mmode, qui m’a affirmé que l’industrie était loin d’être fanée et qu’elle travaillait maintenant très fort avec son équipe à la faire éclore davantage. Debbie m’a confié que mmode avait été un cadeau pour elle. Elle a accepté d’en être la première employée juste avant que son mari Alexandre Taillefer et elle perdent leur fils Thomas le 6 décembre 2015. Elle aurait bien pu laisser tomber cet engagement prenant, mais a choisi de se nourrir de l’énergie de ce milieu florissant. Debbie est une grande femme, certes, mais surtout une femme au grand coeur. Écoutez notre entrevue réalisée chez Dazmo ou téléchargez le balado sur iTunes ou Google Play.
UNE INDUSTRIE DIFFÉRENTE, MAIS BIEN VIVANTE
Il est vrai qu’au cours des dernières décennies l’industrie québécoise de la mode a bien changé. On a vu une délocalisation de la production vers l’Asie. Des entreprises d’ici, comme La Senza ont été vendues à des étrangers (Victoria Secret dans ce cas). D’autres, comme Jacob, ont dû fermer. Des marques étrangères comme Mexx et BCBG ont cessé leurs activités en sol canadien. Des designers de talent comme mon ami Andy Thê-Ahn ont arrêté de développer leur marque et se sont associés à une bannière. Il est vrai que l’industrie de la mode a eu la vie dure avec le virage technologique. La concurrence aujourd’hui n’est plus locale, mais planétaire. Évidemment, passer en mode techno et au commerce électronique, c’est un investissement de taille et un projet d’envergure. Ceux qui n’y sont pas arrivés n’ont malheureusement pas survécu. Ça, c’est le côté sombre de l’histoire.
Le beau côté de l’histoire, c’est que les entreprises qui ont réussi à prendre le virage techno, à innover et à se distinguer sont toujours là et bien fortes. Je pense entre autres aux leaders internationaux Aldo, Gildan, Peerless et Logistik. Il y a aussi Dynamite et La Vie en Rose qui ont des boutiques à l’étranger.
Nos grands succès rayonnent à l’international, même si on les connaît peu ici. Par exemple, vous n’avez probablement jamais entendu parler de Peerless qui est une entreprise montréalaise d’habits pour hommes. Eh bien cette entreprise, à partir de Montréal, gère le commerce électronique et l’inventaire d’habits masculins de nombreux magasins à rayons aux États-Unis.
VOUS RÊVEZ D’UNE CARRIÈRE EN MODE? LANCEZ-VOUS!
Avant ma discussion avec Debbie, lorsque quelqu’un me disait qu’il voulait étudier en mode, j’avoue que je me disais en moi-même qu’il ou elle n’avait pas choisi un chemin facile. Debbie m’a assuré qu’au contraire, l’industrie manque cruellement de personnel à un point tel où une foire de l’emploi de l’industrie de la mode, RH Mode, a lieu aujourd’hui au Palais des congrès de Montréal. Vous vous demandez quelles sont les possibilités de carrière dans ce domaine? Sachez tout d’abord qu’il y a un regain de la production à Montréal. Croyez-le ou non, nous sommes la 3e ville en Amérique du Nord pour la production. Il y a bien sûr les créateurs, dessinateurs et patronistes qui s’occupent de la création. Mais il y a tout l’aspect commercial aussi qui offre aussi une panoplie de carrières stimulantes: acheteur, répartiteur, marketing, relations publiques, gestionnaire de communauté sur les réseaux sociaux. Et avec l’avènement du commerce électronique, il y a les secteurs de l’informatique et de la logistique qui ont gagné en importance et ouvert des possibilités. Debbie me disait qu’il existe un incroyable microsystème d’enseignement et de recherche au niveau de la mode dans la métropole et qu’il ne faut pas hésiter si une carrière dans le domaine nous branche. Pas étonnant quand on y pense puisque Montréal a été élue meilleure ville d’enseignement au monde.
LA GRAPPE MÉTROPOLITAINE DE LA MODE MMODE
C’est la Grappe métropolitaine de la mode mmode qui est derrière l’expo carrière RH Mode. Cette grappe est une initiative du gouvernement pour stimuler la croissance de l’industrie de la mode qu’il considère comme faisant partie de notre patrimoine et qui génère aussi beaucoup de revenus et d’emplois. Elle vise aussi à ce que nous soyons plus compétitifs à l’international. Debbie est le pilier de cette grappe dont elle est la directrice générale depuis un an et demi. Pour elle, le bonheur passe aujourd’hui entre autres par des projets qui l’allument. Debbie est fière de faire avancer les choses pour une industrie qui fait partie de l’ADN du Québec et de mon côté, je suis bien heureuse de voir le secteur de la mode prendre un nouveau souffle.