«Qui aimerait enseigner son premier cours de yoga pour des élèves en rattrapage?»
Ma main s’est littéralement catapultée dans les airs. Je pense même avoir crié: «Moi! Moi! Moi!» Je venais à peine de commencer ma formation de prof, mais je savais dans mes tripes que c’était ma carrière de rêve et j’avais hâte de me lancer.
Par un bel après-midi chaud de juin
Après ma job au centre-ville, je me suis dirigée vers le studio de yoga où j’allais enseigner. Franchement, je me sentais en confiance. J’avais testé ma séquence et j’étais prête à l’enseigner! Pour m’encourager, ma belle amie Valérie était à mes côtés et on jasait super chill pendant que j’accueillais les quelques élèves qui se joignaient à la pratique.
On s’installe et l’une des élèves s’assoit sur un véritable trône yoguique: coussins, couvertures, blocs. C’était royal! On commence, j’invite au recueillement. Je chante 3 OM suivis de la prière d’introduction. Mon amie est émue, une petite larme coule! Wow! C’est charmant, magique.
Je propose aux étudiantes de changer leurs croisements de jambes afin de travailler différemment l’ouverture de leur hanches et pour témoigner sa contrariété à mon instruction, la yogi sur le trône roule les yeux en lançant un soupir exaspéré.
La débandade s’en suit
Cette réaction spontanée m’a complètement détruite. Prise par surprise et complètement ébranlée, la confiance que j’avais s’est évaporée. Goodbye, love!
Je continue le cours, mais le flow est parti. Je cherche mes mots, je donne des instructions ternes et mécaniques. Je succombe au sentiment d’être une impostrice, je ressens un malaise profond. J’ai juste hâte que ça finisse. On y est presque, une chandelle puis relaxation.
Et c’est là, les pattes en l’air que j’ai ressenti le ronronnement fulgurant de ce qu’on peut appeler un pet vaginal. Quand une telle version des possibilités de flatulence humaine se présente, ben, il faut que ça sorte! C’est pas comme un pet ordinaire où tu peux serrer les fesses et ravaler l’air. Nope.
C’est donc en pleine conscience de la symphonie à venir que j’ai rabaissé mes jambes au son d’un glorieux «pwwwwwwwttttttttttttt-ppppt-pppppt-ppppppt!».
Et juste pour m’assurer qu’il n’y avait aucun doute sur l’auteur, je me suis excusée.
La honte! J’ai sérieusement pensé me lever avec le ti-peu d’élégance qui me restait pour aller m’embarrer dans la salle de bain et essentiellement mourir. Les gens finiraient bien par partir quand ils verraient que je n’émerge pas!
Mais non, je suis restée là, bourgogne et baignée dans la sueur pour terminer ce que j’avais commencé. Misère.
Pourquoi je raconte ça?
Premièrement, parce que c’est drôle. Come on! Deuxièmement, parce que ça m’arrive très souvent de poser cette question à mes clients: «C’est quoi le pire qui pourrait arriver… si tu essaies tel ou tel truc?» Et parfois, afin de les rassurer dans leurs ambitions, je raconte cette anecdote.
C’est certain qu’essayer des choses nouvelles, ça peut te péter en pleine face. On est tous d’accord. On vient de lire mon histoire. Est-ce qu’on doit s’empêcher d’oser pour autant? Définitivement pas.
Faque t’sais, dans le domaine de «C’est quoi la pire chose qui pourrait arriver…?», c’est sûr que la réponse au top, c’est un pet! Vaginal ou autre. Mais la vérité, c’est que même s’il s’avère que l’essai est, disons-le, peu concluant, on survit! Et même si dans cet instant, je me suis juré de ne plus jamais enseigner de yoga, je l’ai quand même fait. J’avais la volonté de réussir.
Pis anyway, je me suis dit que je ne reverrais jamais ce monde-là!
À part ma bonne amie, elle oui, qui m’aime pet vaginal pis toute.
Qu’est-ce que vous aimeriez faire, mais avez peur d’échouer?
Allez, c’est quoi le pire qui peut arriver?