L’arrêt étant en face de la maison, les enfants regardent passer l’autobus scolaire depuis qu’ils sont bébés. Ma grande lui a donné successivement les surnoms de babus, d’autobus jaune, d’autobus-dans-lequel-je-vais-embarquer-mais-pas-toi-parce-que-t’es-trop-petit. Puis en août dernier, il est devenu MON autobus.
Autant ce premier voyage dans le véhicule jaune a été espéré, autant il a suscité des inquiétudes de part et d’autre. Elle avait peur de l’inconnu et des « grands » de 5e et 6e et moi, maman poule un peu control freak, je m’inquiétais pour son adaptation et évidemment, sa sécurité. Après tout, je laissais mon enfant entre les mains d’un pur inconnu.
Le grand jour, c’est nos mains tremblantes et soudées l’une à l’autre que nous avons traversé la rue ensemble. L’autobus est arrivé et la porte s’est ouverte sur un visage souriant qui saluait avec entrain les habitués. Puis il s’est tourné vers ma fille, l’a appelée par son prénom et l’a invitée à monter à bord. Il ne l’a pas pressée, lui a dit qu’il la voyait l’an dernier marcher dans la rue et qu’aujourd’hui c’était son tour d’aller à l’école en autobus. J’y pense… il est vrai qu’il lui retournait toujours son salut de la main… Elle est montée, rassurée et s’est assise fièrement dans le banc présenté par monsieur Simon.
En quelques minutes, monsieur Simon était entré dans sa vie. Un nouvel adulte dans son réseau qui l’aiderait à faire de nouveaux apprentissages : les règles de sécurité, le respect et aussi l’autonomie. Monsieur Simon ne peut quand même pas penser au sac et à la boîte à lunch de tous les amis! Même s’il a glissé quelques fois à maman le lendemain matin, une veste ou un parapluie laissé la veille. On oublie bien souvent que les chauffeurs d’autobus font partie intégrante de l’expérience scolaire. La preuve? Ma fille m’informe des absences de son chauffeur comme de celles de son enseignante. Pas étonnant quand on y pense parce qu’après le visage fripé de maman, celui de monsieur Simon est le premier qu’elle voit le matin et celui qui boucle sa journée d’école. Il ne fait pas que conduire son autobus, il assure sa sécurité même les jours de tempête, fait de la discipline avec les « tannants » comme elle dit et les gâte avec de la musique lorsqu’ils sont gentils.
Tiens, il me rappelle un certain Jean-Claude qui acceptait de mettre nos cassettes de Nirvana et des Smashing Pumpkins dans le radio de l’autobus lorsque j’étais au secondaire…
L’année scolaire se termine et j’ai envie de dire merci à tous les Simon et les Jean-Claude qui sillonnent nos quartiers d’août à juin pour conduire nos enfants à l’école. Merci d’assurer leur sécurité, merci de les endurer les jours gris, merci de faire partie de leur vie.
Et bon été!