Le thermostat a perdu quelques degrés dans les derniers jours? Pas grave! C’est le moment parfait pour se blottir sous les couvertures, café au lait bien chaud en renfort, en compagnie d’un roman captivant.
Parmi les nouveaux titres qui viennent tout juste d’arriver dans les bacs, vous voudrez assurément mettre la main sur le deuxième roman de l’autrice et éditrice Marie-Anne Legault. Après Le Museum, qui lui a valu des éloges de la critique, Marie-Anne nous présente aujourd’hui La traque du Phénix, un suspense envoûtant à l’écriture somptueuse, qui nous fait voyager dans le temps et aux quatre coins du globe, mettant en scène un itinérant mystérieux surnommé «Le Phénix» doté de dons prodigieux.
Marie-Anne, d’où t’est venue l’inspiration pour La traque du Phénix?
L’idée m’est venue il y a 6 ou 7 ans, quand les pianos publics commençaient à se multiplier dans les rues et les parcs de Montréal. J’ai toujours été fascinée par l’art de rue, charmée par tous ces artistes anonymes. Je me suis dit que cette forme d’art pourrait nous faire découvrir un jour et par hasard un prodige inouï, qui pourrait aussi être sans-abri ou sans-papiers. Ce sont les prémices de mon roman: un vagabond aux origines obscures, incapable de dire son nom ni d’où il vient, mais dont les multiples virtuosités dépassent l’entendement.
À travers ton nouveau livre, tu nous fais voyager dans le temps et aux quatre coins du monde; c’est parfait pour ceux qui ont besoin de vivre de nouvelles aventures et qui ne peuvent pas prendre le large à cause de la pandémie!
En effet! Je suis une passionnée des voyages, c’est vrai. Autant ceux qui me portent aux quatre coins du monde que ceux qui me font explorer mon coin de pays, ma propre ville, à bicyclette. Et puis, on oublie souvent qu’un simple livre peut nous faire voyager, parfois mieux qu’un avion ou une voiture; le livre peut nous expédier instantanément dans un autre espace-temps. Même confiné, on peut s’évader!
Deux amies, l’une travailleuse sociale et l’autre neuropsychologue, tentent de percer le mystère d’un itinérant psychotique qui possède du génie en tout (la musique, le dessin, la cuisine, les langues). Qui est réellement ce personnage qu’on surnomme «Le Phénix» qui, sous ton habile plume, captive et laisse planer le mystère?
C’est l’intrigue principale du roman: d’où vient cet oiseau rare et pourquoi est-il si torturé? Sans rien divulgâcher, disons que le Phénix souffre d’un grave choc post-traumatique; on le dirait tout droit sorti d’une tranchée de la Première Guerre mondiale. C’est peut-être ce qui le pousse à chercher un peu de lumière dans l’art, sous toutes ses formes. «Je viens de partout, je viens de nulle part», c’est ainsi que le Phénix se décrit, «je suis Babylonien». Bien sûr, ce sont les paroles d’un esprit confus, qu’il ne faut pas prendre au sens propre. Le Phénix a une identité et des origines que je ne dévoilerai pas ici; il faut lire le livre pour le découvrir!
Ton premier roman, Le Museum, a été finaliste au Grand Prix littéraire Archambault. Que souhaites-tu aux lectrices qui vont lire La traque du Phénix?
On vit une période difficile où le monde est non seulement confiné, mais cloisonné. On se méfie les uns des autres… C’est d’une tristesse! J’espère que mon deuxième roman (comme mon premier roman) sera, pour mes actuels et futurs lecteurs et lectrices, une bouffée d’air frais, une ouverture sur le monde et sur l’Autre.
Qu’est-ce qui s’en vient pour toi dans les prochains mois?
Je cherche des idées pour mon prochain roman, je suis donc en mode exploration! J’ai mes thèmes de prédilection qui reviennent d’un roman à l’autre et autour desquels j’aime broder: le voyage, la quête, la rencontre avec l’étranger. J’aimerais la prochaine fois m’adresser aux enfants, qui se font constamment dire: «Ne parle pas aux inconnus!». Moi, j’ai envie de changer le paradigme et dire: «Au contraire, va vers l’étranger, et parle-lui.»
Extrait de la traque du phénix
«Elle répète qu’on peut difficilement communiquer avec lui. Le bonhomme reste constamment sur le qui- vive, pris par moments de démangeaisons, de tics, il se gratte furieusement l’épiderme ou chasse des mouches invisibles en battant l’air de ses bras. Lorsqu’on le questionne, il n’est pas fichu de dire son nom ni d’où il vient, ne fait que ressasser les mêmes vers ou quelque discours irrationnel, par exemple sur les horreurs qu’il aurait endurées pendant la Deuxième Guerre, et même pendant la Première Guerre, dans les tranchées de Gallipoli. L’affaire, souligne Sarah, c’est qu’un bon siècle nous sépare de cette guerre. — C’est bon, je sais compter. Sarah continue sans broncher. Elle liste les multiples délires de l’halluciné, lequel évoque Pérouse, Gallipoli, Londres ou Babylone, sans distinction. Il peut monologuer sur la chasse à la girafe dans le désert du Kalahari, puis déraper soudain et parler des Vietcongs, insistant sur l’infinie tristesse des pluies de mousson après la chute de Saigon. Il semble réellement traumatisé par ce qu’il dit avoir vécu, on croirait une bête traquée. L’homme sursaute chaque fois qu’une porte claque, ou au moindre martèlement de bottes, il en tremble de la tête aux pieds. À l’entendre, il a souffert sur plusieurs fronts, toutes époques confondues. — OK, ton gars divague. Mais pour le moment, pas de quoi fouetter un chat. L’autre sourit, l’œil espiègle. — Vrai. Jusqu’à la semaine dernière.»
La traque du Phénix de Marie-Anne Legault, qui paraît chez Québec Amérique, est disponible dès le 1er septembre en ligne (24,95$) et en librairie. Pour vous procurer son premier roman Le Museum, c’est par ici!
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